Animosité
À Saint-Pétersbourg comme à Moscou, l’animosité entre Marocains et Saoudiens a éclaté au grand jour. Dans les fan zones et les grandes artères des deux métropoles, des accrochages verbaux ont été constatés dès que les supporters des deux pays se croisaient. Les Marocains sont les plus virulents; ils ont encouragé la Russie la semaine passée et font la même chose avec l’Uruguay cette semaine, ils se mêlent aux Égyptiens et scandent des chants provocateurs.
Les Saoudiens essayent de répliquer tant bien que mal sans agressivité, il faut le reconnaître. Dans les espaces plus fermés comme les cafés et les restaurants, place au débat intellectuel. Les Marocains avancent que l’Arabie saoudite était libre de voter pour qui elle voulait, mais qu’elle n’avait pas le droit de mener campagne contre un «allié-frère». De leur côté, les Saoudiens répliquent que le Maroc n’avait formulé aucune sollicitation à l’égard de Ryad. Faux, répètent les Marocains, qui ajoutent qu’ils n’avaient pas besoin de cela puisque le communiqué final du dernier sommet arabe, tenu à Ryad il y a trois mois, stipulait que les Arabes allaient voter massivement pour le Maroc. Finalement, chacune des deux parties a campé sur ses positions. Un dialogue de sourds.
En outre, dans ce café huppé près de la Place rouge, l’échange était relevé, entre hommes d’affaires des deux côtés. Cependant, l’animosité était à peine voilée. Les Saoudiens échouaient dans leur plaidoyer devant des Marocains remontés à bloc, qui ne cachaient pas leur choc suite à un vote qualifié de «trahison». En tout cas, loin des calculs des gouvernants, la rupture semble consommée à la base. Dommage!