CAF. Argent, sexe et luxe
Le président de la Confédération africaine de football (CAF) est au centre de plusieurs scandales financiers et de harcèlement sexuel, ce qui prélude d’une chute imminente. L’après CAN sera dur à gérer…
Interpellé à Paris et emmené jusqu’à Marseille pour comparaître devant une juridiction compétente Ahmad Ahmad, président de la CAF, fait face à une affaire de passe-passe qui pourrait être juste un prélude à une succession d’affaires aux relents de règlements de comptes.
L’homme à abattre
Ahmad Ahmad est arrivé en tête de la Confédération africaine de football (CAF) en 2015 en venant à bout du puissant Issa Hayatou, 28 ans à la présidence de la plus haute instance du football africain. Aussitôt élu, il écarte tous les proches de l’ancien président et cherche de nouvelles alliances. Cela ne se passe pas sans dégâts et sans se faire des ennemis même s’il a ménagé le tout-puissant clan des Égyptiens et Tunisiens en nommant un secrétaire général du pays hôte du siège de la CAF, l’Égyptien Amr Fahmy, et en conservant le Tunisien Bouchamaoui à la tête de la Commission règlement et organisation mais très vite, l’équipe du président se disloque à coup de licenciements et de démissions pour des affaires pas très «cleans». Ainsi, le secrétaire général fut révoqué au lendemain de sa dénonciation de mauvaise gestion financière et de harcèlement sexuel imputés au président, en guise de représailles puisque ce dernier le marginalisait et préférait traiter avec le secrétaire général-adjoint le Marocain, Sadek El Alaoui. Le Ghanéen, vice-président préféré, quant à lui, a claqué la porte.
Machine à cash
Avant de partir, Issa Hayatou avait scellé un accord avec le groupe français Lagardère Sport pour 1 milliard d’euros qui couvre la période de 2017 à 2028, en plus d’autres contrats signés avec plusieurs partenaires, tels que Total et Orange, ce qui fait de la CAF une confédération riche et où l’argent coule à flot. Et c’est justement là où on reproche à Ahmad son excès de zèle. Ainsi, il a octroyé une somme de 100.000 $ chaque année pour chaque fédération africaine dont 20.000 euros dédiés aux besoins personnels des présidents des fédérations. Selon Amr Fahmy, Ahmad voulait virer cette somme directement dans les comptes personnels des présidents, ce qu’il a refusé suscitant l’ire d’Ahmad qui lui aurait forcé la main pour ce transfert. Une pratique refusée par certains dirigeants comme le président de la fédération des Seychelles qui a déclaré que cette initiative est de la pure corruption. Ahmad a aussi offert aux présidents de confession musulmane une Omra VIP aux frais de la CAF. Ils étaient dix-huit, dont Ahmad himself, à y prendre part en début juin 2018 pour un montant de 110.000 $, ce qui les expose tous aux sanctions prévues par l’article 136 du Code disciplinaire de la CAF. Des sanctions qui vont d’une amende de 25.000 € à une interdiction à vie, mais le jury disciplinaire, présidé par l’avocat sud-africain Raymond Hack, préfère regarder ailleurs en dépit de son statut d’indépendant.
Des commissions faramineuses
Les «aventures» d’Ahmad Ahmad faisaient la une de la presse internationale quand il fut interpellé ce 7 juin à Paris pour une affaire devenue, depuis, connue de tous. Le patron de la CAF s’est désisté de son engagement envers PUMA en faveur d’Adidas mais facturé trois fois le prix de PUMA (un écart de 830.000 €) par l’intermédiaire d’une petite entreprise française, Tactical Steel, créée en 2016 pour un capital de 1.000 euros et qui emploie deux personnes, la patronne et son époux ! Une affaire loin d’être bouclée comme d’ailleurs les quatre plaintes de harcèlement sexuel portées devant les juridictions égyptiennes qu’Ahmad réfute catégoriquement. Toujours sur le plan financier, Musa Bility, membre libérien du comité exécutif et du comité d’urgence a démissionné après avoir accusé le président de la CAF d’avoir viré 200.000 $ à une entreprise domiciliée en Pologne et inscrit la dépense comme étant destinée à la fédération du Libéria ! Par ailleurs, l’achat de voitures de luxe à des prix surfacturés auprès de concessionnaires proches de Ahmad n’a pas échappé à ses détracteurs qui continuent de perpétrer des fuites de documents confidentiels qui relèvent de la comptabilité de la CAF. Enfin, dans les coulisses de la CAF, l’après-CAN Egypt 2019 s’annonce très chaud. Les clans s’organisent et bien des surprises rebondiront sur la scène, ce qui mettrait Ahmad Ahmad sur un siège éjectable.