Zoubir Bouhoute : “Il n’était pas rare de voir un établissement classé en première catégorie sans en remplir les critères”

Zoubir Bouhoute
Expert en tourisme
Hôtels, maisons d’hôtes, riads, kasbahs… le Royaume engage une réforme d’envergure pour revoir entièrement son système de classement. À la clé, un référentiel unifié, des audits qualité anonymes et la promesse d’une offre plus lisible, juste et compétitive. Une transition ambitieuse qui soulève autant d’espoirs que de défis pour les professionnels du secteur.
Est-ce que ce nouveau système de notation prouve, d’une certaine manière, que le précédent était défaillant ?
Le système antérieur souffrait de nombreuses incohérences. Certaines maisons d’hôtes étaient mal classées, d’autres surclassées sans justification. À titre d’exemple, il n’était pas rare de voir un établissement classé en première catégorie alors qu’il n’en remplissait pas les critères, uniquement parce qu’il fallait préserver l’image d’une région. Cette réforme vient corriger ces distorsions et met tout le monde sur un pied d’égalité. Nous entrons enfin dans une logique de mérite, ce qui est fondamental pour la crédibilité de notre offre touristique.
Pensez-vous que les visites mystères peuvent vraiment faire évoluer les choses ?
Oui, à condition qu’elles soient menées avec sérieux. Il est essentiel que les établissements ne soient pas prévenus à l’avance. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra évaluer réellement la qualité du service, dans toutes ses dimensions.
Si les critères sont objectifs et si le processus est bien encadré, alors cela deviendra un levier puissant pour l’amélioration continue. Mais pour réussir, il faudra externaliser ces missions à des structures indépendantes, compétentes et formées.
Le délai de 24 mois est-il suffisant pour que les professionnels s’adaptent ?
Il est raisonnable, mais il faudra déployer un accompagnement fort. Beaucoup d’établissements n’ont ni les ressources humaines ni les moyens techniques pour opérer une telle mutation seuls.
Le ministère devra collaborer étroitement avec les délégations régionales, mais aussi prévoir des partenariats avec des bureaux d’études, des experts du terrain. Il faut à tout prix éviter que cette réforme ne reste un effet d’annonce et s’assurer qu’elle produise des résultats concrets dans les délais impartis.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO