Maroc

ZLEC : Quel avantage pour le Maroc ?

Le Maroc prend part au sommet extraordinaire de l’UA sur le lancement de la ZLEC. Pour le royaume, cette vaste zone de libre-échange est source d’innombrables opportunités.

C’est un rendez-vous qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte. Le Maroc est présent en force à Kigali, la capitale rwandaise qui accueille depuis le 17 mars les travaux préparatifs du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine en vue du lancement de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC). Ce sommet s’ouvre demain, mercredi 21 mars. Le royaume y sera représenté par le chef de gouvernement, Saâdeddine El Othmani, à la tête d’une forte délégation. Celle-ci comprend le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, ainsi que le numéro 2 de la diplomatie marocaine, Mohcine Jazouli, en charge des Affaires africaines. La secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur, Rkia Derham, fait également partie de cette importante délégation du royaume à l’instar du patronat, représenté par la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun. Plusieurs agences publiques participent aussi aux travaux. C’est notamment le cas de l’Agence marocaine de la coopération internationale (AMCI) ainsi que de la toute nouvelle agence en charge des investissements et de la promotion des exportations (AMDIE).

Atouts
Pour le Maroc, le lancement de la ZLEC tombe à point nommé, tout juste un an après son retour à l’UA. «Cette zone de libre-échange continentale représente de nombreux avantages pour notre pays», indique un membre de la délégation marocaine présent à Kigali contacté par Les Inspirations ÉCO. «Le Maroc va bénéficier d’un marché intra-africain et renforcer sa position de hub régional», poursuit notre source, qui prévoit d’ores et déjà une «hausse des exportations marocaines vers le continent». Pour les officiels du royaume, la ZLEC est également une opportunité pour «favoriser la complémentarité avec les autres pays africains qui permettra de se concentrer sur des secteurs que nous maîtrisons, tout en y apportant une vraie valeur ajoutée». Par exemple, dans l’automobile, des complémentarités pourraient être facilitées avec des pays producteurs de voitures à l’instar du Nigeria. Toutefois, cette puissance démographique et économique continentale a annoncé qu’elle ne prendra plus part au sommet de Kigali en raison de réticences de ses opérateurs économiques, qui voient d’un mauvais œil le lancement de la ZLEC.

Suppression de 90% des barrières tarifaires
Cette zone de libre-échange africaine, qui est censée augmenter de 15 à 50% la part du commerce intra-africain, sera certes lancée demain à Kigali, mais son effectivité ne sera pas immédiate. «Les choses sérieuses, à savoir les négociations techniques ne vont commencer que par la suite», indique notre source au sein de la délégation marocaine. Pour l’heure, il a été convenu que les barrières tarifaires dans les échanges intra-africains doivent sauter à hauteur de 90% avec une libéralisation progressive. Les 10% restants seront démantelés sur le long terme. Quant aux modalités des règles d’origine, le Maroc milite à ce qu’un consensus sur un taux de 40% soit obtenu. D’autres pays du continent préfèrent la réduire à 20%.  


Moussa Faki Mahamat
 Président de la Commission de l’UA

«Nous devons surmonter nos peurs, nos contraintes nationales, aussi légitimes soient-elles, et les barrières qui peuvent naître d’interprétations trop restrictives de nos souverainetés. Une décision, une seule, va soulager nos peuples et conforter nos amis pour signer massivement, ratifier d’urgence et mettre scrupuleusement en application l’accord sur la Zone de libre-échange.»

Louise Mushikiwabo
 Ministre rwandaise des Affaires étrangères et de la coopération

 «En tant que projet phare de l’Agenda 2063, la ZLEC est un pas majeur et essentiel. C’est une initiative cruciale qui a la capacité d’apporter les changements économiques et sociaux que nous attendons depuis des décennies.»

Amani Abou-Zeid
Commissaire en charge des infrastructures, de l’énergie et du tourisme à l’Union africaine.

«L’Afrique pourrait avoir un marché unique avec deux fois plus de consommateurs qu’en Europe et qui bénéficierait d’économies d’échelle fournissant une plateforme solide nécessaire pour concurrencer à travers le monde, entraînant une industrialisation et attirant des investissements très attendus.» 


35 milliards de dollars de profit annuel

Dès son entrée en vigueur, la ZLEC devrait raccorder l’ensemble des communautés économiques régionales du continent. Elle est censée supprimer de nombreuses barrières tarifaires en instaurant une zone de libre-échange continentale. Elle inclut ainsi le marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la communauté de développement d’Afrique australe (SADC), la communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du Maghreb arabe et finalement la Communauté des États sahélo-sahariens. Inscrite dans l’agenda 2063 de l’Union africaine, la ZLEC veut supprimer les barrières douanières entre les États africains. Toutefois, le projet laissera libre cours pour chaque pays à l’application de sa politique commerciale. Sa finalité est de doubler le commerce intra-africain avec un profit annuel d’environ 35 milliards de dollars d’ici 2021. La ZLEC s’étendra sur un marché africain de 1,2 milliard de personnes représentant un produit intérieur brut (PIB) de 2.500 milliards de dollars dans l’ensemble des 55 États membres de l’UA.


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