Maroc

Une équation complexe à Imi Ouaddar

Le boom touristique dans la zone d’Imi Ouaddar s’est traduit par la multiplication de projets touristiques, souvent entrepris au détriment des infrastructures de base. Des dysfonctionnements concernant l’assainissement liquide et la gestion des déchets ont également été constatés.

Tout a commencé lorsque «O. N.» a posté une séquence vidéo sur son compte Facebook montrant les fondations en ciment d’un projet de restaurant en cours de réalisation sur la plage d’Aghroud, dans la localité d’Imi Ouaddar, au nord d’Agadir. Il a ensuite décidé de créer, en avril 2018, un groupe baptisé «Plage Imi Ouaddar Km 26 en danger» pour dénoncer les constructions autorisées sur le domaine public maritime entre le Km 26 et la plage d’Aghroud. Mais lorsqu’il s’est engagé dans cette voie, il ne savait pas qu’il serait convoqué par la Gendarmerie royale de Tamri suite à une plainte déposée par les porteurs de projets, avant que l’affaire soit classée sans suite. Sur les lieux, on peut constater la présence de trois restaurants, dont deux structures déjà aménagées sur le domaine public maritime. Et parmi elles, un restaurant déjà opérationnel, tandis que le deuxième attend son raccordement au réseau public d’eau et d’électricité; le troisième, en cours de réalisation, n’est encore qu’une ossature métallique. Ceux qui contestent ces occupations temporaires pointent du doigt la nature des installations réalisées, au moyen de fondations en béton, alors que selon eux, il faut opter pour des structures légères en bois, notamment des chiringuitos. Du côté du ministère de l’Équipement et du transport, dont les attributions couvrent notamment le domaine public maritime, le socle en ciment avec ossature en charpente métallique revêtue de bois sont mises en œuvre pour s’adapter à la nature du sol sablonneux et garantir la sécurité des estivants, tout en permettant d’offrir des services optimaux sur place. Cependant, dans ces trois cas, les restaurants installés au niveau du domaine public maritime ne nécessitent pas d’autorisation de construire puisqu’ils ne sont pas bâtis en dur. Toujours est-il que l’occupation temporaire après décision d’autorisation délivrée par l’Équipement n’exempt pas les porteurs de projet, selon l’article n°6 de ladite autorisation, d’acquérir les permis nécessaires à la réalisation des travaux et à l’exploitation du projet, ainsi qu’à la vérification de la conformité technique par un bureau d’étude agréé. Mais au-delà des aspects techniques, les demandes de réalisation de ces projets ont été déposées en 2016, alors que leur occupation temporaire varie entre 5 et 10 ans. Autrement dit, leur installation n’est pas soumise aux dispositions de la nouvelle circulaire qui a abrogé, le 17 mai 2018, l’ancienne circulaire signée conjointement par le ministre d’État à l’Intérieur et du ministre de l’Équipement n°84 du 8 juin 1998 relative à la gestion et à la protection, par la commune, des plages de baignade. Quoi qu’il en soit, l’ancienne circulaire a été établie dans l’objectif de faire des communes un acteur essentiel de la gestion des plages. Toutefois, plusieurs dysfonctionnements subsistent en matière de gestion des plages, notamment en raison des contraintes liées à sa mise en œuvre. C’est pourquoi la gouvernance des plages est actuellement le fait de la commission provinciale ou préfectorale des plages (CPP), et les communes sont obligées de présenter leur Plan d’utilisation et de gestion des plages (PUGP) qui doivent décrire l’organisation des espaces et les activités à exercer. Dans le cas d’Imi Ouaddar, toutes les demandes ont été transférées à la wilaya qui préside la CPP, tandis que les autorisations d’exercice des activités économiques, commerciales, etc. sur les plages sont désormais octroyées par le wali sur proposition du président de la commune concernée. À cet égard, la priorité d’octroi de ces autorisations a été donnée, selon la nouvelle circulaire, aux établissements touristiques dans les espaces situés à proximité immédiate, et ce pour la pose de mobilier étroitement lié à leur activité touristique (parasols, table et chaises). Il faut souligner aussi que, dans le cadre de l’application de l’ancienne circulaire conjointe des ministères de l’Intérieur et de l’Équipement datant de 1998, les communes pouvaient demander l’occupation temporaire des plages relevant de leur territoire, à condition de n’exploiter que 30% de la superficie totale de la plage à des fins commerciales, les 70% restants devant demeurer à usage public (gratuit). Dans le cadre de la nouvelle circulaire, cette superficie est passée à 80% pour le grand public et 20% pour les activités économiques, commerciales, etc. qui ne doivent pas être concentrées au niveau du même espace, devant être répartis sur la surface utile totale de la plage. Par ailleurs, l’occupation de l’espace public en bord de mer requiert le paiement de redevances annuelles, la moitié du montant fixé allant à la Trésorerie générale du royaume et l’autre au Fonds de délimitation du domaine public maritime et portuaire (FDDPMP).

L’assainissement liquide fait défaut
En plus des dysfonctionnements liés à la mise en œuvre des circulaires, la région d’Imi Ouaddar, à l’instar d’autres localités (Aourir et Taghazout) qui ont récemment bénéficié de l’assainissement liquide, est en grande partie non reliée au réseau collectif d’assainissement; l’ONEE branche Eau, ne gère actuellement que l’eau potable dans cette zone. Le boom touristique que cette dernière connaît (plus de 5.000 lits) s’est traduit par une multiplication des unités résidentielles et touristiques, souvent au détriment des infrastructures de base. Et bien que les services de l’environnement imposent aux gestionnaires de ces projets l’installation de stations d’épuration (STEP) dans le cadre d’études d’impact sur l’environnement, des incidents techniques de débordements sont toujours enregistrés. Résultat, en l’absence d’un réseau collectif des eaux usées qui couvre toute la zone, la majorité des projets utilisent les STEP pour la réutilisation des eaux, destinées à l’arrosage des espaces verts ou aux fosses septiques pour évacuer les rejets. Dans ce cas, trois façons de les traiter existent. Il y a le rejet dans le milieu naturel avec des normes réglementées, mais avec toutefois des risques de stagnation. Les alternatives consistent en la réutilisation des eaux usées pour l’arrosage ou leur déversement dans le réseau d’assainissement. Mais selon plusieurs experts, c’est la dernière solution qui est la plus durable puisqu’il est difficile de contrôler en permanence l’ensemble des STEP en question.

Une décharge sauvage pour la gestion des déchets
Outre l’assainissement liquide, la zone est aussi confrontée à la problématique de la gestion des déchets ménagers et assimilés. La commune rurale de Tamri, qui a produit, au titre de l’année 2017, 2.656 tonnes, ne fait pas partie des 10 communes signataires de la convention intercommunale portant sur la gestion des déchets en vue de leur évacuation vers la décharge contrôlée de Tamellast, aux environs d’Agadir. Les ordures échouent dans des dépôts sauvages, tandis que le coût de transport vers la décharge contrôlée de Tamellast reste onéreux, quel que soit le tonnage généré par la collecte et les trajets, estimés à 30 km par jour au sein de la commune et à 70 km jusqu’à la décharge d’Agadir. Face à cette situation, le Plan directeur préfectoral de gestion des déchets ménagers et assimilés des préfectures d’Agadir-Ida Outanane et d’Inezgane-Aït Melloul a déjà prévu un centre de transfert intercommunal qui couvrira les communes rurales de Taghazout et de Tamri. Par ailleurs, les estimations des déchets ménagers et assimilés produits dans la station d’Imi Ouaddar est de 6 tonnes par jour. Selon ledit plan, la commune de Tamri dispose d’un seul véhicule (pick-up) qui assure la collecte et la mise en décharge des déchets.


Plage Km 26 : le propriétaire de la pelleteuse toujours introuvable

Plusieurs jours après le lancement d’une enquête par la Wilaya de la région Souss-Massa, le propriétaire de la pelleteuse retrouvée sur le chantier de la plage du Km 26 n’a toujours pas été identifié (cf:ww. leseco.ma). Une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux, montrant une pelleteuse de marque Poclain creusant une partie du rocher qui sépare la plage du km 25 de celle du km 26, au nord d’Agadir. Cette courte vidéo a suscité de vives réactions de la part des internautes depuis sa publication. En attendant, le promoteur du projet, qui a préalablement obtenu l’autorisation de construire n°03/2018 le 29 janvier dernier, a nié toute implication de ces engins dans l’acte de creuser. Le ministère de l’Équipement a, lui, déjà publié un communiqué précisant que la commission dépêchée sur place a constaté l’absence de l’engin utilisé. Toutefois, des dégradations de faible importance ont été relevées sur le rocher en question.


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