Un nouveau système d’évaluation

À l’heure où le conseil supérieur de l’Éducation mise sur le renforcement de l’évaluation, certaines académies régionales ont révisé leur système de contrôle. Il ne suffit pas d’évaluer l’enseignant, mais encore faut-il le faire pour l’établissement scolaire dans sa globalité. Le système Massar permet de détecter les établissements dont le rendement est faible par rapport à la moyenne.
Le conseil supérieur de l’éducation, la formation et la recherche scientifique se penche sur la question du renforcement du système d’évaluation dans le secteur; en vue de redresser nombre de dysfonctionnements. Ce point est en effet, on ne peut plus, primordial dans la réforme escomptée de l’enseignement. La mise en place d’une nouvelle approche s’impose. Aujourd’hui, il s’avère indispensable de contrôler non seulement l’enseignant, mais il faut évaluer l’établissement dans sa globalité, comme le souligne aux Inspirations Éco, Mohamed Aderdour, directeur de l’AREF de Rabat-Salé-Kénitra. Depuis des années, l’évaluation des enseignants se fait à travers les visites des inspecteurs. Rares sont les cas transférés au conseil disciplinaire. «Ce système à lui seul n’est pas suffisant. C’est pour cette raison que nous avons passé à l’évaluation de l’établissement scolaire en nous attelant sur son projet éducatif», souligne Aderdour. C’est d’ailleurs l’une des recommandations phares de l’institution d’Omar Azziman, qui plaide pour la mise en place d’un nouveau modèle de gestion des métiers de l’éducation. Ce modèle repose sur plusieurs piliers dont une évaluation intégrée de la performance des acteurs éducatifs et du rendement des établissements d’éducation et de formation.
Vers un système national
L’enjeu en vaut la chandelle, d’autant plus que les académies disposent, depuis quelques années, d’un outil efficace et précieux leur permettant de cibler les établissements scolaires. En effet, le système informatique Massar permet d’avoir une vision claire sur les établissements dont le rendement est faible par rapport à la moyenne régionale ou nationale. Le recours à l’évaluation des établissements permet de détecter les dysfonctionnements ayant trait, non seulement au rendement des professeurs, mais aussi à la gestion de l’établissement et à son environnement qui pourrait, parfois, être peu motivant à cause notamment de l’absence d’activités parascolaires… L’heure est à la reddition des comptes de toute l’équipe pédagogique. Même les inspecteurs qui contrôlent les enseignants, sont parfois sanctionnés quand ils faillent à leur mission. Pour mettre en place une évaluation efficace et performante, il est temps d’instaurer un système national. Un intérêt particulier devra être accordé à ce volet qui s’avère de la plus haute importante. Il faut dire que la réforme du système éducatif n’est pas uniquement tributaire du financement du secteur, mais aussi de sa gouvernance. À cet égard, la banque mondiale, rappelons-le, recommande d’adopter une nouvelle gouvernance de l’école publique en la recentrant sur un meilleur service rendu à l’élève, à travers non seulement la révision des attributions, des responsabilités et des statuts de tous les acteurs du système éducatif, mais aussi l’évaluation des apprentissages et sa dissémination pour responsabiliser les acteurs et promouvoir la qualité. S’y ajoute l’implication des parents d’élèves, dans la vie de l’école.
Le ministère de tutelle est appelé à développer des dispositifs d’évaluation et de coaching adéquat pour accroître la performance des enseignants en activité. Le système actuel d’évaluation des enseignants est pointé du doigt. La Banque mondiale estime que la supervision pédagogique ne semble plus en mesure d’assurer sa fonction première de contrôle et d’amélioration de la qualité des enseignements. En effet, le système d’avancement ne permet pas de promouvoir les enseignants en fonction de leur performance. Et les chefs d’établissement scolaire ne sont investis que de missions administratives et n’assument pas de responsabilités pédagogiques ou managériales. Le directeur d’établissement devrait devenir le garant de la qualité et de l’efficacité pédagogique au sein de son établissement. C’est d’ailleurs la nouvelle orientation pédagogique des académies. Quant au CSEFRS, il insiste sur l’évaluation intégrée multidimensionnelle. Le conseil a pointé du doigt l’absence de critères unifiés d’évaluation, prenant en considération les spécificités des cycles, des matières, des conditions de travail ainsi que l’implication dans le développement de l’établissement. Jusque-là, l’évaluation des enseignants est circonstancielle, irrégulière et liée à la promotion. Le conseil a aussi vertement critiqué la faiblesse, en matière d’évaluation, du rendement des établissements et des différents corps professionnels y travaillant; notamment dans l’enseignement scolaire. Par ailleurs, l’évaluation à elle seule n’est pas suffisante. Elle doit être accompagnée d’un système efficace de formation continue pour redresser les dysfonctionnements.
Mohamed Aderdour
Directeur de l’AREF de Rabat-Salé-Kénitra
L’approche globale d’évaluation donne ses fruits. Si, pendant les dernières décennies, l’évaluation était axée uniquement sur l’enseignant, il a été démontré qu’elle devait porter sur l’environnement global de scolarité. Toute l’équipe est responsable. Cela s’inscrit dans l’esprit de la vision stratégique de l’enseignement».