Troisième Semaine de l’Afrique à l’UEMF : la jeunesse au cœur de la transformation continentale

La jeunesse, moteur de la transformation africaine, a été au cœur de la 3e Semaine de l’Afrique de l’UEMF. Experts, diplomates et étudiants ont débattu des moyens de valoriser ce capital humain pour construire l’avenir économique et social d’un continent en pleine mutation.
Transformer le potentiel démographique africain en puissance économique, tel fut l’enjeu central de la 3e Semaine de l’Afrique, organisée à l’Université Euromed de Fès (UEMF). Clôturé vendredi, l’événement a mis en lumière la nécessité pour le continent de passer d’un modèle extractif à une économie de la connaissance et de l’innovation.
Placée sous le thème «La jeunesse, futur de l’Afrique», cette manifestation a transformé le campus en une plateforme de dialogue sur les trajectoires de développement du continent.
Organisé en partenariat avec Bank of Africa et la Confédération des élèves, étudiants et stagiaires africains étrangers au Maroc (CESAM), l’événement a réuni un parterre d’ambassadeurs, d’experts et d’étudiants pour des débats axés sur le rôle de la jeunesse dans la transformation économique et sociale du continent.
De l’extraction à la transformation : une nouvelle vision économique pour l’Afrique
Les discussions ont largement convergé vers la nécessité impérieuse pour le continent de changer de paradigme économique.
Mostapha Bousmina, président de l’UEMF, a articulé cette vision en soulignant l’atout démographique africain, qualifiant la jeunesse de «véritable trésor du continent». Avec une population de plus de 1,5 milliard d’habitants et un âge médian de 19 ans, l’Afrique dispose d’un capital humain considérable.
Pour le valoriser, Bousmina a insisté sur l’impératif d’investir massivement dans l’éducation, la science et la technologie afin d’opérer une transition d’une économie extractive vers une économie de transformation créatrice de valeur. Illustrant son propos, il a présenté le Maroc comme un modèle de cette stratégie. Dépourvu de ressources naturelles abondantes, le pays a misé sur son capital humain pour développer des secteurs industriels à haute valeur ajoutée.
Le président de l’UEMF a cité la transformation du phosphate en engrais et acide phosphorique, faisant du Royaume un leader mondial, ainsi que le développement d’une industrie automobile performante, aujourd’hui premier secteur économique national. Cette dynamique, soutenue par des infrastructures de premier plan, comme le port Tanger Med, et une ligne à grande vitesse, s’inscrit, selon lui, dans une vision de coopération Sud-Sud, concrétisée par des projets structurants tels que le gazoduc Nigeria-Maroc.
Perspectives diplomatiques et défis continentaux
En sa qualité de doyen du corps diplomatique africain au Maroc, Henri Mangaya Yange Mondowa, ambassadeur de la République Démocratique du Congo, a apporté une perspective continentale. Tout en saluant les réalisations marocaines, il a rappelé que l’Afrique, berceau de l’humanité, demeure confrontée à des défis majeurs tels que la pauvreté, l’insuffisance des systèmes de santé et d’éducation, et les conflits armés.
Pour l’ambassadeur, la prospérité passe par la résolution de ces antagonismes et la concentration sur des axes prioritaires comme l’énergie, l’agriculture et la culture. Il a réaffirmé que la jeunesse est le «pilier incontournable de la transformation positive du continent», appelant à des investissements ciblés dans l’éducation, la formation et l’entrepreneuriat pour lui fournir les outils nécessaires.
Évoquant le potentiel de son propre pays, la RDC, il l’a qualifié de «pays-solution» dont la jeunesse, si elle est bien accompagnée, peut jouer un rôle moteur dans le développement continental. Le diplomate a ainsi souligné la nécessité d’une action collective et solidaire pour bâtir des sociétés pacifiques, justes et inclusives.
La voix de la jeunesse : un appel à la confiance et aux opportunités
Représentant une jeunesse «formée, engagée, connectée et consciente de ses responsabilités», le président de la CESAM section Fès, Girpha Nombo, a exprimé la fierté de ses pairs pour leurs origines et leur attachement à une coopération renforcée avec le Maroc, soulignant que la jeunesse africaine n’attend ni charité ni condescendance, mais «confiance, équité et opportunités». Affirmant que les jeunes aspirent à s’épanouir sur une terre africaine prospère et non à s’exiler, il a revendiqué leur place, méritée par la compétence et la créativité. Nombo a lancé un appel pour que la Semaine de l’Afrique soit un «point de départ vers des réponses concrètes et structurantes».
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO