Maroc

Transport public urbain. Bientôt, la sortie de crise pour Rabat ? 

L’offre en transport public urbain dans la capitale et ses deux cités voisines (Salé et Kénitra) est déplorable. Les transporteurs clandestins profitent du vide et l’on voit circuler des «véhicules» archaïques comme les charrettes. Le démarrage du nouvel opérateur du transport urbain par bus va-t-il mettre fin à la crise ? Ce n’est pas certain.

Des bus déglingués, rouillés et mal entretenus circulent dans l’agglomération de Rabat-Salé-Témara. La situation de ces véhicules est tellement catastrophique que l’on se croirait pas dans la capitale du royaume. Difficile d’y croire même pour les habitants de Rabat qui souffrent non seulement de l’état délabré de ces engins mais aussi de leur rareté au point qu’une grande partie des citoyens sont contraints de recourir aux transporteurs clandestins. Un mode de transport qui a prospéré, au cours de ces dernières années, profitant de la désorganisation et de la vétusté du secteur formel. Aussi étonnant que cela puisse paraître, on dirait qu’on vit encore, dans certains quartiers périphériques, au rythme d’une époque lointaine en raison des moyens de transport moyenâgeux qui y circulent. Les charrettes assurent encore la mobilité de nombreux citoyens.

À Témara, à titre d’exemple, le temps est comme figé depuis de longues années : les carioles envahissent les artères et sont le moyen de transport le plus utilisé à l’intérieur de la ville. Une situation qui contraste avec les objectifs de modernité que se fixent les pouvoirs publics tant locaux que régionaux et nationaux. En l’absence d’une véritable stratégie de transport public urbain et d’une ferme volonté de la part de tous les acteurs concernés, le secteur restera peu développé. Aujourd’hui, les responsables au sein de l’agglomération font miroiter une lueur d’espoir avec le démarrage attendu de quelque 300 nouveaux bus vers fin juillet. Mais, est-ce suffisant pour desservir trois villes qui comptent plus de deux millions d’habitants? Les besoins immédiats se chiffrent à plus de 600 bus.

Contacté par Les Inspirations ÉCO, le maire de Rabat, Mohamed Sadiki, affiche son optimisme estimant que les 300 bus de démarrage vont permettre de régler le problème car actuellement moins de 200 bus sont en circulation. Jusqu’à la neuvième année, une cinquantaine de bus devront s’ajouter annuellement au nouveau parc. Quid de la qualité des véhicules ? On promet des bus équipés en cameras et wifi et accessibles aux personnes à mobilité réduite. Quant au prix de démarrage, il sera fixé à 5 DH soit 1 dirham de plus que le tarif actuel. Nécessité oblige, selon le maire de la capitale. Pour garder l’équilibre financier, il fallait éviter les offres de dumping qui ne sont pas viables à long terme, selon le responsable local. Il fallait aussi faire des concessions comme la mise à disposition gracieuse des parcs au groupement concerné et le financement par la région de Rabat-Salé-Kénitra de 100 bus. Pour faciliter la tâche aux citoyens, un ticket unique et un abonnement unique bus-tramway sont en cours de préparation et seraient opérationnels dès le démarrage de la nouvelle société. D’aucuns soulignent la nécessité d’élaborer un plan de mobilité qui s’appuie sur la complémentarité entre les différents moyens de transports. Les bus, à eux seuls, ne vont pas en effet permettre de régler la crise de transport public dans l’agglomération. L’accélération du rythme d’extension du tramway s’impose.

Aujourd’hui, ce qui est prévu est certes louable mais demeure on ne peut plus insuffisant au vu des besoins croissants dans les trois cités. A cela s’ajoute le développement de la mobilité via les petits et les grands taxis. Aussi, faut-il développer une vision commune entre les différents acteurs qui gèrent le transport public urbain. A cet égard, le plan de mobilité urbaine de l’agglomération de Rabat-Salé-Témara est très attendu pour mettre en place un schéma d’organisation des transports cohérent à court et moyen termes. Chaque mode de transport devra être analysé en fonction de sa pertinence et son coût pour la collectivité. Le plan de mobilité urbaine devra constituer un véritable outil d’aide à la décision en traçant une feuille de route claire des solutions d’ordre technique, économique et financière. Pour relever le défi, le ministère de l’intérieur et les instances élues locales et régionales devront accorder leurs violons. 


Situation critique depuis une décennie

La situation du transport public urbain dans l’agglomération de Rabat-Salé-Témara est critique depuis la fin du contrat des sociétés de transport et l’avènement de Stareo en 2009. La concession du secteur à une entreprise privée (Veolia) n’a pas abouti à la résolution des problèmes comme espéré. Après le départ de cet opérateur privé, le groupement Al Assima entendait dépasser les dysfonctionnements dans la gestion de ce secteur dans la capitale et ses environs. Sauf que la concrétisation de cet objectif est restée lettre morte. La situation n’a nullement changé aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif. Aujourd’hui, on espère résoudre ce problème après le démarrage du groupement Alsa-City Bus dont le contrat de gestion déléguée du transport urbain par bus a été validé en juillet 2018. L’enjeu est d’éviter les erreurs de l’expérience précédente avec Veolia.



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