Transport : plus de la moitié des entreprises en arrêt total ou partiel
Si le transport maritime demeure le moins touché par la crise sanitaire, les conséquences en termes de valeur ajoutée et d’emploi sur l’ensemble des segments seront lourdes.
Le diagnostic opéré par le gouvernement pour le transport routier, aérien, maritime et ferroviaire dresse un constat alarmant pour l’ensemble de ces segments. Les données communiquées au parlementaires de la première Chambre indiquent en effet que le 9e secteur générateur du PIB a connu la crise la plus aiguë de son histoire, en raison de la suspension du trafic des passagers, et celle partielle du transport des marchandises à l’intérieur du pays et à l’international. Les indicateurs relevés par le gouvernement montrent que 54% des entreprises du secteur ont dû cesser leur activité de manière provisoire ou définitive.
«Le transport aérien, qui représente 27% de la valeur ajoutée de cette branche, a subi de plein fouet l’impact de la crise avec un arrêt complet de son activité, qui a mis en exergue ses défaillances structurelles», précise le diagnostic de l’Exécutif.
Le plan économique et social de Royal Air Maroc et l’ouverture des frontières aux compagnies nationales sont de nature à relever partiellement les défis conjoncturels et structurels subis par ce segment, ajoute l’analyse opérée par le département de l’Économie et des finances.
Pour le trafic ferroviaire, le constat établi montre que le chiffre d’affaires mensuel de la compagnie nationale a connu une perte de l’ordre de 280 MDH par mois, similaire au manque à gagner subi par le transport autoroutier. En effet, les prévisions du PLF 2021 pour ce segment névralgique du transport routier tablent sur une baisse du chiffre d’affaires de près de -34%. Dans ce contexte difficile pour l’ensemble des segments, seul le transport maritime semble échapper à la crise, ou du moins relativement épargné par la crise pandémique. Le volume total des échanges a atteint plus de 70 millions de tonnes à fin septembre 2020, en croissance de l’ordre de 6,9% par rapport à la même période de l’année écoulée. Le gouvernement explique cette résistance par le dynamisme des importations durant les trois premiers trimestres de l’année 2020, qui ont permis d’approvisionner le pays depuis le déclenchement de la crise sanitaire en mars dernier.
Quelles solutions ?
Pour les entreprises publiques qui opèrent dans le secteur du transport, la conjoncture difficile a accéléré plusieurs programmes en vue de remédier aux défaillances structurelles relevés lors du diagnostic du gouvernement. Les conséquences économiques de la Covid-19 en termes de valeur ajoutée et d’emploi sur le secteur sont incontestablement négatives, mais ce dernier a démontré une forte résilience manifestée par sa capacité à continuer d’assurer l’approvisionnement du pays en produits nécessaires, tout en s’accommodant aux exigences sanitaires de la pandémie.
Pour l’Exécutif, la crise a entraîné un réel changement dans le comportement d’ADM, ONCF, ANP, NARSA, Marsa Maroc, dans le volet de la dématérialisation des paiements électroniques, les appels d’offres ainsi que dans d’autres segments. Toujours est-il que l’impact sur la logistique reste extrêmement minime. «Le Maroc est toujours en retard par rapport à ses principaux partenaires commerciaux et à ses concurrents, en raison de sa faiblesse en termes d’efficacité des formalités douanières et de gestion des frontières», qui sont deux indicateurs importants dans l’évaluation du dispositif logistique. Le gouvernement préconise ainsi de recourir «à la logistique intelligente», qui se base sur la digitalisation du processus d’approvisionnement, et surtout sur la logistique portuaire. Pour ce volet, le diagnostic remis aux députés annonce la mise en place d’un dispositif d’amélioration du suivi et de traçabilité des expéditions, ainsi que le renforcement de la coordination entre les principaux intervenants, notamment les agents maritimes, ceux de la douane et du transport intérieur.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco