Transferts des MRE : 2024, une année record

Les transferts de devises des Marocains résidant à l’étranger ont atteint un montant record de 117,7 MMDH en 2024, témoignant de leur poids dans l’économie nationale, puisqu’ils représentent plus de 8% du PIB du Royaume.Toutefois, le coût de ces transferts d’argent demeure un défi persistant.
En hausse de l’ordre de 2,1% par rapport à 2023, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint un chiffre record de 117,7 MMDH en 2024. Un montant qui témoigne du poids de ces transferts pour le Maroc, puisque les sommes transférées par les Marocains du monde représentent plus de 8% du PIB du Royaume en 2024.
Le rôle transversal des transferts d’argent des MRE dans le développement économique a été démontré à Oujda, à l’occasion de la Journée internationale des envois de fonds à la famille, célébrée chaque année le 16 juin.
Initiée par le Fonds international de développement agricole (FIDA), Bank Al-Maghrib et la Délégation de l’Union européenne, l’évènement a mis en exergue la contribution cruciale des MRE à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique locale tout en appelant à maximiser l’impact des envois de fonds pour un développement inclusif et durable.
«Les envois de fonds sont un filet de sécurité pour des millions de familles rurales. Le Maroc montre l’exemple en intégrant ces flux dans ses stratégies de développement», souligne Stefania Gnoato, directrice pays du FIDA.
Le coût des transferts, un défi persistant
«Le choix de la région de l’Oriental pour célébrer la campagne 2025 de cette journée illustre la volonté de valoriser les territoires à fort ancrage migratoire, reconnus comme de véritables leviers de développement et souligne l’importance de cette région qui capte une part significative des transferts de fonds internationaux en faveur du Maroc. De plus, ce choix reflète l’ambition de favoriser une dynamique de collaboration régionale autour des enjeux liés aux envois de fonds, en particulier en matière d’inclusion financière et économique des bénéficiaires de ces transferts», a souligné Fatima-Zahra Echihabi, directrice de l’inclusion financière et du développement durable à Bank Al-Maghrib.
Pour illustrer l’impact de ces transferts, en 2024, près de 685 milliards de dollars ont été envoyés vers les pays en développement, dépassant ainsi les investissements directs étrangers et représentant plus de trois fois le montant de l’aide publique au développement.
Cependant, «le coût des transferts d’argent demeure un défi persistant», relève Echihabi.
En 2023, le coût moyen mondial d’un envoi de 200 dollars s’élève à environ 6,2% du montant, et il peut atteindre plus de 8% dans certains pays d’Afrique subsaharienne. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs : le manque de concurrence, des régulations strictes qui entraînent des coûts additionnels et l’absence d’infrastructures digitales adéquates. De plus, l’accessibilité constitue un enjeu majeur, car il est essentiel de rapprocher les services de transfert d’argent des populations éloignées afin de garantir que chacun puisse bénéficier des envois de fonds de manière efficace et sécurisée.
Facilités
Afin d’accompagner ces transferts, les pouvoirs publics et la Banque centrale ont mis en œuvre plusieurs mesures visant à diversifier les canaux de transmission et à réduire les coûts. C’est ainsi que le Maroc a investi depuis plusieurs années dans le développement de son infrastructure bancaire et de paiement.
S’agissant de la question des coûts, Bank Al-Maghrib a levé, dès 2009, toute clause d’exclusivité liant les opérateurs internationaux de transferts de fonds à leurs partenaires au Maroc. Ce qui a permis de réduire significativement les frais liés aux transferts de fonds.
Par ailleurs, la Stratégie nationale d’inclusion financière a permis d’assoir les fondements d’un écosystème financier plus inclusif, mieux structuré, avec l’émergence de nouveaux acteurs proposant des solutions financières innovantes (paiement mobile, crowdfunding, assurance inclusive, etc.).
Par ailleurs, il est à signaler que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a émis un avis sur le renforcement du lien intergénérationnel entre les MRE et leur patrie avec plusieurs attentes. Le CESE avait souligné que les MRE représentent près de 15% de la population totale du Maroc et lui apportent plus de 7% de son produit intérieur brut.
D’autres indicateurs témoignent également de la solidité et de la continuité de ce lien : plus de 83% des MRE transfèrent une partie de leurs revenus vers le Maroc et près de 3 millions d’entre eux y séjournent au moins une fois par an.
Réduire les coûts de transfert à moins de 3% d’ici 2030 pour les Marocains
Le FIDA et l’UE cofinancent le projet Digitremit Maroc qui vise à maximiser l’impact déjà substantiel des envois de fonds, notamment dans les zones rurales avec comme objectif de réduire les coûts de transfert à moins de 3% d’ici 2030 pour les Marocains. C’est depuis janvier 2025 que l’UE finance ce projet, mis en œuvre par le FIDA.
Ce projet vise à rendre les transferts plus rapides, plus transparents, sécurisés et accessibles, notamment pour les populations rurales, les femmes et les ménages à faibles revenus. Les envois de fonds des migrants représentent une force vitale pour le développement, leur cumul dépassant 5.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale au cours de la dernière décennie, un montant qui excède l’aide publique au développement en 2024.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO