Maroc

Tout est à faire à Al Hoceima !

Faible capacité d’hébergement, déficit en ressources humaines qualifiées, absence de stratégie marketing… la ville d’Al Hoceima et sa région sont pénalisées à plusieurs niveaux. Pour redresser la situation,  l’Office national marocain du tourisme (ONMT) s’est mobilisé pour repositionner l’image de la ville.

Cette année, la saison touristique est déjà considérée comme un fiasco par les professionnels du secteur: «Le taux de remplissage ne dépasse pas 10%. Al Hoceima dépend principalement du tourisme intérieur et du retour des MRE. Les images du Hirak sur les réseaux sociaux ont été fatales pour la région puisque la majorité des réservations ont été annulées». Le constat du président du Conseil provincial du tourisme, Khalid Bachrioui, est pour le moins amer. Sur place, à la plage du Quemado, principale carte visite de la ville, il n’y a pas foule. Plus populaires, les plages d’Isli, de Sfiha et Calabonita, d’habitude bondées, n’attirent que quelques vacanciers. Résultat : les activités liées au tourisme sont au ralenti, et les propriétaires des restaurants et gargotes se tournent les pouces en attendant des clients qui tardent à arriver.

Hirak et grosse paranoïa
«L’image des manifestants sur la plage Sfiha pourchassés par les forces de l’ordre à même la mer a eu un impact très négatif sur les gens. Les réseaux sociaux ont créé dans l’esprit des gens des associations avec des villes du monde arabe secouées par des révoltes sanglantes», analyse le correspondant local d’une chaîne de télévision nationale. Alors que les manifestations se font plus rares et sporadiques, la présence des forces de l’ordre se fait discrète. «Pourtant, les arrestations se poursuivent discrètement et visent plusieurs personnes qui ont participé à ces manifestations. Si la majorité des détenus sont libérés après un passage au commissariat, d’autres sont déférés devant la justice. Aujourd’hui, la libération des prisonniers est en passe de devenir la principale revendication du mouvement», explique A.G, serveur dans un restaurant du port d’Al Hoceima, qui valide le constat selon lequel la saison touristique est également compromise pour les nombreux MRE issus de la région qui ont décidé de passer leurs vacances ailleurs, pour la plupart en Turquie. Cependant, l’impact des événements qui continuent de secouer la région n’explique pas tout, puisque la ville a été longtemps en dehors des agendas des projets structurants du nord du royaume.

Le tourisme, oui… mais lequel ?
Dans une région aux attributs naturels et aux paysages époustouflants, le tourisme s’impose comme premier levier réaliste de développement. Or, les spécialistes du secteur sont unanimes concernant le manque structurel d’infrastructures et l’absence d’une stratégie pour marketer l’image et le potentiel de la ville et son arrière-pays. À commencer par les investissements dans le secteur. De fait, l’ONMT est confronté à un déficit flagrant en matière de capacité d’hébergement. Le nombre de lits ne dépasse pas quelques centaines.  Côté réseau routier, la route expresse reliant Taza à El Hoceima n’est pas encore finalisée. En raison du Hirak du Rif, tous les départements de l’État se sont précipités pour lancer des mesures urgentes, sans réussir à mettre en partition une stratégie cohérente. «RAM a lancé des vols permanents à partir de Casablanca. Cependant, il faut reconnaître que le ministère du Tourisme n’a pas encore développé une stratégie globale pour la région, même si un plan d’urgence est en cours d’élaboration, comportant des subventions aux acteurs du tourisme touchés par la catastrophe qui a frappé le tourisme dans la ville», détaille Khalid Bachrioui. Enfin, le développement du tourisme dans la région suppose également un investissement colossal dans les ressources humaines locale pour les former aux métiers du tourisme. 


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