Tourisme : «La conjoncture est favorable pour relancer la destination»

Marrakech et Essaouira figurent parmi les destinations les plus attractives du royaume. Fouzi Zemrani, vice-président de l’Association régionale des agences de voyages de Marrakech-Safi, nous dresse un état des lieux.
Les Inspirations ÉCO: Comment se porte l’activité touristique dans la région ?
Fouzi Zemrani : On peut dire aujourd’hui que l’activité est en train de monter en puissance. Plusieurs indicateurs appuient ce constat. Le dernier en date étant Ryanair qui se renforce au Maroc et en particulier à Marrakech qui sera reliée à de nouvelles destinations. Cela veut dire qu’il y a une vraie demande. Les vols à bas coût permettent à de nouveaux touristes d’avoir accès à la destination. Les chiffres sont en progression, mais la question qui demeure posée est la suivante: à qui profite cette embellie ?
Faites-vous allusion à l’informel ?
Absolument. La concurrence de l’informel est très rude. Les agences de voyages, à titre d’exemple, sont pratiquement marginalisées. De petites boutiques, qui se trouvent généralement autour de Jamaâ El Fna, vendent des excursions alors qu’elles n’ont pas le droit d’offrir ce service. Et puisqu’elles n’ont pas de charges à couvrir, leurs prix sont beaucoup moins élevés. Le problème, c’est que ce genre de boutiques ne sont pas couvertes contre les sinistres, ce qui expose les touristes à des risques graves. Il y a aussi le phénomène d’Airbnb qui fait des ravages. Donc pour résumer, il y a une activité qui se développe, mais une bonne partie se fait malheureusement dans l’illégal.
Quels sont les atouts de la région ?
Il y en a plusieurs. Le premier est sans doute le climat avec de nombreux jours d’ensoleillement. Marrakech-Safi est aussi bien desservie, que ce soit par des compagnies aériennes classiques ou low-cost. Il y a aussi la qualité des prestations. La région, en particulier Marrakech et Essaouira, ont développé une certaine expertise dans le domaine touristique, ce qui fait que le service est de qualité. On dispose également d’une bonne animation, aussi bien diurne que nocturne. Les touristes ne s’ennuient pas. Musée, jardins, montagnes, boîtes de nuit… il y a de tout, et le touriste est sûr de trouver les moyens de divertissement. Il y a aussi l’effet COP22 qui a boosté la ville de Marrakech en termes d’infrastructures, de services et de moyens de transport.
On se focalise beaucoup sur Marrakech. Quid des autres ville de la région ?
Il faut savoir que Marrakech est un catalyseur pour toute la région. Certes, au niveau de Marrakech-Safi on dispose d’un autre pôle touristique, à savoir Essaouira. Festival Gnaoua, sports nautiques… la ville est en effet un pôle balnéaire à part entière. Mais il faut savoir qu’une bonne partie des touristes qui viennent à Marrakech passent une partie de leur séjour à Essaouira. La ville ocre draine en effet des flux pour l’ensemble de la région.
Quels sont les obstacles qui freinent encore le développement de la région ?
À vrai dire, l’obstacle principal est lié à l’image du pays dans sa globalité. Avec tout ce qui se passe dans la région, les touristes ne font pas toujours la différence entre les pays du Maghreb. Nous avons besoin d’une communication, bien réfléchie et stratégique, vers une clientèle à forte valeur ajoutée. Et pour y arriver, il faudrait une implication de tous les acteurs afin de relancer la destination. Le vent est favorable en ce moment. À titre d’exemple, Ryanair vient d’augmenter ses vols vers le Maroc et Marrakech en particulier. C’est une opportunité qu’il faudra saisir. Il faut déployer un effet de promotion pour faire connaître le pays auprès des nouveaux clients. Si la compagnie low-cost a ouvert de nouvelles lignes vers le Maroc, c’est qu’il y a une demande. Mais ces lignes risqueront d’être fermées si elles ne drainent pas beaucoup de monde.