Conjoncture : les services dopent l’économie

À la veille du troisième trimestre, les chefs d’entreprise affichent un optimisme mesuré. Selon la dernière enquête conjoncturelle du HCP, l’activité des services marchands non financiers devrait bénéficier d’un élan porté par les transports et la logistique, tandis que le commerce de gros reste marqué par une stabilité dominante. Entre perspectives de croissance ciblées, prudence sur l’emploi et gestion serrée des marges, l’économie nationale semble avancer doucement mais sûrement.

De belles perspectives s’offrent à l’économie nationale à l’orée du troisième trimestre. C’est ce que met en évidence la dernière enquête conjoncturelle du Haut-Commissariat au plan (HCP), consacrée aux services marchands non financiers et au commerce de gros. Réalisée auprès des chefs d’entreprise, elle restitue leurs anticipations pour les mois à venir. Et les retours, globalement, sont empreints d’optimisme.

Anticipations prometteuses
Dans le secteur des services marchands non financiers, 41% des dirigeants interrogés tablent sur une progression de l’activité, tandis que 37% anticipent une stabilité. La tendance haussière repose sur des branches bien identifiées, à savoir les transports aériens, terrestres et par conduites, mais aussi l’entreposage et les services auxiliaires liés au transport, ainsi que les activités de location et de location-bail. Ces segments, portés par une demande soutenue et des besoins croissants de mobilité et de logistique, devraient donner l’élan principal.

À l’inverse, les professionnels s’attendent à une contraction dans l’hébergement-restauration et dans les services postaux et de courrier. Les perspectives de demande confirment cette orientation. Près de 38% des chefs d’entreprise anticipent une hausse, et 47% une stabilité.

Côté emploi, les prévisions se veulent prudentes. 54% des dirigeants estiment que leurs effectifs resteront inchangés, tandis que 26% envisagent une progression. L’hypothèse d’une baisse de l’emploi demeure minoritaire, signe d’une certaine confiance dans la solidité de l’activité au cours des prochains mois. Pour le deuxième trimestre 2025, les données rétrospectives dressent un tableau contrasté.

Selon le HCP, 64% des patrons interrogés rapportent une augmentation de l’activité dans les services marchands non financiers, contre 15% qui mentionnent un recul. La dynamique aurait été particulièrement soutenue dans les télécommunications, les transports aériens et terrestres, le transport par conduites, ainsi que dans l’entreposage et les services auxiliaires du transport.

Ces branches ont joué le rôle de moteurs de croissance, dans un contexte marqué par la reprise progressive des échanges et par une demande intérieure mieux orientée. À l’inverse, d’autres activités ont marqué le pas, la publicité et les études de marché, les activités immobilières ou encore le transport maritime, confrontés à des conditions moins favorables et à des ajustements de marché.

L’emploi stagne
Le taux d’utilisation des capacités de prestation (TUC) se serait établi à 77%, confirmant un niveau relativement élevé d’exploitation des ressources disponibles. Les carnets de commande, pour leur part, sont jugés normaux par 69% des dirigeants et inférieurs à la normale par 24%. Côté emploi, la tendance a été plus nuancée, une hausse a été relevée par 32% des chefs d’entreprise, ce qui traduit une dynamique positive, même si la majorité a opté pour le statu quo. Le commerce de gros, autre pilier de l’enquête, offre un panorama tout aussi instructif.

Sur le marché local, les ventes auraient progressé au deuxième trimestre 2025 pour 27% des grossistes, et se seraient stabilisées pour 63%. Ces évolutions sont attribuées principalement à la hausse des ventes dans le commerce de gros d’équipements industriels et dans certains segments spécialisés. Dans le même temps, un recul a été constaté dans le commerce de gros d’équipements de communication et dans celui des produits agricoles bruts et des animaux vivants, deux branches particulièrement sensibles aux aléas d’approvisionnement et aux fluctuations de prix.

Du côté de l’emploi, les anticipations dans le commerce de gros révèlent une stabilité quasi unanime, avec 92% des dirigeants qui estiment que leurs effectifs n’ont pas varié. Les stocks de marchandises, quant à eux, se situeraient à un niveau jugé normal par 83% des grossistes, signe d’une gestion prudente des flux d’approvisionnement. La tendance des prix de vente illustre également une relative modération. 65% des chefs d’entreprise parlent de stabilité, contre 31% qui évoquent une baisse. Ces chiffres traduisent la prudence d’un secteur où la pression concurrentielle demeure forte et où les marges doivent être ajustées en permanence.

Ainsi, à travers les anticipations recueillies auprès des chefs d’entreprise, le HCP met en lumière des perspectives encourageantes pour le troisième trimestre. Les services marchands non financiers devraient bénéficier d’une dynamique positive, portée par les transports et la logistique, tandis que le commerce de gros reste marqué par un équilibre fragile entre stabilité et fragilités ponctuelles.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO