Tourisme au Maroc: Les coulisses de la réunion avec les professionnels
À la veille d’une reprise imminente des activités touristiques, la tutelle et un ensemble de filières du secteur ainsi que les établissements de financement se sont réunis pour faire le point. Le souci est que d’autres acteurs critiquent l’approche adoptée. Les opérateurs font-ils suffisamment bloc pour relever collectivement les défis du secteur ?
Les professionnels du secteur du tourisme ont tenu une réunion importante avec la tutelle, le12 mars dernier. Selon nos informations, le tour de table de la rencontre était composé de Nadia Fettah, ministre du Tourisme, Mohammed Kettani, directeur général du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Abdellatif Kabbaj, président de la Confédération Nationale du Tourisme (CNT), Nidal Lahlou, président délégué de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), Jalil Benabbès-Taarji, président de l’ Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT), Kamal Bensouda, vice-président de la CNT et Omar Kabbaj, président du groupe hôtelier Interedec Maroc. Une réunion qui s’est soldée par une recommandation appelant à la création d’un comité technique GPBM-CNT. Avant cela, il était question de dresser une sorte de bilan d’étape des différentes mesures transverses contenues dans le contrat-programme sectoriel, apprend-on.
Questionné à ce sujet, Nidal Lahlou confirme cet ordre du jour et indique qu’il était également question d’envisager dans quelle mesure ledit contrat-programme doit être aménagé «au regard de l’évolution de la pandémie, notamment de la campagne de vaccination». La même source ajoute : «Nous avons aussi engagé une réflexion sur la relance de l’activité touristique en essayant d’imaginer les outils susceptibles de l’accompagner». Les différentes parties prenantes à cette réunion ont ainsi dépassé le cap des constats pour se projeter vers les perspectives de reprise. «L’état des lieux du secteur n’est plus à dresser. Il est même partagé par tous les intervenants», poursuit le président délégué de la FNIH. «Pour l’essentiel, nous avons échangé sur la pertinence de certaines décisions au regard de la durée de la crise et du calendrier de la reprise d’activité. C’est le cas, par exemple, des échéances de remboursements. Bien sûr, nous avons aussi évoqué le problème du pouvoir d’achat des employés du secteur et de la possibilité de différer le remboursement de leurs crédits à la consommation pour préserver leur pouvoir d’achat», détaille la même source.
Des grincements de dents
Un grand bémol est néanmoins posé : la réunion a, semble-t-il, suscité quelques tensions dans le secteur. Le fait que les représentants de certaines branches d’activités corrélées au tourisme n’y aient pas participé a fait grincer les dents de ces derniers. En effet, on murmurait dans les coulisses que seuls les problèmes des filières représentées à cette rencontre ont été étudiés. Contacté par la rédaction, Jalil Benabbès-Taarji, président de l’ANIT, répond : «Sans commentaire». Au niveau de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAAVM), Khalid Benazzouz ne «peut pas commenter, car n’y ayant pas participé». Et de nuancer en soulignant que «la tutelle a plutôt invité la Confédération nationale du tourisme». Nidal Lahlou, de son côté, soutient que «la rumeur de tension dans le secteur n’est jamais une bonne chose et les discussions privées ne font jamais une stratégie. Si tension il y a, elle devrait s’exprimer au sein des organes et non dans les apartés». Il rappelle, en outre, que l’ensemble des métiers du tourisme sont organisés en fédérations qui sont elles-mêmes membres de la CNT. «Factuellement, tous les métiers étaient représentés», lance-t-il. Préférant «rester concentré sur l’essentiel», le président délégué de la FNIH rappelle : «Nous sommes face au plus grand défi de toute l’histoire du tourisme et nous avons travaillé avec la participation de tous pour finir avec une stratégie articulée autour de cinq axes afin d’accompagner la sortie de crise». C’est pourquoi, «nos objectifs étant communs et les outils et instruments ayant reçu le consentement de tous, je ne vois où il y aurait des tensions, sauf si elles relèvent de questions d’ego ou de personnes», ajoute sèchement Lahlou, selon qui «les fédérations et les confédérations sont ouvertes à tous et à toutes les réflexions».
Transport touristique : Comment aboutir à un «modus vivendi» avec le GPBM ?
Aboutir à un modus vivendi ou un compromis entre les professionnels du transport touristique, d’un côté, et les organismes de crédit et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), de l’autre. Tel est l’enjeu majeur pour les professionnels du transport. Dans un deuxième temps, il faut envisager la relance du secteur et la reprise de la dynamique d’investissement en favorisant l’accès des professionnels à des financements non conventionnels (prêts participatifs…). Pour Khalid Mohib, secrétaire général de la Fédération nationale du transport touristique, «le défi majeure pour la période à venir est, dans un premier temps, le poids de la dette qui s’est considérablement amplifié, aggravé par les intérêts exorbitants qui ont conditionné les reports des échéances de crédit. C’est un véritable mur de dettes infranchissable pour les milliers de TPE du secteur, handicapées structurellement par l’insuffisance des fonds propres et l’exigence d’un secteur très capitalistique».
Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco