Maroc

Textile : comment repenser les dérives écocidaires du secteur ?

L’industrie textile est l’une des industries les plus polluantes au monde, avec une consommation d’énergie élevée, une utilisation intensive de ressources naturelles et des émissions de gaz à effet de serre importantes. Pour réconcilier le textile avec l’environnement, des accords ont été signés. Mais, concrètement, quelles sont les solutions qui permettraient d’optimiser la transition énergétique ? Et quels sont les débouchés prometteurs du recyclage ? Tour d’horizon avec Anas Ansari, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH). 

Le Royaume est paré pour virer au vert. Avec l’urgence climatique croissante, les entreprises textiles se tournent de plus en plus vers des pratiques plus durables et des solutions qui permettraient d’optimiser la transition énergétique.

Entre durabilité et efficacité, où placer le curseur ?
Les mesures en faveur d’une filière textile plus durable ne manquent pas. L’efficacité énergétique est la première piste que propose Anas Ansari, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH). «Il est nécessaire d’investir dans des technologies et des équipements plus économes en énergie et mettre en œuvre des pratiques éco énergétiques pour réduire la consommation d’énergie des installations industrielles», confie-t-il aux Inspirations ECO.

De même, il encourage l’adoption d’énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne et hydraulique, pour alimenter les installations textiles, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles fossiles. La formation et la sensibilisation œuvrent également à aider à accélérer la transition. Organiser des formations et des ateliers pour les employés du secteur textile sur les meilleures pratiques en matière d’économie d’énergie et de gestion durable des ressources peuvent s’avérer de bonnes alternatives, d’après le responsable. L’un des relais de croissance pour l’industrie, c’est l’audit énergétique.

Pour Ansari, il faut effectuer régulièrement des audits énergétiques pour identifier les opportunités d’amélioration de l’efficacité énergétique et mettre en place des plans d’action pour leur mise en œuvre.

En matière d’énergies renouvelables, la pollution pourrait être réduite avec d’autres méthodes de production et de consommation, notamment en ce qui concerne la gestion de l’eau. «Et ce, en mettant en place des systèmes de gestion de l’eau efficaces pour en réduire la consommation et optimiser le traitement et la réutilisation des eaux usées», explique-t-il. Autre point important relevé par le président de l’AMITH, les incitations gouvernementales.

«Il est nécessaire de collaborer avec le gouvernement pour développer des incitations financières et réglementaires qui favorisent la transition énergétique, telles que des subventions, des crédits d’impôt ou des tarifs préférentiels pour l’énergie renouvelable», soutient-il.

Il soulève également l’importance d’établir des partenariats avec d’autres pays et organisations internationales pour partager les connaissances, les technologies et les bonnes pratiques en matière de transition énergétique. «En mettant en œuvre ces solutions, l’industrie textile marocaine pourra progressivement améliorer son efficacité énergétique, réduire ses émissions de gaz à effet de serre et contribuer à un avenir plus durable pour le Maroc», conclut-il.

Quel recyclage possible ?
D’entrée de jeu, il faut savoir que les textiles recyclés peuvent être utilisés pour fabriquer de nouveaux vêtements, des accessoires ou des articles ménagers, comme des sacs, des couvertures ou des tapis. «Ceci favorise une économie circulaire et réduit la dépendance aux matières premières vierges». Autres facteurs de succès, le rembourrage et l’isolation. En d’autres mots, les textiles recyclés sont déjà utilisés au Maroc pour le rembourrage de meubles, de matelas ou d’oreillers, et peuvent également être utilisés pour l’isolation thermique et acoustique dans le secteur du bâtiment. Challenger nos écosystèmes pour avoir de l’impact peut s’avérer efficace, notamment dans l’industrie automobile.

«Les textiles recyclés peuvent servir à la fabrication de sièges, de moquettes, de panneaux de portes ou d’autres éléments intérieurs des véhicules», fait savoir la source.

Idem pour l’industrie du papier, certains textiles peuvent être transformés en pulpe de cellulose pour la fabrication de papier ou de carton. Ansari voit grand, et pense à l’exportation. «Les textiles recyclés peuvent être exportés vers d’autres pays pour leur transformation ou leur utilisation, générant ainsi des revenus pour le Maroc». Pour soutenir et développer ces débouchés, le patron de l’Amith estime qu’il est essentiel de mettre en place des politiques et des réglementations favorables, de sensibiliser le public à l’importance du recyclage et de la gestion des déchets textiles, et de promouvoir la collaboration entre les différents acteurs du secteur. Il note également que le développement du secteur du recyclage textile peut générer de nouveaux emplois, notamment dans la collecte, le tri, le traitement et la transformation des déchets textiles.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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