Maroc

Stéphane de Lambard : «Grâce à la technologie, l’Afrique sautera plusieurs étapes»

Stéphane de Lambard, responsable du pôle Pré-vente en risques pour la Région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) chez SAS

L’Afrique est encore en retard sur l’émergence des objets connectés, mais certains pays font de grands pas en avant et pourront même accélérer leur développement dans plusieurs domaines, grâce à la technologie. C’est le point de vue de Stéphane de Lambard, responsable du pôle Pré-vente en risques pour la Région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) chez SAS.  

Les Inspirations ÉCO : On parle aujourd’hui beaucoup de cloud, d’objets connectés, etc. Quel en est l’utilité pour le grand public ?
Stéphane de Lambard : Spécifiquement, dans mon domaine, à savoir le risque, le cloud va aider à calculer plus vite et à traiter plus d’informations. Ce qui va donner lieu à une définition plus spécifique aux assureurs et les banquiers à prendre des décisions pour leurs clients. Cette nouvelle tendance va permettre d’avoir du nouveau dans le quotidien des gens, d’avoir des tarifications beaucoup plus individuelles. Par exemple, une boîte intelligente dans une voiture va capter votre consommation en kilomètres en fonction des routes. Ainsi, un assureur, qui a des tarifications différentes si la voiture roule en ville ou en milieu rural, va mieux affiner ses services.  

La généralisation du cloud et des objets connectés ne posent pas pour autant de risques, notamment en cas de problèmes de connexion par exemple ?
Pour nous, les valeurs qui viennent par les objets connectés sont tout simplement une autre source de données. L’une des premières choses que nous faisons, c’est d’essayer de capter aussitôt que possible, le fait qu’il y ait une coupure dans une source de données. Si le flux vient en continu, cela nous permet en même temps d’identifier plus rapidement les sources éventuelles de problème.

Quels sont les risques de votre activité en Afrique ?
Dans le secteur bancaire, nous notons que 80% des risques encourus par un opérateur sont liés au crédit. Notre apport consiste à l’aider à mieux identifier les facteurs de ces risques. Concernant, le secteur de l’assurance, il sera bouleversé par l’IFR17, qui permettra d’analyser les résultats des compagnies de ce secteur comme de ceux de toute autre entreprise. Aujourd’hui, à part l’Afrique du Sud, on sent que les pays africains ne sont pas encore prêts. L’Afrique est encore réticente à suivre le rythme que nous observons ailleurs dans le monde.

Avec le taux faible d’accès à l’internet en Afrique, pensez-vous que ces types de services peuvent être déployés sur le continent ?
En Afrique, il faut avant tout faire la différence entre trois grandes régions : il s’agit d’abord de l’Afrique du Sud, un pays qui est aujourd’hui à la pointe et qui est presque au même niveau que l’Europe. Ensuite, le Maghreb (Maroc-Algérie-Tunisie) qui vient en deuxième lieu et qui s’est bien adapté et n’est pas très différent de l’Europe du Sud. Vient enfin le reste de l’Afrique, qui se caractérise par un manque de points de connexion, induisant ainsi un certain retard dans le déploiement de certaines solutions.

Que préconisez-vous alors pour cette région ?
Je crois que la démocratisation du téléphone portable peut énormément aider à avoir accès à de nombreux services, notamment bancaires. Je suis convaincu que certains pays vont rapidement sauter des étapes grâce à la technologie.

Comment se portent vos activités africaines ?
La configuration rejoint le tableau que je décrivais tout à l’heure lorsque je parlais des différentes Afrique. Le risque est très basé sur l’aspect réglementaire. Et celle-ci est très forte en Afrique du Sud, qui suit le modèle britannique. C’est moins le cas au Maghreb, qui suit le modèle français, mais avec quelques années de retard. Le reste de l’Afrique, à part le Nigéria et le Kenya, vient loin derrière, car elle n’est pas toujours confrontée aux mêmes enjeux et problèmes. Le risque réglementaire est aussi très influencé par certaines grandes multinationales comme les Big 4.

Qu’en est-il du Maroc ?
Je crois que le Maroc est un peu en retard sur l’aspect réglementaire, probablement par manque d’experts au niveau du régulateur local. S’il n’y a pas une réglementation prête dans un pays, les banques et assureurs ont tendance à faire preuve de prudence, le temps qu’il y ait une exigence. Je pense que le Maroc doit franchir ce pas, bien qu’il ne soit pas le seul pays concerné par ce problème. C’est notamment le cas de la Turquie, malgré qu’il soit un pays proche de l’Europe. J’y vois sûrement les événements politiques et sécuritaires qu’ils ont vécus et qui font qu’ils n’arrivent plus à suivre le même rythme qu’avant. 



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