Maroc

Sociétés Régionales Multiservices : un levier d’investissement de 253 MMDH pour la réforme des services publics

À travers un vaste programme d’investissements étalé sur plusieurs années, les SRM entendent moderniser la distribution de l’eau et de l’électricité dans les régions du Royaume, rétablir l’équité territoriale et professionnaliser la gestion. Une réforme structurante qui ambitionne de transformer durablement l’architecture des services publics.

Devant la Chambre des représentants, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a révélé lundi que les Sociétés régionales multiservices (SRM), nouveau pilier de cette réorganisation, ont enclenché un programme d’investissement global de 253 milliards de dirhams. Une enveloppe colossale qui reflète l’ampleur des enjeux techniques, sociaux et territoriaux de cette transformation.

Une ambition structurée en plusieurs phases
Initiée dans un souci de rationalisation et d’efficacité, la création des SRM répond à un double impératif d’harmoniser la gouvernance du secteur et de corriger les déséquilibres historiques entre territoires. La première phase du déploiement a vu la création de quatre sociétés dans les régions de Casablanca-Settat, Souss-Massa, l’Oriental et Marrakech-Safi, rejointes récemment par celle de Rabat-Salé-Kénitra, opérationnelle depuis le 1er juin 2025.

L’ensemble des régions du Royaume seront couvertes avant fin 2025. Sur les cinq premières années de mise en œuvre, le taux de réalisation des investissements atteint déjà 32%, témoignant d’une dynamique d’exécution bien engagée. Pour la seule année 2025, plus de 13 MMDH hors taxes seront mobilisés, tandis que la période 2025-2029 prévoit près de 44 milliards d’investissements pour les premières SRM créées. Les priorités d’investissement sont claires, à savoir moderniser les infrastructures, sécuriser les approvisionnements, améliorer la qualité de service, et réduire les inégalités de traitement entre territoires.

Le ministre a insisté sur la nécessité de remédier à la fragmentation et au manque de coordination qui prévalaient sous l’ancienne organisation, marquée par une multiplicité d’intervenants. Ce cloisonnement générait non seulement des redondances, mais alimentait aussi des inégalités de service à l’échelle d’une même région.

Avec la création des SRM, une logique de territoire est privilégiée, soutenue par la mise en place de directions provinciales disposant de véritables pouvoirs de décision, permettant une gestion plus fine et plus réactive. Les anciennes agences des distributeurs privés ont été reprises, intégrées et redéployées sous la bannière des nouvelles entités publiques.

Une gouvernance renouvelée, un pilotage centralisé
Au-delà des infrastructures, le transfert concerne également les ressources humaines et les contrats en cours. L’objectif est d’assurer la continuité des services tout en sécurisant les droits des employés transférés. Un régime du personnel spécifique a été instauré pour garantir leur protection sociale et salariale, dans un esprit de continuité des droits.

La reprise des contrats d’exploitation et de sous-traitance en vigueur auprès des anciens opérateurs a aussi été organisée afin de maintenir le rythme des investissements en cours. Le cadre contractuel des SRM impose par ailleurs le maintien des tarifs antérieurs, une mesure destinée à désamorcer les critiques liées à d’éventuelles hausses des prix facturés.

Le ministre a d’ailleurs tenu à clarifier ce point, les augmentations constatées dans certaines factures ne relèvent pas d’un changement de grille tarifaire, mais de la régularisation de consommations antérieurement sous-estimées en raison d’un relevé irrégulier des compteurs. Les SRM, désormais, doivent facturer sur la base de relevés réels et réguliers, gage d’une plus grande transparence et d’une meilleure maîtrise par les usagers de leur consommation.

Pour accompagner cette réforme, le ministère de l’Intérieur a mis en place une société de développement des services publics de distribution, structure centrale chargée de l’harmonisation des procédures, de la coordination entre régions et de la promotion de projets communs. Elle intervient en soutien aux groupements de collectivités territoriales actionnaires des SRM et veille à garantir l’équité territoriale et l’efficacité de l’exploitation.

L’objectif est d’unifier les standards de gestion, d’optimiser les ressources et de favoriser les économies d’échelle dans les achats, les prestations techniques ou encore la relation client. L’ensemble de ce dispositif s’inscrit dans une logique de transformation profonde du modèle de gestion des services publics de proximité, selon une approche décentralisée mais pilotée.

Les SRM incarnent un tournant dans l’approche des politiques publiques territoriales. Leur création répond à des impératifs d’efficacité, de bonne gouvernance, mais aussi à une attente forte des citoyens en matière de qualité de service. Les enjeux sont considérables : il s’agit non seulement de moderniser la gestion d’un service vital, mais aussi de renforcer la confiance entre usagers et institutions. La prise en compte des réclamations, la proximité avec les clients via les agences régionales, et la transparence sur la facturation participent de cet effort de reconstruction du lien de service public.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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