Maroc

Séisme : Rabat au lendemain de l’épreuve

Bâtiments réduits en ruines, moyens de communication coupés, bilan humain lourd… Le séisme qui a frappé la province du Haouz dans la nuit du 8 septembre a laissé des traces. À Rabat, comme dans toutes les villes où l’onde de choc a été ressentie, l’inquiétude était le sentiment dominant. Retour sur une nuit de chaos.

Aussitôt les premières secousses ressenties, les rues de la capitale, à l’instar des autres villes, se sont emplies d’âmes inquiètes, sortant de leurs maisons dans l’obscurité, cherchant refuge dans l’union et la solidarité. La peur était palpable, d’autant plus exacerbée par la perte de réseau. Certains ont trouvé refuge dans leurs voitures, d’autres, plus nombreux encore, se sont rassemblés dans des zones désignées, comme à proximité du lycée Descartes. Les voix se mêlaient aux murmures des prières. Les visages tendus par l’incertitude cherchaient du réconfort dans le regard rassurant de leurs voisins.

Néanmoins, les initiatives n’ont pas tardé à émerger. Dès le lendemain, il a été décidé sous les directives de Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale, et de Raouf Mohsine, directeur du CHU Ibn Sina, d’organiser une campagne de don de sang. Tous les membres du personnel de chaque hôpital ont été fortement encouragés à participer en masse à cet événement qui s’est tenu dimanche dernier à l’hôpital Ibn Sina. De même, la Fondation Shifa a mis en place une campagne nationale visant à offrir un soutien psychologique en proposant des consultations psychologiques aux personnes affectées par le séisme.

Le Maroc est-il prêt logistiquement ?
Depuis le drame, la fragilité des immeubles interroge. Pour Thierno Aliou Bah, directeur du bureau de contrôle technique Sectob, le Maroc est bien préparé. «Grâce aux nouvelles constructions en béton armé, il n’y a pas eu de problèmes majeurs. Quelques fissures sont apparues, mais il s’agissait en fait de joints de dilatation prévus et conformes aux réglementations. Le Maroc dispose d’une bonne préparation pour faire face à de telles catastrophes», rassure notre interlocuteur. En ce qui concerne l’application des mesures et des normes, notre source affirme qu’elles sont obligatoires.

«Les normes parasismiques RPS 2000 et 2010 sont appliquées avec rigueur, il y a un zonage strict et de nombreux contrôles», précise-t-il.

Selon lui, il est aujourd’hui impossible de construire sans respecter ces normes, car les attestations sont systématiquement demandées à la fin du processus. Thierno Aliou Bah souligne que les dégâts ne sont pas aussi graves que ceux survenus en Turquie en février.

«Bien que d’une ampleur et d’une magnitude à peu près similaires, de nombreux immeubles se sont effondrés là-bas, ce qui n’a pas été le cas ici. Ce qui s’est effondré ce sont les anciennes constructions en terre ou en pierre, qui ne sont pas soumises à la réglementation parasismique. La Koutoubia par exemple, construite il y a sept siècles, a résisté grâce à des ajouts de pierres, de terre et de bois», précise notre source.

Entre appréhension et espoir
Avec le nombre de victimes qui ne cesse de grimper, et le caractère inédit de ce séisme qui s’est déclaré à l’intérieur du pays, chaque bruissement du sol inquiète. Des craintes alimentées par des spéculations sur les répliques du séisme. Kalai Tlemcani Mohammed, expert géophysicien, nous explique qu’il est tout à fait normal de s’attendre à des répliques après un séisme. Il souligne que leur intensité ne devrait pas surpasser celle du tremblement initial.

«Certains bâtiments, déjà fragilisés par la première secousse, risquent de s’effondrer en cas de réplique. La première secousse a été mesurée à une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter. Prédire les répliques reste difficile, car il s’agit d’un processus de réajustement tectonique visant à stabiliser la structure sollicitée», explique l’expert.

Mobilisation nationale
Dès les premières heures qui ont suivi le séisme, des équipes de secours se sont déployées dans les zones touchées. Les services d’urgence, les forces armées et de nombreux volontaires locaux ont uni leurs forces pour porter secours aux victimes. Des collectes de vêtements, de produits de première nécessité et de denrées alimentaires ont été organisées pour soutenir les sinistrés.

«Nous avons mis en place un centre de stockage à Marrakech, un entrepôt spacieux où nous acheminons tout ce que nous parvenons à collecter à Casablanca, Rabat et Marrakech. Nous attendons que les autorités évaluent l’ampleur des dégâts et les besoins avant de prendre des mesures. Heureusement, nous avions déjà acheté des couvertures pour l’hiver, ce qui nous a permis d’envoyer trois camions. Nous lançons des appels aux dons via les réseaux sociaux, que ce soit des dons financiers pour acheter le nécessaire, ou des dons matériels tels que des tentes, des denrées alimentaires, des couvertures et des médicaments», nous confie Hind Laïdi, directrice de l’association Jood.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO



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