ONDA 2025-2030 : un plan d’envergure pour faire décoller les aéroports du Maroc

Avec un investissement inédit de 38 milliards de dirhams sur cinq ans, le Maroc amorce une transformation ambitieuse de ses infrastructures aéroportuaires. Ce chantier stratégique, fruit d’un protocole d’accord signé entre le gouvernement et l’ONDA, vise à tripler la capacité d’accueil du réseau national à l’horizon 2030, dans la perspective de la Coupe du monde et de l’essor touristique.
De nouveaux terminaux, un aéroport international à Casablanca, des pistes agrandies et des millions de passagers attendus. Le ciel marocain s’apprête à changer d’échelle. Le 24 juillet 2025, le gouvernement et l’Office national des aéroports (ONDA) ont scellé un accord historique pour accompagner la dynamique de croissance du transport aérien dans le Royaume.
À l’horizon 2030, la capacité du réseau aéroportuaire devrait passer de 34 à 80 millions de voyageurs par an. Une ambition nationale portée par un plan d’investissement de 38 milliards de dirhams et un modèle de financement innovant.
Une infrastructure au service d’un Maroc ouvert sur le monde
Derrière cette signature, c’est toute une vision qui se dessine. Celle d’un Maroc «pleinement ouvert sur le monde» selon les mots d’Adel El Fakir, directeur général de l’ONDA, qui voit dans ce protocole un levier pour «ériger le Royaume en véritable leader en Afrique».
Le plan ONDA-2030 prévoit à la fois la construction d’un nouvel aéroport international à Casablanca et l’extension de sept aéroports dans les villes qui accueilleront des matchs de la Coupe du monde 2030.
Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a salué une démarche qui «s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement de la dynamique de développement et de la préparation du secteur du transport aérien pour être au niveau des aspirations de notre pays et des défis qu’il engage pour les prochaines années».
Une réponse aux impératifs touristiques et économiques
Le programme touche un secteur clé : le tourisme. «Ce projet revêt une importance capitale pour le secteur du tourisme, sachant que 70% des visiteurs accèdent au Maroc par voie aérienne», a souligné Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme. L’objectif est clair : accueillir 26 millions de touristes dans les meilleures conditions à l’horizon 2030. Mais les retombées attendues dépassent le tourisme.
Selon Abdessamad Kayouh, ministre du Transport, le protocole «vise à accompagner l’essor économique et social que connaît le Royaume» tout en «répondant à la forte demande touristique à l’horizon 2030 et au-delà».
Un financement structuré sans recours à la garantie de l’État
Pour mener à bien ce chantier colossal, un schéma de financement original a été mis en place. Il repose sur la titrisation des redevances versées par l’ONDA à l’État pour l’occupation du domaine public, un mécanisme permettant de lever 5 milliards de dirhams.
«Ce mécanisme tend à renforcer les capacités financières de l’Office, sans recourir à la garantie étatique», a précisé Abdellatif Zaghnoun, directeur général de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État.
Ces fonds propres consolidés permettront ensuite à l’ONDA de mobiliser d’autres ressources sur les marchés financiers, marocains ou internationaux.
Une nouvelle génération de service public
La répartition de l’enveloppe budgétaire de 38 milliards de dirhams est stratégique : 25 milliards seront consacrés à la construction d’un terminal HUB et d’une piste à Casablanca, ainsi qu’au développement des aéroports de Marrakech, Agadir, Tanger et Fès. Les 13 milliards restants financeront la maintenance, la modernisation et l’acquisition foncière pour garantir la pérennité du réseau.
L’ambition est aussi qualitative. L’ONDA s’engage à incarner «une nouvelle génération de service public, tournée vers l’excellence, l’innovation et l’impact positif», selon le communiqué officiel. Cette modernisation vise à positionner le Maroc comme hub régional pour le fret, les correspondances et les grands événements mondiaux.
Abdellatif Zaghnoun
DG de l’ANGSPE
«Ce mécanisme de financement vise à renforcer les fonds propres de l’ONDA à travers un dispositif de titrisation des redevances aéroportuaires versées par l’Office à l’État en contrepartie de l’occupation du domaine public».
Vers un hub aérien africain de référence
En accélérant le déploiement de sa stratégie aéroportuaire, le Maroc ne répond pas seulement aux impératifs de croissance. Il cherche aussi à consolider sa position géostratégique, entre Europe, Afrique et monde arabe. Le renforcement du hub de Casablanca et l’amélioration des infrastructures régionales permettront à la Royal Air Maroc d’absorber la croissance du trafic et de gagner en compétitivité.
Cette vision s’inscrit dans un contexte global de repositionnement du transport aérien africain, où le Maroc entend jouer un rôle moteur. Les investissements consentis, la montée en gamme des services et la gouvernance financière prudente pourraient faire de l’ONDA un modèle régional dans les années à venir.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO