Maroc

Séisme d’Al Haouz : un impact économique certain

En attendant les premières estimations officielles, il est certain que ce séisme va lourdement impacter certaines activités économiques dans les régions touchées, notamment à l’approche du début de la campagne agricole. 

Aucune estimation officielle n’est encore disponible, mais tout le monde est unanime sur une chose : le séisme d’Al Haouz va avoir un impact économique certain. L’État devra rapidement se déployer pour assurer la reconstruction des villages détruits, surtout dans les régions montagneuses du Haut et Anti-Atlas. Cela, d’autant plus que nous sommes à quelques jours de l’automne, période durant laquelle le froid commence déjà à se faire sentir dans ces zones montagneuses et reculées. C’est aussi la période qui marque le début de la campagne agricole, qui risque de connaitre un mauvais départ cette année dans cette partie du Royaume.

D’ailleurs, c’est sur cette priorité sur laquelle le Roi Mohammed VI a mis l’accent après les opérations de sauvetage, lors de la réunion de travail qu’il a présidée à Rabat au lendemain du séisme. En effet, la commission interministérielle mise sur pied lors de cette rencontre est chargée «du déploiement d’un programme d’urgence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits au niveau des zones sinistrées, dans les meilleurs délais».

Impact sur l’immobilier
Le Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA) s’est d’ailleurs réuni dès samedi pour désigner une commission d’inspection sur les lieux du séisme, afin d’évaluer les dégâts. «Il y a plusieurs centaines de maisons démolies et la perte d’un patrimoine historique énorme. Nous allons partir sur place et voir comment nous pouvons intervenir et aider. Nous allons commencer par faire un diagnostic et faire en sorte que cela ne se reproduise plus», indique Chakib Benabdellah, président du CNOA.

En tout cas l’enjeu est de taille et les défis énormes, surtout que la plupart des bâtiments impactés se trouvent en milieu rural, où les normes de construction sont généralement ignorées. En milieu urbain, il faut quand même reconnaitre que les constructions ont quand même tenu face à la force de ce séisme. Des propriétaires et habitants ont certes eu peur d’éventuels effondrements, mais il n’y a pas de dégâts majeurs à signaler dans les villes touchées.

Reprise des activités
Pour le moment, il faut noter que le Roi Mohammed VI a donné ses instructions pour «l’encouragement des opérateurs économiques en vue d’une reprise rapide des activités au niveau des zones concernées». Sur le plan économique toujours, et afin de soutenir l’effort public, il a été décidé de l’ouverture d’un compte spécial auprès du Trésor et Bank Al Maghrib, en vue de recevoir les contributions volontaires de solidarité des citoyens et des organismes privés et publics.

Parmi les mesures prises également, la pleine mobilisation de la Fondation Mohammed V pour la solidarité, dans toutes ses composantes, à l’effet d’apporter soutien et accompagnement aux citoyens dans les zones touchées. La constitution de réserves et stocks de première nécessité (médicaments, tentes, lits, aliments …) au niveau de chaque région du royaume pour parer à tout type de catastrophe devient également une obligation.

TAOUFIK MOURABIT,
Sismologue

«Le règlement parasismique doit être revu dans la zone du séisme»

D’un point de vue scientifique, comment expliquez-vous ce séisme qui vient de se produire dans le Haut-Atlas ?
Du point de vue géologique, cela est la conséquence du rapprochement entre les plaques européenne et africaine. Ce rapprochement induit du stress et crée une force de l’écorce terrestre et cette force se libère de temps en temps par des glissements au niveau des failles et c’est cela qui crée un tremblement de terre. C’était le cas cette fois également et la conséquence est qu’il s’agit du tremblement de terre le plus puissant qu’ait connu le Maroc. Il faut dire que notre pays est traversé par une très large zone allant de la côte Atlantique depuis Agadir jusque dans la région d’Al Hoceima, qui est la partie la plus risquée.

Est-ce qu’il faut alors revoir le règlement parasismique dans cette partie du pays ?
Avec cette nouvelle donne, certainement les choses doivent changer. Le règlement parasismique doit être revu, afin de classer cette région où le système a eu lieu comme une région à plus haut risque. Cela dit, il ne faut pas forcément dire que c’est parce que c’est une zone montagneuse que la région est plus dangereuse. Il y a certes des amplifications du mouvement sismique local qui vont aggraver les dommages, en raison des glissements et malheureusement de la qualité des constructions.

Faut-il alors craindre des répliques dévastatrices, notamment dans les zones proches de l’épicentre ?
Les répliques sont naturelles en cas de forts séismes. Cela peut générer des dégâts car les édifices sont généralement affaiblis par le premier coup. Les bâtiments sont fissurés et d’autres sont sur le point de céder. Il ne faut pas paniquer pour autant. Il faut juste établir un diagnostic rapide de l’habitat et voir s’il est endommagé ou pas. S’il est intact, cela veut dire qu’il a bien résisté. Si des fissures sont constatées, alors il faut s’en tenir aux recommandations des autorités et des ingénieurs du génie-civil qui peuvent les diagnostiquer et donner une idée sur l’habitabilité. Pour ce qui est des grandes infrastructures comme les barrages, leur construction obéissent habituellement à des normes rigoureuses de construction. Donc je ne pense pas que ce type d’infrastructures soit impacté par ce tremblement de terre.

Abdallah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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