Santé : l’UPF sur le terrain de la micronutrition
La malnutrition, plus meurtrière que le tabac ou l’alcoolisme, constitue la première cause de mortalité mondiale. Lors d’une conférence à l’Université privée de Fès, le docteur Smail Aazza s’est livré à un réquisitoire contre les mauvaises habitudes alimentaires responsables de cancers, diabète et maladies cardiovasculaires.
La malnutrition, première cause de mortalité dans le monde avant même le tabagisme et l’alcoolisme. Un constat alarmant dévoilé lors d’une conférence organisée dernièrement à l’Université privée de Fès (UPF). Face à un parterre d’étudiants en sciences paramédicales et techniques de santé, Dr Smail Aazza, spécialiste en nutrition, a dressé un réquisitoire contre les mauvaises habitudes alimentaires, responsables d’une véritable «bombe à retardement» sanitaire. Cancers, diabète, maladies cardiovasculaires… Le conférencier a décortiqué sans concession les innombrables ravages d’une alimentation déséquilibrée, déconstruisant au passage de nombreux mythes tenaces.
Sous le thème «La micronutrition au cœur de la santé : prévention des maladies et épanouissements», Dr Smail Aazza, qui est professeur en physiologie et pharmacologie, a mis en garde contre les maladies d’affections liées à une ignorance en matière nutritionnelle.
Deux erreurs sont trop souvent commises selon lui, «l’ignorance des bienfaits de certains aliments et des dangers liés à la consommation de certaines denrées». Le spécialiste en nutrition a ainsi appelé les consommateurs à la vigilance, les exhortant à «vérifier ce qu’on achète». Certains produits censés être sains, comme les fromages allégés, contiennent en réalité trop de glucose et de graisses végétales hydrogénées, les rendant nocifs pour la santé.
Au cours de son intervention, le conférencier n’a eu de cesse de rappeler l’importance cruciale d’une alimentation équilibrée. Citant des études récentes, il a affirmé qu’au niveau mondial, la malnutrition est la première cause de maladies et de décès, devant le tabagisme, la sédentarité ou l’alcoolisme.
La malbouffe plus meurtrière que le tabac
Malgré les progrès fulgurants de la médecine ces dernières décennies, les maladies chroniques et métaboliques persistent, signe que l’alimentation reste la clé d’une bonne santé. Le Dr Aazza a illustré ses dires en évoquant une récente évaluation menée dans 195 pays, qui a révélé que les mauvaises habitudes alimentaires causent plus de décès que tout autre risque à l’échelle planétaire.
S’appuyant sur la célèbre maxime d’Hippocrate, «La mauvaise digestion est la racine de tous les maux», le professeur s’est attardé sur le rôle primordial de l’intestin, véritable plaque tournante de l’absorption des nutriments par l’organisme.
«Ce qui compte n’est pas de manger un aliment riche en fer ou en vitamines, mais sa bioaccessibilité, c’est-à-dire la partie qui sera effectivement dégradée et absorbée au niveau intestinal», a-t-il expliqué, précisant qu’un nutriment n’est jamais absorbé à 100%.
Déconstruire les mythes sur l’alimentation
Le conférencier n’a pas manqué de démonter certaines idées reçues tenaces en matière d’alimentation. Il a ainsi remis en cause les recommandations des 100 dernières années préconisant de privilégier les graisses végétales au détriment des graisses animales, pourtant démenties par la recherche scientifique récente.
Dans cette optique de déconstruire les mythes, Dr Aazza a plaidé pour la généralisation des formations en sciences de l’alimentation, un créneau où le Maroc accuse un important déficit. Une recommandation que l’UPF semble avoir déjà anticipée en organisant des manifestations scientifiques et académiques au profit de ses étudiants.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO