Santé au Maroc : les recommandations de l’OCDE
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Maroc est un bon élève dans le domaine sanitaire. «Depuis plusieurs années, le royaume a amélioré ses performances de santé, qui se sont traduites par la hausse de l’espérance de vie et la réduction du fardeau des maladies transmissibles. Toutefois, des efforts restent nécessaires, c’est pourquoi il faut renforcer la dépense publique de la santé», affirme l’organisation dans une étude qu’elle a publiée en début de semaine. Cet effort serait notamment nécessaire pour atteindre certaines cibles des Objectifs de développement durable (ODD) ou pour œuvrer contre les disparités régionales dans l’offre de soins», estime l’étude intitulée «Mobilisation des recettes fiscales pour le financement de la santé au Maroc». Il serait également utile pour juguler le poids de la transition épidémiologique et du vieillissement de la population avec la multiplication par trois des personnes de plus de 65 ans entre 2020 et 2060, qui augmenteraient les dépenses de santé et menaceraient les équilibres budgétaires des caisses de l’assurance maladie obligatoire.
Les dépenses de santé devraient passer à 8,2% du PIB
«Tous ces défis soulignent le besoin de renforcer la dépense de la santé. Pour se rapprocher des cibles des ODD 3 en 2030, le Maroc devrait augmenter le niveau des dépenses de santé de 2,5 points de pourcentage de PIB, pour atteindre 8,2% du PIB, dont 2,2 points de pourcentage pour la dépense publique», préconise l’étude. Cette hausse permettrait d’augmenter les dépenses de santé par habitant de 170 dollars en 2016 à 419 dollars en 2030, de multiplier par 2,6 le nombre de médecins et par 3,6 le personnel médical, sous réserve de garder des politiques de santé relatives aux ressources humaines identiques. «Ceci équivaudrait à une hausse sur la période de 107 MMDH (7,7 MMDH de hausse annuelle), dont 77 MMDH pour la dépense publique (5,5 MMDH de hausse annuelle), soulignent les auteurs de l’étude. L’analyse sur une longue période montre que la croissance des dépenses totales de santé est tirée par le financement public, et que la croissance des dépenses publiques de santé est tirée par la croissance économique et la priorisation du secteur de la santé au sein du Budget général de l’État.
Deux axes d’action sont nécessaires
Selon les experts de l’OCDE, deux axes d’actions seront nécessaires pour financer la hausse des dépenses publiques de santé. D’une part, il s’agira d’améliorer la conception des cotisations sociales pour l’assurance maladie obligatoire. D’autre part, il faudra avoir un recours accru aux recettes fiscales, avec une amélioration de la conception de chaque impôt, notamment ceux ayant des liens plus marqués avec le secteur de la santé, comme les taxes intérieures de consommation, de par leurs influences sur le comportement des consommateurs, et la fiscalité environnementale de par l’impact indirect sur la santé des populations. Toutefois, si la hausse des ressources publiques pour la santé est nécessaire à moyen terme, celle-ci ne pourra pas être réalisée dans les conditions actuelles. Il s’agira au préalable de renforcer l’efficience et la maîtrise de la dépense publique de santé, mais aussi de soutenir le développement du secteur privé opérant dans le secteur de la santé sans que cela se traduise nécessairement par de nouvelles incitations fiscales, recommande l’étude. À signaler que cette étude entre dans le cadre d’un projet conjoint entre le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le Centre de politique et d’administration fiscales (CPAF) de l’OCDE, visant à analyser les capacités des pays en matière de mobilisation des recettes fiscales pour le financement de leur système de santé, en particulier pour le financement de la lutte contre les trois maladies précitées. Elle a démarré avec deux pays pilotes : le Maroc et la Côte d’Ivoire.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco