Sanchez et Merkel valident le soutien au Maroc
Les deux dirigeants ont annoncé que des négociations sont en cours avec la Commission européenne pour la mise à disposition de ressources financières nécessaires visant à aider le Maroc en matière de gestion de flux migratoires.
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont souligné samedi dernier à Sanlúcar de Barrameda (Espagne), la nécessité d’intensifier la coopération de l’Union européenne (UE) avec le Maroc dans le domaine migratoire. Lors de la conférence de presse conjointe donnée au terme de la réunionlavec Angela Merkel sur l’entrée en vigueur de l’accord signé le 6 août 2017, Pedro Sanchez a notamment déclaré que «le Maroc est en train de souffrir de la pression des flux migratoires provenant d’Afrique subsaharienne et par conséquent, nous avons besoin de renforcer notre coopération non seulement avec les pays d’origine mais aussi de transit comme le royaume». Le patron de l’Exécutif espagnol a également rappelé à cette occasion que les conclusions du Conseil européen tenu en juin dernier «reflètent l’engagement de l’ensemble des institutions communautaires et des États membres de l’UE quant à la nécessité de renforcer la coopération avec le Maroc et de conférer au royaume le rôle clé qui lui incombe dans la gestion des flux migratoires». Dans ce cadre, il a annoncé que des négociations sont en cours avec la Commission européenne pour la mise à disposition de ressources financières nécessaires afin d’aider le Maroc en matière de gestion de flux migratoires, notamment à travers une plus grande implication financière dans le Fonds fiduciaire européen pour l’Afrique d’où proviennent les fonds destinés spécifiquement au Maroc pour le contrôle des frontières.
Sanchez a par ailleurs relevé que l’Espagne et l’Allemagne défendent une politique migratoire européenne «transversale, horizontale et holistique» fondée sur le renforcement de la coopération de l’UE avec les pays d’Afrique, notamment ceux du nord du continent, non seulement dans le domaine de la migration mais également dans celui du développement. Abondant dans le même sens que son hôte, Angela Merkel a de son côté souligné que «la migration est une question qui pose sérieusement problème à l’Union européenne. C’est un défi que nous devons affronter de manière conjointe puisqu’aucun pays ne peut prétendre en être à l’abri». Selon elle, «l’Europe ne doit pas seulement parler de l’Afrique mais aussi avec l’Afrique pour juguler le phénomène migratoire et apporter une position commune lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement prévu à Salzbourg en septembre».
Pour commencer, l’UE doit intensifier sa coopération avec le Maroc en matière migratoire et consolider les fonds de coopération destinés au royaume et à la Tunisie, «des pays frontaliers qui ont besoin d’aide» en la matière, a-t-elle ajouté. La chancelière allemande a également noté que «le Maroc, qui joue un rôle très important dans la question de la migration, est aussi un pays partenaire avec lequel nous avons des relations économiques et des contacts très étroits». C’est pourquoi, a-t-elle poursuivi, l’Allemagne, qui travaille depuis des années avec le royaume sur des questions liées au développement veut contribuer à soutenir le Maroc face au défi migratoire. Par ailleurs, force est de noter que l’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée des migrants dans l’UE. Le pays situé à quatorze kilomètres des côtes de l’Afrique du nord dépasse largement l’Italie qui leur ferme désormais ses portes. Plus de 23.000 migrants sont arrivés depuis janvier par la mer Méditerranée en Espagne, plus que sur l’ensemble de l’année dernière, selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Des centaines de migrants déplacés…
En attendant l’arrivée des fonds d’aide de l’UE, le Maroc essaie à sa manière de contenir les flux migratoires, majoritairement en provenance d’Afrique subsaharienne. Les autorités marocaines auraient déplacé des centaines de migrants ces derniers jours en les chassant de campements ou logements dans le nord du royaume, a-t-on appris samedi auprès d’une association tangéroise de défense des droits de l’homme. «C’est une opération menée dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale», a pour sa part déclaré à l’AFP un responsable parlant au nom des autorités locales de Tanger. Selon lui, entre 1.600 et 1.800 personnes ont été «déplacées vers des villes où les conditions de vie sont meilleures». Un rapport récemment publié par le département d’État américain notait pour sa part que, même si ce type d’opérations a été réduit ces dernières années, le Maroc «continue de mener régulièrement des déplacements forcés de migrants en situation irrégulière à l’intérieur de son territoire, notamment depuis Nador».