Sahara marocain. Retour à la case départ ?

Le départ de Horst Köler pourrait endiguer la dynamique positive, notamment depuis l’adoption de la résolution américaine de l’ONU.
«Le secrétaire général Antonio Guterres regrette profondément cette démission mais dit la comprendre parfaitement et transmet ses meilleurs voeux à l’émissaire». En fonction depuis juin 2017, l’allemand Horst Köhler, l’émissaire de l’ONU pour le Sahara, âgé de 76 ans, a démissionné de ses fonctions «pour raison de santé», ont annoncé mercredi les Nations Unies dans un communiqué, ne donnant par ailleurs aucune précision sur les problèmes de santé de l’ancien président allemand.
Une décision que le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale a pris note, «avec regret», rendant hommage à Köhler pour les «efforts qu’il a déployés depuis sa nomination en août 2017, saluant la constance, la disponibilité et le professionnalisme avec lesquels il s’est acquitté de ses fonction». Le Maroc réitère son soutien aux efforts du Secrétaire général des Nations Unies en vue du règlement du différend régional autour du Sahara et rappelle qu’il demeure «engagé pour parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable, basée sur le compromis, dans le cadre de l’Initiative d’autonomie»
Il faut dire que depuis sa prise de fonctions, Horst Köhler a laborieusement essayé de relancer la recherche d’une solution pour le Sahara. Après six ans d’interruption de dialogue, il avait réussi à faire reprendre langue aux parties concernées, notamment en réunissant en Suisse à deux reprises – en décembre puis en mars – le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. Une troisième rencontre était envisagée pour les prochains mois sans qu’aucune date n’ait toutefois été arrêtée à ce stade. Fin mars, Horst Köhler avait jugé que les positions restaient «fondamentalement divergentes». Dans son communiqué mercredi, l’ONU souligne que le secrétaire général, qui remercie son émissaire pour son travail, «remercie également les parties et les États voisins pour leur engagement dans le processus politique visant à trouver une issue au conflit». Un processus politique que les puissances du siégeant au Conseil de sécurité de l’ONU ont adoubé. Malgré les circonvolutions sud-africaines, l’ONU a renouvelé pour six mois sa mission de paix au Sahara par 13 voix sur 15. «La proposition marocaine d’une autonomie pour le Sahara est une base sérieuse et crédible pour des discussions», avait notamment martelé Anne Gueguen, ambassadrice française adjointe à l’ONU.
La résolution évoquait la recherche d’une solution réaliste et pragmatique. Le texte établissant un lien clair entre «compromis et autodétermination», indiquant que l’autonomie sous souveraineté marocaine était la meilleure solution pour le territoire. Mais le départ de Köhler risque d’endiguer encore le processus. Ce dernier s’est d’ailleurs montré positif, assurant qu’une «solution pacifique à ce conflit est possible». Il assure que d’après ses constats discussions, personne ne gagne à maintenir le statu quo». Présentée par l’ONU comme un «premier pas vers un processus renouvelé de négociations en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable», la réunion à Genève s’est tenue dans «une atmosphère d’engagement sérieux et de respect mutuel». Sans le catalyseur de l’ex-émissaire, la prochaine réunion pourrait être renvoyée aux calendes grecques…