Maroc

Royal Air Maroc: licenciements, flotte, départs… les détails du plan social

Après la première phase du plan social, portant sur les départs volontaires, Royal Air Maroc active la deuxième étape qui concerne les licenciements économiques. Détails.

Après la série de critiques formulées récemment à l’égard de leur employeur, Royal Air Maroc (RAM), et le plan social dicté par le gouvernement, les représentants de l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) ont vraisemblablement raté une occasion de se réunir avec le management de la compagnie nationale pour trouver une issue consensuelle à leurs attentes. Alors qu’un Comité d’entreprise de Royal Air Maroc portant sur le plan social était programmé mardi dernier, les représentants du personnel, notamment ceux affiliés à l’UMT, et les délégués des pilotes ont manqué à l’appel. La réunion a, malgré tout, été tenue et ses conclusions actées par des huissiers de justice, conformément aux dispositions légales. Par ailleurs, une lettre signée par le cabinet d’avocats de la compagnie, adressée au représentant légal de l’AMPL, déplore la position «regrettable» des délégués des pilotes et des représentants de l’UMT.

Le cabinet Bassamat Laraqui, en l’occurrence, affirme dans sa correspondance que «cette attitude dénote de la volonté manifeste de vos clients de ne pas participer au dialogue social, seul susceptible de permettre la recherche de solutions efficaces et efficientes, aux problématiques économiques et sociales majeures résultant de la crise majeure que traverse la compagnie».

Dans la même lignée, un syndicaliste consulté sur son avis à propos de l’approche des représentants des salariés de RAM estime que le «boycott de ce genre de réunions n’est pas forcément la bonne méthode pour gérer les négociations». Selon lui, les réunions de ce genre permettent d’engager le dialogue social et pourquoi pas, d’éviter la phase fatidique des licenciements économiques autorisés par la loi dans les circonstances actuelles. En tout état de cause, le comité d’entreprise de RAM a entériné la décision du passage à la phase de licenciement économique. «La solution de recourir à des licenciements pour motifs économiques est aujourd’hui dictée par la nécessité de sauver la compagnie», précise la lettre du cabinet Bassamat Laraqui. Dans le détail, cette deuxième et dernière phase du plan social de RAM, concerne 740 employés, dont 140 pilotes. Comment s’opérera ce processus? Royal Air Maroc déploiera ce plan de licenciements, en fonction de l’activité et de la réduction de l’outil du travail (30% de réduction de la flotte), apprend-on de source syndicale. Seront donc concernés les pilotes et le PNC (personnel naviguant commercial), notamment les stewarts et les hôtesses de l’air…, puis une partie du personnel au sol. Faut-il le rappeler, le plan social de RAM vise la suppression de quelques 900 postes et la réduction de la flotte de la compagnie de 30% (20 avions). La première phase dudit plan social a traité des départs volontaires en faveur du personnel âgé de plus de 57 ans ayant au moins une quinzaine d’années d’expérience. «160 demandes (dont 40 pilotes) ont été enregistrées. Ces dossiers remplissent en majorité les conditions requises», précisent nos sources.

Le plan social, condition sine qua non de l’État

Afin d’assurer la reprise de l’activité de la compagnie nationale, l’État a posé des conditions pour financer son bras aérien qui ne va réaliser que 30% au maximum de son activité normale. Compte tenu de la fragilité de la situation financière de Royal Air Maroc, et pour la sauver du gouffre financier, le gouvernement a donc exigé l’immobilisation de 30% de la flotte de RAM, en prévision de la baisse de l’activité du marché aérien. L’État injecte donc un soutien financier de 6 MMDH. RAM devrait contracter auprès du marché financier, des crédits avec intérêt d’un montant de 2,6 MMDH sous garantie de l’État. Quant aux 3,4 MMDH restants du montant global annoncé, ils ne seront pas débloqués dans l’immédiat. D’ailleurs, la forme de déblocage de cette somme n’a pas encore été arrêtée, elle sera étalée sur plusieurs années.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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