Maroc

Retour de Donald Trump : une nouvelle ère pour les relations Maroc-USA ?

La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis marque un tournant dans les relations maroco-américaines. Entre élargissement des partenariats stratégiques, enjeux économiques et diplomatie, Rabat espère maintenir ses acquis tout en naviguant dans les eaux parfois imprévisibles de la politique américaine.

C’est historique. Donald Trump, au sommet de sa puissance politique, fait son grand retour à la Maison-Blanche, suscitant une onde de choc à l’échelle mondiale. Le magnat de l’immobilier a prêté serment hier pour un second mandat, avec la promesse de gouverner «à une vitesse et avec une force sans précédent» pour remettre l’Amérique sur les rails.

À 78 ans, il devient le président le plus âgé à occuper le Bureau ovale, prêt à mettre en œuvre une série de réformes radicales dès ses premiers jours à la tête du pays.

Pour le Royaume, ce retour pourrait marquer un tournant dans ses relations avec les États-Unis, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités stratégiques tout en apportant son lot de défis. Alors, comment un second mandat de Trump pourrait-il renforcer ou transformer les relations stratégiques entre les deux nations, après des gestes historiques qui ont marqué le premier passage du président républicain à la Maison-Blanche ?

Un retour qui fait écho à une décision historique
L’annonce du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche suscite des réactions mitigées à travers le monde. Pour le Maroc, la nouvelle est accueillie avec un espoir mêlé de prudence. En 2020, l’administration Trump avait gravé dans l’histoire des relations maroco-américaines la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur son Sahara, un geste considéré comme une victoire diplomatique majeure.

Cette décision avait également ouvert la voie à des projets ambitieux, notamment la perspective de l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, encore attendue.

«Nous espérons que ce second mandat permettra de renforcer les acquis, en particulier sur la question du Sahara, une priorité absolue pour le Royaume», souligne Abdelhafid Oulalou, vice-président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI).

Il rappelle que la politique étrangère marocaine est intrinsèquement liée à la marocanité du Sahara.

Des relations économiques sous le signe du pragmatisme
Depuis la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange (ALE) en 2006, les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une expansion notable, atteignant 5,5 milliards de dollars en 2023. Si les exportations marocaines ont triplé depuis l’instauration de cet accord, le déficit commercial persistant (47,6 milliards de dirhams) demeure préoccupant.

Le secteur agricole, fer de lance des relations bilatérales, illustre le potentiel de la coopération entre Washington et Rabat, avec des échanges estimés à 900 millions de dollars en 2023. Toutefois, comme le rappelle Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX, «les intérêts géopolitiques priment souvent sur les bénéfices économiques réels». La hausse des taxes douanières sous Trump lors de son premier mandat restent également un sujet d’inquiétude.

Une coopération militaire au cœur de la stratégie régionale
Les exercices conjoints «African Lion», qui réunissent annuellement plusieurs nations africaines, incarnent le partenariat stratégique entre Rabat et Washington dans le domaine militaire. Ces manœuvres renforcent les capacités régionales en matière de sécurité et mettent en lumière le rôle stabilisateur du Maroc en Afrique du Nord.

Le positionnement géopolitique du Royaume, comme pont entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, trouve un écho favorable auprès de l’administration américaine.

«Cette coopération stratégique s’inscrit dans une vision partagée de stabilité et de lutte contre les menaces transnationales», analyse Oulalou.

Une diplomatie renforcée face aux recompositions internationales
Le retour de Trump pourrait redéfinir les relations internationales, en intensifiant les rivalités avec des puissances comme la Chine, tout en suscitant des interrogations sur sa politique à l’égard de la Russie. Mais son retour offre aussi au Maroc une opportunité de consolider son rôle en tant qu’allié incontournable des États-Unis.

Les ambitions marocaines en matière d’économie bleue et d’intégration africaine s’alignent parfaitement avec les priorités américaines, offrant des synergies potentielles. La présence d’Aimee Cutrona, nouvelle chargée d’affaires des États-Unis à Rabat, est perçue comme un atout pour maintenir le cap. Experte en gestion des conflits, elle apporte une compréhension approfondie des enjeux complexes de la région MENA.

Entre soutien affirmé et imprévisibilité politique
La nomination de figures pro-marocaines, comme Marco Rubio au poste de secrétaire d’État, alimente l’optimisme. Rubio a récemment salué l’évolution des relations bilatérales, qualifiant le Maroc de «modèle en Afrique».

Par ailleurs, des déclarations de congressistes tels que Joe Wilson, président du groupe d’amitié États-Unis-Maroc, réitèrent l’importance stratégique du Royaume pour Washington.

Néanmoins, l’imprévisibilité caractéristique de la politique de Donald Trump exige du Maroc une vigilance accrue. Entre opportunités diplomatiques et défis économiques, le Royaume devra jouer ses cartes avec pragmatisme pour consolider sa place en tant que partenaire privilégié des États-Unis.

ABDELHafid Oualalou
Vice-président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI)

Comment évaluez-vous l’impact de la reconnaissance de la marocanité du Sahara par Donald Trump sur les relations bilatérales entre le Maroc et les États-Unis ?
La reconnaissance par Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara en décembre 2020 a été un moment clé dans les relations bilatérales. Ce geste a non seulement renforcé nos liens politiques, mais il a aussi donné une nouvelle dynamique au partenariat stratégique entre nos deux pays. Le Maroc continue de placer la question du Sahara au cœur de ses relations internationales, et cette reconnaissance a été un soutien précieux dans
ce domaine.

Le Maroc a-t-il des attentes précises concernant l’ouverture du consulat américain à Dakhla, comme promis par les États-Unis ?
Oui, le Maroc attend avec intérêt l’ouverture du consulat à Dakhla, comme l’a promis l’administration Trump en 2020. Cela représente un soutien concret à la marocanité du Sahara et témoigne de l’engagement des États-Unis envers le Royaume. C’est un signal fort, et nous espérons que cet engagement sera respecté, renforçant ainsi les relations bilatérales sur le plan diplomatique et économique.

Le partenariat stratégique entre le Maroc et les États-Unis a-t-il évolué dans des domaines autres que la question du Sahara, comme la coopération militaire ou économique ?
En effet, la coopération militaire a été renforcée, notamment à travers des manœuvres militaires communes telles que l’African Lion. En matière économique, l’accord de libre-échange signé entre nos pays a permis d’augmenter les échanges commerciaux, atteignant environ 5,5 milliards de dollars en 2023. Cependant, malgré ce progrès, le Maroc continue d’enregistrer un déficit commercial, ce qui montre que les relations bilatérales vont au-delà des seuls intérêts économiques, et comprennent également des enjeux géopolitiques importants.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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