Reprise des vols internationaux: fin de la galère pour les opérateurs touristiques ?
Enfin, de l’air frais pour le secteur touristique. Après le lancement d’un plan d’urgence de 2 milliards de dirhams, destiné au soutien du tourisme, l’espace aérien est réouvert aux vols internationaux. Une lueur d’espoir pour les opérateurs qui doivent, cependant, continuer à se serrer la ceinture avant une relance effective de l’activité.
Jusqu’ici, la reprise du trafic international a toujours été la principale demande des opérateurs. C’est, naturellement, avec une certaine émotion que les professionnels ont donc accueilli le retour des voyageurs étrangers après deux mois de suspension des vols commerciaux, à la sortie du Maroc et en provenance d’autres pays. Certes, il est encore trop tôt pour parler de reprise effective des activités touristiques, mais tout porte à croire que l’espoir est désormais permis, et que les opérateurs sont bien partis pour effacer le préjudice causé par la sévère crise liée au covid-19. Si les spécialistes s’accordent à dire qu’il va falloir davantage batailler pour que l’économie du tourisme, durement touchée par la pandémie, reprenne enfin du poil de la bête, la chance est dorénavant du côté des opérateurs d’autant plus que le gouvernement a annoncé récemment une batterie de mesures et dispositions pour garantir une mise en œuvre efficace de sa décision de réouverture des frontières aux vols, en provenance et à destination du Royaume.
Des mesures qui viennent s’ajouter au lancement d’un plan d’urgence d’un montant de 2 milliards de dirhams pour le soutien du tourisme. «Il ne faut aller trop vite en besogne», nuance cependant Ahmed Sentissi pour qui, s’il est vrai que l’ouverture des frontières sonne comme une lueur d’espoir pour une reprise effective de la relance touristique, il va falloir encore du temps. Et le président d’ARCVT Fès, qui se félicite de la reprise des vols internationaux, de rappeler que la fameuse subvention de 2 milliards de dirhams, destinée aux opérateurs, a plutôt profité aux hôteliers et ne concerne qu’une partie des professionnels.
«Il faudra être proactif»
En gros, malgré la volonté politique, affichée par le gouvernement, de relancer le secteur du tourisme, les opérateurs «vont encore souffrir» avant de retrouver une situation d’avant-crise et, pour ce faire, il faudra être proactif de la part des acteurs appelés à proposer des offres agressives s’ils veulent récupérer des parts de marché et faire davantage la promotion de la destination Maroc, insiste Ahmed Sentissi. Il rappelle, dans la même foulée, une vieille doléance du secteur, à savoir un coup de pouce fiscal, pour alléger les charges fixes qui pèsent lourd sur la maigre trésorerie des entreprises concernées.
En attendant, l’Office national marocain du Tourisme (ONMT) a annoncé, lundi, l’enclenchement de la reprise avec ses partenaires étrangers, notamment espagnols. Et la mayonnaise semble commencer à prendre. Iberia promet une reprise de 100% de ses capacités pour la ligne Madrid-Tanger, à raison de 7 fréquences hebdomadaires, et une reprise de 76% pour la ligne Madrid-Marrakech, soit 9 fréquences par semaine.
Ce qui n’est qu’une première étape, compte tenu du très fort potentiel de cette ligne, en raison de son rôle d’interconnexion avec les liaisons en provenance des Amériques et d’autres pays européens, dont les ressortissants ont déjà constitué 35% des passagers vers Marrakech, lors de l’été 2021, est-il précisé. Le Maroc cherche, également, à mettre le cap sur une autre destination à fort potentiel, la grande Bretagne. À ce propos, EasyJet a prévu de déployer une offre de 75 vols par semaine, reliant le Maroc à 6 marchés européens, soit le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse et les Pays-Bas. La compagnie prévoit, également, une évolution de 11% de sa capacité mise en place lors de l’été 2019 et ce, à travers la programmation de 20 routes aériennes pour la saison été 2022.
Dans le cadre de sa nouvelle offensive, l’ONMT a organisé une tournée de séduction auprès des marchés européens émetteurs. Pilotée par Adel El Fakir, directeur général de l’office, cette tournée, engagée il y a une semaine, sur trois des marchés principaux du Maroc (France, Royaume Uni, Espagne) -afin d’accélérer la dynamique de reprise accompagnant la réouverture du ciel marocain- a pris fin le 7 février, coïncidant ainsi avec l’étape madrilène. Cette visite intervient peu de temps après la présence remarquée de l’ONMT à la 42e édition du Salon international du tourisme de Madrid (le FITUR du 19 au 23 janvier). Elle fait aussi suite au déploiement d’une nouvelle Task Force dans la capitale espagnole, témoignant de l’importance de ce marché dans la stratégie de reprise de la destination Maroc. Il faut noter que l’aérien est, aujourd’hui, notre cheval de bataille, selon l’ONMT, lequel vise à sécuriser les capacités aériennes des principales grandes compagnies pour amorcer une reprise rapide de l’activité touristique au Maroc.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO