Réouverture des écoles à Casablanca: premières réactions
Les écoles sont de nouveau ouvertes à Casablanca ce lundi, après une fermeture brutale décidée par le gouvernement début septembre. Une volte-face différemment appréciée par les parents d’élèves.
Fini l’enseignement à distance (approximatif) pour de nombreux élèves et étudiants casablancais. Les établissements d’enseignement scolaire, établissements universitaires, instituts de formation professionnelle privés et publics et missions étrangères rouvrent leurs portes ce lundi 5 octobre. Après avoir décidé de fermer toutes les écoles de la ville blanche début septembre, à la veille de la rentrée scolaire et à la surprise générale, le gouvernement est finalement revenu sur cette décision qui a fait beaucoup jaser. De nombreux parents en colère, mais aussi des élèves de la première année de primaire, privés au dernier moment d’une vieille tradition: l’immanquable cérémonial du tout premier jour de l’école.
«Une excellente nouvelle»
Mais aujourd’hui, la joie semble de mise, chose confirmée par certains parents d’élèves joints au téléphone par les Inspirations ÉCO. «Évidemment que nous sommes ravis de la décision du gouvernement de rouvrir les écoles, d’autant plus que nous nous sommes battus pour cela», se félicite Said Kachani, président de la Confédération nationale des associations des parents d’élèves, soulignant l’importance du présentiel dans la formation et l’avenir des enfants. «Nos enfants ont besoin d’être en contact avec leurs enseignants, dont la présence physique à l’école joue un rôle important dans l’encadrement et l’éducation», ajoute Kachani pour qui l’enseignement à distance comporte beaucoup de difficultés, d’autant plus que de nombreux établissements ne sont pas suffisamment équipés en matériel informatique. «Cela ne satisfait ni les parents, ni les élèves», conclut notre interlocuteur. Et il n’est pas le seul responsable parental à apprécier la décision de l’Exécutif. Saad Regragui, fondateur de l’Association des parents d’élèves des Écoles Yassamine à Casablanca, trouve lui aussi que la réouverture des écoles est une excellente nouvelle au vu de l’inquiétude grandissante des parents qui craignaient pour le sort de leurs enfants. «Je crois que la réouverture des classes est une excellente nouvelle. Pour ma part, je suis très satisfait», a-t-il fait savoir, saluant les directives du gouvernement concernant le respect des mesures barrières. «L’État est ferme au sujet du respect des mesures barrières. Reste à voir si les établissements feront le nécessaire pour protéger la santé de nos enfants», poursuit-il.
Des parents d’élèves qui ne lâchent rien…
Il faut dire que les parents d’élèves, réunis en association ou ripostant en solo, n’ont pas laissé le choix au gouvernement sur la question de la réouverture des écoles. Ils ont été très nombreux à se «radicaliser» pour pousser la tutelle à revenir sur sa décision. Dans une brûlante lettre ouverte adressée aux autorités compétentes et au ministère de l’Éducation nationale en particulier, un collectif de parents d’élèves en colère avait même menacé de poursuivre le gouvernement en justice pour excès de pouvoir afin de rouvrir immédiatement les écoles. «Nous condamnons (…) la décision car ses conséquences sur nos enfants, sur notre activité professionnelle et sur l’avenir de notre pays seront irréparables. En effet, l’enseignement à distance lors du confinement a montré ses limites, malgré l’implication des familles et des enseignants», avaient déploré les membres du comité, soulignant que l’enseignement en présentiel doit désormais reprendre sa place «afin d’ancrer les apprentissages et combler les lacunes éventuelles tout en permettant aux familles de retrouver un équilibre, tant économique que psychologique».
Vous avez dit lobbying ?
Mais tout le monde n’est pas de cet avis. «Je me demande si la pression exercée par certaines grandes écoles n’est pas derrière tout cela, dans le seul but d’assurer leurs rentrées d’argent dans la conjoncture actuelle», se demande pour sa part Abdelfattah Mosaddaq, président de l’Association unifiée des parents d’élèves des écoles Al Jabr (AUPEA). Pour Mosaddaq, qui n’est pas très enthousiaste à l’idée de demander aux élèves de regagner les cours en présentiel dans le contexte actuel, le respect des mesures barrières dans le niveau scolaire n’est qu’une illusion. «Déjà, les adultes ont du mal à se soumettre aux règles sanitaires édictées par le gouvernement», a-t-il fait remarquer, regrettant ce qu’il considère comme une discrimination dans la décision du gouvernement concernant uniquement les préfectures d’arrondissements de Casablanca-Anfa, Hay Hassani, Ain Chock, Fida-Mers Sultan, Ben M’sik, Sidi Bernoussi, Moulay Rachid et Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi. Et comme le confirme un communiqué de la tutelle, seuls sont concernés par ladite mesure les apprenants dont les tuteurs ont opté pour le mode présentiel ainsi que les étudiants et stagiaires ayant choisi ce mode de formation. «Quid des autres ? Auront-ils la même qualité d’enseignement et de formation ? Que dire des tarifs aussi bien pour le présentiel que pour le non présentiel, en cette période de Covid-19?», se demande encore le président de l’AUPEA.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco