Maroc

Pour un partenariat Chine-Maroc-Afrique dans l’agroalimentaire

Fathallah Oualalou, Économiste, ancien ministre et chercheur principal à OCP Policy

Lors de la conférence organisée par la Fondation Attijariwafa bank, le 19 octobre, sur le thème «La Chine et nous: répondre au second dépassement», Fathallah Oualalou a appellé à un «partenariat alimentaire novateur» entre la Chine, le Maroc et l’Afrique. L’ancien ministre de l’Économie et des finances développe sa réflexion dans une nouvelle publication du think tank «OCP Policy», où il est également «chercheur principal». Extraits.

«Le phosphate, atout majeur de la Chine et du Maroc»
Le devenir agroalimentaire de l’Afrique est aujourd’hui un souci pour le monde entier. Il touche à son équilibre démographique notamment. C’est une affaire d’intérêt mondial. Pourquoi la Chine, grande puissance mondiale, et le Maroc, pays en développement du Nord de l’Afrique, doivent-ils travailler ensemble autour de la question agroalimentaire en Afrique? Tout simplement parce que les deux pays possèdent des atouts importants en matière de production de phosphates, composante essentielle des engrais nécessaires à tout progrès en matière agricole. D’un côté, la Chine est aujourd’hui le premier producteur de phosphate et dérivés qu’il utilise avant tout pour ses besoins domestiques. De l’autre, le Maroc possède l’essentiel des réserves de phosphates dans le monde et en est le premier exportateur.

«L’OCP appelé à promouvoir un partenariat Sud-Sud agro-industriel»
Les deux pays développent aujourd’hui des relations particulières avec le continent africain: la Chine est, depuis le début du siècle, le premier partenaire économique des pays africains sur tous les plans: commerce, aide, IDE. L’Afrique est à la fois une composante et un relais majeur dans sa stratégie de «la ceinture et la route» lancée par le président Xi Jinping en 2014. Et l’agriculture est par ailleurs une composante essentielle de la coopération chinoise en Afrique. Le Maroc, quant à lui, cherche depuis quelques années déjà, sous l’impulsion royale, à renforcer son ancrage en Afrique pour répondre certainement à un besoin d’intégration régionale. L’OCP, son groupe national de production des phosphates est appelé, dans ce cadre, à promouvoir, avec les pays africains, un partenariat Sud-Sud agro-industriel.

«OCP Africa, big deal avec le Nigeria et l’Éthiopie»
Le groupe a créé une filiale nouvelle, OCP Africa, pour piloter son développement dans le marché africain. Sa démarche vise à couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur, incluant la construction localement d’usines d’engrais, le développement de la capacité logistique de distribution, l’investissement dans la recherche pour le développement de formules adaptées aux besoins des sols et des cultures, une cartographie de la fertilité des sols africains et de leurs besoins en engrais. Mais c’est avec le Nigeria et l’Éthiopie, deux géants démographiques en Afrique, que l’OCP a conclu les accords les plus importants devant déboucher sur le lancement d’un partenariat industriel au service de l’agriculture et de la cause alimentaire.

«L’Afrique, un centre stratégique pour la Chine et le Maroc»
Pour la Chine, la demande alimentaire (et donc en engrais) est avant tout, bien sûr, domestique. D’ailleurs, le développement agricole chinois des quatre dernières décennies peut être une véritable référence pour beaucoup de pays africains. L’Afrique est aujourd’hui un centre stratégique tant pour la Chine que pour le Maroc. La Chine, en tant que grande puissance mondiale, est présente partout dans le continent. Le Maroc, grâce aux initiatives du roi Mohammed VI, a manifesté son désir de renforcer sur le plan politique ses relations avec ses racines africaines (le retour du pays à l’Union africaine réalisé en 2016) et sa volonté de faire avancer son intégration économique à l’ensemble africain. Il vise par ailleurs à se placer, du fait de sa position géographique, comme un pays relais entre l’Afrique et l’Europe. Cette fonction rejoint certainement la stratégie chinoise de «la ceinture et la route».

«Agroalimentaire: pour des partenariats triangulaires»
L’Afrique pourrait devenir le point focal d’un partenariat original et vertueux entre la Chine, le Maroc et les pays africains, un partenariat de type triangulaire. L’objet de cette initiative tournera autour de la promotion d’une révolution verte et la satisfaction des besoins alimentaires fondamentaux en Afrique (…).Les deux pays, l’un premier producteur, l’autre premier exportateur et surtout détenant les plus grandes réserves mondiales de phosphates, doivent travailler ensemble en toute responsabilité pour rationaliser et réguler la production de la matière première et sa valorisation. Une approche utile pour contribuer à résoudre la question alimentaire dans le monde, et notamment en Afrique.



Retraites des fonctionnaires : la cote d’alerte atteinte !


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page