Maroc

Politique. Un dialogue national s’impose pour restaurer la confiance

Le besoin de lancer un débat national pour restaurer la confiance dans les institutions et l’action politique se fait sentir. Le Parti de l’Istiqlal avait lancé un premier coup de semonce il y a quelques mois. Le PPS vient d’appeler à un dialogue national pour sortir de l’immobilisme. L’heure est aux actions concrètes.

«Tous les partis politiques se valent». Une rengaine répétée de plus en plus par jeunes et moins jeunes, attestant de la crise de confiance dans les institutions politiques qui, si rien n’est fait, pourrait constituer une véritable bombe à retardement. Les acteurs politiques tant de l’opposition que de la majorité sont presque unanimes sur le constat actuel, et tirent la sonnette d’alarme sur le risque de dévaluation de l’action politique et publique. Pourtant, rien n’est visiblement fait sur le terrain pour rectifier le tir et sortir de l’immobilisme qui suscite nombre de tensions sociales: mouvement de boycott, protestations du Rif, crise des enseignants contractuels, grève prolongée des étudiants de médecine… Les partis politiques et les syndicats peinent à jouer leur rôle de médiation en raison de leur image écornée auprès de l’opinion publique. Les institutions publiques, dont le gouvernement et le Parlement souffrent plus que jamais de discrédit.

Un modèle à bout de souffle
Le constat est sans appel: le modèle politique souffre de nombre d’insuffisances qui doivent être résolues pour pouvoir trouver des solutions aux problèmes sociaux et économiques, comme le soulignent experts et acteurs politiques. Mais comment peut-on ficeler le nouveau modèle politique et mettre fin à des années de discrédit ? L’absence d’un véritable débat collectif sur les sujets d’actualité et les dossiers brûlants ne fait qu’aggraver la situation. La langue de bois et les atermoiements sont de moins en moins tolérés par l’opinion publique, comme en attestent les réactions sur les réseaux sociaux. À deux ans des élections législatives, l’heure est à la mobilisation. En octobre dernier, le Parti de l’Istiqlal a lancé le premier coup de semonce et appelé à la tenue d’un débat public afin de réconcilier le citoyen avec la politique. Pour sa part, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) vient d’appeler à la tenue d’un débat national «afin de reprendre la trajectoire des réformes», pour reprendre l’expression de Karim Taj, membre du bureau politique du parti du livre. Ce dirigeant progressiste est catégorique: il faut agir ensemble pour éviter la catastrophe aux prochaines élections, restaurer la confiance et reprendre goût à la pratique de la chose publique dans les institutions, dans les partis politiques…

Lancer un débat national permettra de déterminer les responsabilités de toutes les parties, mais aussi de trouver des alternatives pour sortir du gouffre actuel et redresser les dysfonctionnements du système politique. Ce dernier est vertement critiqué par les acteurs politiques eux-mêmes car il nourrit la confusion et ne permet pas de faire émerger une majorité gouvernementale claire. Les alliances sont hybrides et ne sont pas basées sur une vision unifiée et claire. Ce qui creuse de plus en plus le fossé entre les citoyens et la politique. Le blocage de trois projets de loi importants au sein de la chambre basse à cause du désaccord entre les composantes de la majorité ne fait qu’entretenir la confusion, sinon la renforcer. Faut-il réviser l’arsenal juridique pour changer la situation ou devra- t-on agir sur d’autres paramètres pour atteindre enfin les objectifs souhaités et dépasser la crise de confiance ?

Une réforme de fond attendue
Les avis divergent entre ceux qui prônent une révision urgente des lois électorales et d’autres qui estiment qu’il s’agit d’un faux débat, ou du moins que le dossier est purement technique et qu’il ne constitue pas une priorité. Les observateurs estiment que la transition vers un nouveau modèle politique nécessite une réelle volonté politique de tous les acteurs. L’expérience a déjà démontré que la révision de l’arsenal juridique électoral au Maroc ne permettait pas, à elle seule, de transiter vers un nouveau modèle politique et un changement en profondeur de la pratique politique. De l’avis de certains dirigeants politiques, le débat national s’avère être une nécessité pour faire la lumière sur les pistes permettant de juguler la crise de confiance pour que les partis politiques puissent jouer leur véritable rôle d’encadrement. Aussi estiment-ils nécessaire de plancher sur la révision juridique. À titre d’exemple, les héritiers de Allal El Fassi plaident pour la révision de la loi organique sur les partis politiques, du mode de scrutin et du découpage électoral. À cela s’ajoute un point important, au coeur des débats depuis quelques mois: la révision de l’article 47 de la Constitution portant sur la nomination du chef de gouvernement au sein du parti arrivé en tête des élections. Faut-il réviser cet article ? Depuis quelques semaines, quelques voix au sein de l’échiquier politique (PI, PAM…) appellent à l’amender alors que certaines formations politiques (PJD, PPS) ne sont pas en faveur de cette réforme. En tout cas, un débat national s’impose, mais il ne doit pas se focaliser sur une seule question, d’après plusieurs acteurs politiques qui estiment que le débat ne devra pas être uniquement d’ordre technique. Qui se chargera de lancer cette initiative ? Le PPS compte créer cette semaine une plateforme de dialogue qui sera portée aux niveaux national et local. Sa réussite est tributaire du degré d’adhésion des acteurs concernés.



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