Politique. Comment mettre fin aux alliances hybrides

La Koutla ressuscitée? Des informations circulent sur un rapprochement entre le PI et l’USFP. Vrai ou non, celles-ci remettent au goût du jour le dossier des alliances électorales. Des alliances qui sont souvent contre-nature et qui se font et se défont au gré des circonstances.
La Koutla renaîtra-t-elle de ses cendres ? Rien n’est moins sûr, au vu de l’état actuel de l’échiquier politique et le positionnement des trois composantes de cette alliance, au point mort depuis des années. Des informations ont circulé ces derniers jours sur un éventuel rapprochement entre le parti de l’Istiqlal et l’Union socialiste des forces populaires pour raviver la flamme de la Koutla. Qu’en est-il vraiment? Selon nos informations, la question n’a pas été discutée par les instances décisionnelles du parti de la balance. Aussi peut-on en déduire que le dossier n’est pas à l’ordre du jour, pour les héritiers de Allal El Fassi. Il est difficile de relancer cette alliance, qui n’est pas sortie indemne des deux dernières épreuves électorales et dont un parti a basculé dans l’opposition alors que les deux autres font partie de la majorité . Et même les deux alliés gouvernementaux n’arrivent visiblement plus à accorder leurs violons. C’est un secret de polichinelle: les chefs de file de l’USFP et du PPS ne sont pas sur la même longueur d’onde et sont souvent à couteaux tirés dans les réunions internes de la majorité, selon une source interne. Il faut dire que la naissance au forceps du gouvernement et l’élection du président de la Chambre des représentants ont laissé des séquelles qui sont difficilement oubliables. Le parti de la rose est souvent pointé du doigt par nombre de politiciens issus non seulement du PI et du PPS mais aussi de l’USFP qui vit au rythme d’une crise interne. Le renouvellement de la direction de cette formation partisane pourrait, le cas échéant, ouvrir la porte à de nouvelles pistes de rapprochements politiques. À l’heure actuelle, on note plutôt un rapprochement de vision entre le parti de la balance et celui du livre qui appellent, tous deux, à un dialogue national pour restaurer la confiance dans les institutions et l’action politique. Les trois partis politiques de la Koutla, qui ont laissé des plumes au cours des dernières élections, ont intérêt, tout comme les autres formations partisanes, à clarifier leurs alliances avant la tenue des élections pour mettre fin à la confusion qui règne sur l’échiquier politique, lequel est façonné selon les résultats électoraux et les intérêts partisans.
Choix assumés
Depuis quelques années, nombreux sont ceux qui plaident pour une restructuration de l’échiquier politique sur la base de coalitions claires. Les alliances hybrides telles que la coalition gouvernementale actuelle ne font que renforcer le sentiment de défiance à l’égard de l’action politique, comme le relèvent les observateurs. À titre d’exemple, le mariage de la carpe et du lapin entre le PJD et le PPS qui se poursuit pour le deuxième mandat consécutif a suscité des critiques acerbes de la part tant des fins connaisseurs de la scène politique que des citoyens. Mais, les progressistes disent assumer leur décision.
«Si les mêmes conditions et la même situation se répètent et si rien ne change d’ici les prochaines élections, nous referons les mêmes choix», nous confie Karim Tej, membre du bureau politique du PPS qui est pour les alliances préélectorales.
Pour atteindre la clarification escomptée, la polarisation de la scène politique s’impose pour dégager des alliances cohérentes. Certes, le mode de scrutin y est pour quelque chose dans l’éclatement de l’échiquier politique. Mais il ne s’agit pas là de l’unique raison. C’est, entre autres, la création des pôles, l’engagement des responsables et des militants, la lutte contre l’opportunisme politique, l’instauration de la démocratie interne au sein des partis politiques qui permettront de relever le défi, comme le soulignent certains dirigeants politiques. La restructuration de l’échiquier politique est un enjeu de taille pour construire des alliances post-électorales. Les partis politiques sont appelés à s’engager sur les programmes et à annoncer la couleur, côté alliances. L’idée est de s’engager sur la base d’un contrat transparent et clair entre l’électeur et le parti. Tous les partis politiques sont concernés car, jusque-là, aucun n’arrive à mobiliser en masse les citoyens. Le PJD, arrivé en tête des élections, n’avait obtenu en 2016 qu’un million et demi de voix, ce qui est dérisoire en comparaison avec ce qui se passe sous d’autres cieux.
Karim Tej.
Membre du bureau politique du PPS
Nous sommes pour les alliances préélectorales sur la base d’un programme et du respect des engagements quels que soient les résultats de chaque parti aux élections. Si on gagne, on gagne ensemble et si on perd, on perd ensemble. Il faut aller ensemble à la majorité ou se positionner dans l’opposition.
Abdeljebbar Rachidi
Membre du comité exécutif de l’Istiqlal
Les alliances doivent être annoncées avant les élections pour conférer de la crédibilité à l’action politique. Nous sommes contre les alliances hybrides qui regroupent des courants contradictoires comme c’est le cas pour le gouvernement. Les résultats des élections doivent se refléter dans les institutions élues.