Maroc

Politique budgétaire et monétaire : les choix du Maroc inquiètent le CMC

Le Centre marocain de conjoncture (CMC) vient de publier son dernier rapport mensuel intitulé «Maroc Conjoncture n° 358», qui se concentre sur l’investissement étranger au Maroc, les atouts du pays ainsi que les mesures incitatives pour attirer les IDE. Le rapport aborde plusieurs sujets d’actualité dans le monde économique, allant de la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales à la nouvelle Charte des investissements, en passant par la situation du secteur automobile, le stress hydrique et le cadrage macroéconomique pour l’année 2024. Voici les détails.  

Diversifier les sources d’approvisionnement et accroître la redondance des systèmes de production pour profiter des opportunités offertes par la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales ; adopter une politique budgétaire et monétaire qui favorise la croissance économique tout en maîtrisant l’inflation ; prendre en compte les risques technologiques et la transition vers une mobilité plus intelligente et durable dans le secteur automobile ;  ou encore mettre en œuvre des politiques favorables pour attirer les investissements étrangers dans l’industrie automobile en associant fiscalité, formation de la main-d’œuvre et infrastructures de soutien aux activités du secteur. Voici, entre autres, selon le Centre Marocain de Conjoncture (CMC), les mesures qui pourraient être prises en vue de renforcer l’attractivité du Maroc auprès des investisseurs étrangers et de relever les défis actuels. S’y ajoute la nécessité de dresser un premier bilan de la nouvelle Charte de l’investissement, à travers l’examen de l’évolution et la nature des projets retenus dans le cadre de la commission d’investissement ; le renforcement de la capacité nationale en eau en développant des moyens de stockage et en explorant d’autres ressources non conventionnelles ; ainsi qu’une meilleure gestion des risques liés à la transition technologique et environnementale, en élaborant des politiques publiques adaptées.

La complexité croissante de l’attractivité des investissements étrangers
Si les investissements étrangers sont essentiels pour le développement économique du Royaume, les défis actuels liés aux changements mondiaux dans les chaînes de valeur et à la pandémie covid-19 rendent l’attractivité du pays plus complexe. «La reconfiguration des chaînes de valeur mondiales entraîne une diminution des investissements internationaux dans les actifs physiques de production, ce qui peut entraîner une augmentation des désinvestissements et une concurrence accrue pour les investissements directs étrangers (IDE)», souligne le CMC. Cependant, le rapport souligne que les pays en développement (PED) peuvent profiter des opportunités offertes par la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales en diversifiant leurs sources d’approvisionnement et en accroissant la redondance des systèmes de production.

Les IDE en baisse de 57,2% au premier semestre 2023
Selon les dernières données de l’Office des changes, les recettes des IDE au Maroc ont enregistré une baisse significative de 29,2% au premier semestre de l’année 2023, passant de 22,010 MMDH à fin juin 2022 à 15,573 MMDH à fin juin 2023. Dans le même temps, les dépenses en IDE ont augmenté de 51%, atteignant +2,897 MMDH. Une situation qui conduit à une baisse importante du flux net des IDE, qui est passé de 16,330 MMDH à fin juin 2022 à 6,996 MMDH à fin juin 2023, soit une baisse de 57,2% ou -9,334 MMDH. Selon un analyste contacté par Les Inspirations Éco, «cette baisse peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment la situation économique mondiale qui reste incertaine, la concurrence accrue des pays émergents pour attirer les investisseurs et les défis structurels persistants au niveau de l’économie marocaine, tels que la faible compétitivité, la corruption et la lourdeur administrative». Cependant, l’expert souligne que cette situation peut également être une opportunité pour le Maroc de repenser sa stratégie d’attractivité des investissements étrangers et de mettre en place des politiques économiques plus favorables aux investisseurs, telles que la réduction de la bureaucratie, l’amélioration de la compétitivité et la promotion de l’innovation.

Politique budgétaire et monétaire, croissance : le CMC s’interroge
Selon le CMC, la politique budgétaire et monétaire est également un sujet de préoccupation, car dit-il, face aux déséquilibres persistants causés par une croissance qui tourne au ralenti dans un contexte fortement inflationniste, la politique budgétaire pour l’exercice en cours s’est orientée résolument vers le soutien de la dynamique économique. Parallèlement, la politique monétaire s’est fixée comme priorité la lutte contre la spirale inflationniste à travers le resserrement des conditions du crédit.

Pour le CMC, le choix de la politique mixte soulève des questions quant à la pertinence des éléments qui fondent les arbitrages à faire. «Sachant que le processus inflationniste dans le contexte actuel est, pour l’essentiel, d’origine importée, on peut se demander sur la pertinence et l’efficacité de l’instrument monétaire agissant sur la demande intérieure pour maîtriser une inflation provoquée, pour l’essentiel, par des déséquilibres externes et les contraintes de l’offre. Ce choix de policy-mix ne manque pas de susciter de multiples appréhensions quant à la pertinence des éléments qui fondent les arbitrages à faire, le choix des objectifs, la détermination des priorités et la pertinence des instruments de mise en œuvre», réagit le CMC. Pour ce qui est du cadre macroéconomique pour l’année 2024, qui prévoit une croissance de 4,7%, le CMC s’interroge sur la nature de cette croissance, se demandant s’il s’agit d’une véritable reprise économique ou d’un simple nivelage.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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