Pluviométrie : la campagne agricole en danger ?
Elle avait bien démarré, mais la campagne agricole commence à inquiéter après un mois de novembre moins pluvieux, marqué par des vagues de chaleur. Selon les climatologues, les conditions d’une bonne pluviométrie ne sont pas encore réunies pour un retour rapide des précipitations.
Sommes-nous en train de revivre le même scénario de sécheresse de ces dernières années ? En tout cas, ce n’est pas être trop pessimiste que de se poser cette question. Après un été exceptionnellement pluvieux et un début de campagne agricole assez précoce, les précipitations se sont subitement raréfiées, surtout durant le mois de novembre, ce qui n’est pas sans conséquences sur les cultures d’automne.
À la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (comader), on garde espoir, mais nos interlocuteurs disent encore «attendre la pluie», surtout pour des cultures comme les céréales. L’espoir demeure, en attendant la configuration que prendra la météo durant le reste de la saison. Dès lors, se pose la question de savoir si la situation pourrait s’améliorer dans les semaines, voire les mois à venir.
«Sur la base de ce que l’on observe, la saturation météorologique qui provoque la pluie se produit ailleurs qu’au Maroc, surtout en Europe. Il est difficile de prédire pour le moment comment la situation va évoluer», avance prudemment le climatologue Said Karouk.
Barrages : moins de 30% de retenues
Selon notre interlocuteur, on assiste à plus d’évaporation que de chute d’eau. À ce jour, les retenues des barrages affichent encore moins de 30% de taux de remplissage, enregistrant une légère amélioration par rapport à l’année dernière.
Les barrages du bassin Est de Guir Ziz Rheris qui ont, quant à eux, bien profité des pluies exceptionnelles de la saison estivale, affichent un taux de remplissage de plus de 57%. Le bassin du Loukkos est à 46,8%, soit presque à égalité avec celui du Tensift (46,4%). Partout ailleurs, les indicateurs affichent moins de 40% de taux de remplissage, avec un taux extrêmement bas dans le bassin de Oum Er Rbia (5,3%).
Pour rappel, lors d’une réponse à une question orale à la Chambre des représentants sur la campagne agricole actuelle, fin octobre dernier, Ahmed El Bouari, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, avait indiqué que les retenues des barrages à usage agricole avaient atteint 3,77 milliards de m³.
Vagues de chaleur
Le ministre avait précisé que 70% de ces retenues sont concentrées dans les bassins de Sebou et de Loukkos. Dans ce sillage, il avait affirmé que la superficie totale prévue pour l’irrigation dans les grands périmètres atteint 400.000 ha, auxquels s’ajoutent environ 300.000 ha de petite et moyenne hydraulique.
«Ce que nous constatons également, c’est que les périodes pluvieuses sont entrecoupées de vagues de chaleur, et cela rend la situation compliquée», indique Karouk.
Ce qui n’est pas de nature à rassurer le monde agricole après six années successives de sécheresse, qui ont fini par porter un sérieux coup à la nouvelle stratégie agricole «Generation Green», voire même à menacer sérieusement certains acquis du plan Maroc Vert.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO