PLF 2025 : volume d’investissements historique pour le secteur public !
C’est un volume d’investissements historique prévu par le secteur public en 2025. Au côté du budget de l’État (128,5 milliards de DH), les entreprises publiques et les différents fonds pourraient exploser le record historique. A condition que l’exécution suive ces promesses. Les entreprises peuvent d’ores et déjà se positionner.
Après avoir présenté devant le Roi Mohammed VI, vendredi 18 octobre en conseil des ministres (ndlr: qui a connu une série de nominations de nouveaux gouverneurs et ambassadeurs notamment), un exposé sur les grandes lignes du projet de Loi de finances pour l’année 2025, Nadia Fettah Alaoui est passée par la case Parlement en séance plénière conjointe des deux Chambres le lendemain. Il en ressort, en partie, que l’État continuera à assurer le plus gros des investissements avec un volume historique prévu en 2025 de 340 MMDH !
A 180,27 milliards de dirhams (MMDH), dont 24,1 milliards au titre de cotisations à l’assurance maladie et aux régimes de pension-retraite, les dépenses du personnel de l’État absorbent plus de la moitié du budget de fonctionnement, soit 56,16%, et représentent 10,96% du PIB l’année prochaine. Cette rubrique apparaît comme la plus rigide dans les dépenses publiques.
Au rythme actuel de sa progression, 11,54% projetés en 2025, elles devraient atteindre le seuil psychologique de 60% dans cinq ans. Les «charges communes» regroupent, entre autres, les subventions du butane, du sucre et du blé tendre (16,54 milliards de dirhams) en plus des 4 milliards de DH qui seront versés à l’ONEE afin de ne pas toucher au prix de l’électricité, certaines dépenses liées aux pensions de retraite et à la prévoyance sociale, diverses allocations, rentes et allocations. C’est dans cette même rubrique, peu lisible par les non-initiés, que viendra le financement de la généralisation de la protection sociale.
Pour le compartiment «AMO Tadamon» de l’AMO, l’Etat prend en charge les cotisations de 4 millions de ménages, soit 11,3 millions de personnes. Cela coûte 8,5 milliards de dirhams auxquels il faut ajouter 1 milliard au titre du reste à charge pour les soins dans les établissements publics. Malgré les économies dégagées de la décompensation partielle du gaz butane, les «charges communes» devraient rester sous pression, et le seront encore pour longtemps.
Ces dépenses augmenteront de 38,2% en 2025 ! Les dépenses d’investissement financées sur le budget central sont portées à 128,53 milliards de dirhams, soit une progression de près de 9% par rapport à l’exercice en cours. En intégrant les investissements prévus par les entreprises publiques, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, le Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre et les collectivités territoriales, le volume atteint la bagatelle de 340 milliards de dirhams, du jamais-vu ! Cela confirme encore une fois que le secteur public reste, de loin, le tracteur de l’investissement au Maroc.
Aux entreprises, cela confère de la visibilité car ces investissements signifient des nouveaux marchés qui s’ouvrent à elles. Mais ce qu’il faut souligner, par ailleurs, c’est la dynamique de l’effort d’investissement de l’État : en cinq ans (ndlr : de 2021 à 2025), les crédits auront augmenté de 51 milliards de dirhams. L’autre gros poste du Budget concerne le coût de la dette du Trésor, notamment les intérêts et commissions.
En 2025, l’État déboursera 45 milliards de dirhams. Dans ce total, 11,05 milliards sont adossés à la dette extérieure et 34 milliards au titre de la dette intérieure. En intégrant le remboursement du principal, le service de la dette du Trésor s’élèvera à 62,15 milliards de dirhams, dont 86% consacrés à la dette intérieure.
Côté recettes – hors emprunts -, le gouvernement voit plutôt (très) grand pour l’année prochaine. Dans ses prévisions, il anticipe une progression de 18,47% alors que la croissance du PIB, elle, est attendue à 4,6%. Cela veut dire que les recettes budgétaires, à 368,84 milliards de DH, croîtront 4 fois plus que le rythme de l’économie, qui est censée être l’assiette de base.
Cette déconnexion quasi-structurelle entre le PIB et les recettes ordinaires, dont l’impôt constitue la colonne vertébrale, reste un mystère pour les économistes, y compris au ministère des Finances. Mais le Trésor peut compter sur une double baraka qui semble s’installer dans la durée : le rendement exceptionnel des opérations de vérification des comptabilités des entreprises et les résultats palpables de la lutte contre le florissant marché des fausses factures. La responsabilisation personnelle de dirigeants en cas de non-déclaration de la TVA et la retenue à la source ont, de toute évidence, dynamisé les performances du contrôle fiscal.
A côté de cet élément, le budget général de l’État mise sur les dividendes et les diverses redevances que lui verse le noyau des grandes entreprises publiques. Ainsi, il est attendu 7,5 milliards de DH de l’OCP, 6 milliards de l’Agence de la Conservation foncière, et 3 milliards de dirhams de Bank Al-Maghrib, le tiercé des meilleurs élèves du portefeuille du Trésor depuis plusieurs années.
Hypothèses : Croissance à 4,6%, butane à 500 dollars…
Les hypothèses de base ayant présidé à l’élaboration du Projet de Loi de Finances sont : la croissance du PIB serait de 4,6%, la production céréalière à 70 millions de quintaux, le déficit budgétaire à 3,5% et 3% en 2026. La tonne du gaz butane coûterait 500 dollars en moyenne sur toute l’année 2025.
Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO