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Perspectives économiques : pour la sortie de l’inflation, il faudra encore attendre !

Le monde paie au prix fort la guerre menée par la Russie en Ukraine. En plus des milliers de morts et de l’exil contraint de millions de réfugiés, ce conflit a également déclenché une crise du coût de la vie, qui touche les populations partout dans le monde. Conjuguée à la politique «zéro Covid» de la Chine, la guerre a entraîné l’économie mondiale sur une trajectoire de ralentissement de la croissance et de hausse de l’inflation. Une situation inédite depuis les années 1970 dont on n’est pas près de sortir, selon l’OCDE. 

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) vient de sortir son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales. Ses prévisions sont tout simplement glaçantes ! Mettant tout sur le dos de la guerre russo-ukrainienne, ces dernières parlent, en effet, de ralentissement de la reprise, de tensions inflationnistes persistantes et même de risques de famine induite par la crise du coût de la vie qui n’épargne quasiment plus personne.

La croissance mondiale à une moyenne de 3%  en 2022
En matière de reprise économique, le rapport de l’OCDE rappelle qu’avant la guerre, l’économie mondiale était bien engagée sur la voie d’une reprise solide, quoique inégale, après la pandémie de Covid-19. Le conflit en Ukraine et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, que les mesures de confinement en Chine, dictées par la politique «zéro Covid», n’ont fait qu’exacerber, portent un sérieux coup à cette reprise. Ainsi, la croissance du PIB mondial devrait ralentir fortement cette année, pour s’établir autour de 3%, et maintenir ce rythme en 2023. Bien entendu, ce taux est bien en deçà des projections de l’OCDE, en décembre dernier.

En effet, la croissance devrait être nettement plus faible que prévue dans la plupart des économies. Et nombre de pays, parmi les plus durement touchés, se trouvent en Europe, un continent fortement exposé à la guerre en raison de ses importations d’énergie et de l’afflux de réfugiés. Ceci étant, partout dans le monde, les pays pâtissent du renchérissement des matières premières, qui ne fait qu’ajouter aux tensions inflationnistes et peser tant sur les revenus réels que sur les dépenses, freinant un peu plus la reprise.

Bref, selon l’OCDE, «le ralentissement de la croissance est l‘un des prix à payer pour cette guerre : il prendra la forme d’une diminution des revenus et des perspectives d’emploi».

Persistance des tensions inflationnistes jusqu’en 2023
Concernant les tensions inflationnistes persistantes, le rapport est formel : «la guerre en Ukraine a anéanti l’espoir d’une fin rapide de la hausse de l’inflation engendrée par les difficultés d’approvisionnement liées au Covid-19, observées dans l’économie mondiale en 2021 et au début de 2022». Explications.

Du fait des prix élevés des produits alimentaires et de l’énergie ainsi que de la dégradation continue de la situation des chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix à la consommation n’atteindra son pic que plus tard, et à un niveau plus élevé que prévu initialement.

Bref, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge ! Selon l’OCDE, l’allègement progressif des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les prix des matières premières et la hausse des taux d’intérêt devraient commencer à faire sentir leurs effets courant 2023, mais l’inflation sous-jacente devrait néanmoins rester supérieure ou égale, à la fin de l’année, aux objectifs des banques centrales dans nombre d’économies développées.

Risque de crise alimentaire
Ces tensions inflationnistes persistantes, dont on ne va pas, apparemment, sortir facilement, risquent d’avoir des effets désastreux sur certaines populations. En effet, l’OCDE relève que la nette envolée des prix érode déjà le pouvoir d’achat et va contraindre les ménages modestes, partout dans le monde, à rogner sur d’autres postes de dépenses pour couvrir leurs besoins de base en énergie et en alimentation. Pire, en l’absence de toute intervention, le risque d’une crise alimentaire est grand.

Les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement se multiplient et menacent en particulier les pays à faibles revenus qui sont très dépendants de la Russie et de l’Ukraine pour leurs produits alimentaires de base. Compte tenu de l’état de leurs finances publiques -déjà mises à rude épreuve par deux années de pandémie- ces pays pourraient avoir des difficultés à approvisionner leurs populations en produits alimentaires et en énergie à des prix abordables, s’exposant ainsi à des risques de famine et de troubles sociaux.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO



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