Maroc

Ouverture des frontières marocaines: l’attente était insoutenable pour les opérateurs

Le gouvernement a enfin annoncé la réouverture à partir du 7 février 2022 de l’espace aérien aux vols au départ et à destination du Maroc. L’attente a été longue, très longue pour beaucoup d’entre nous. Retour sur les événements qui ont contribué à cette réouverture tant attendue. 

Les opérateurs des secteurs les plus exposés aux effets de la fermetures des frontières étaient monté au créneau, déterminés à ne pas baisser la pression sur le gouvernement afin qu’il lâche du lest. Contacté par Les Inspirations ÉCO, Nidal Lahlou, vice-président élu de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), réagit: «Le soutien du secteur malgré tous les efforts de l’administration reste frugal et se fait attendre. Deux ans de réunions, un accord cadre, trois avenants, deux exercices fiscaux.

Et des difficultés qui ne cessent de s’accentuer. Pendant tout ce temps, nous avons eu le vaccin et nous avons été vaccinés. Nous avons eu le médicament et il fait aujourd’hui partie du protocole thérapeutique. Nous avons le Label Welcome Safely et nous l’avons mis en place. Nous avons appris les gestes barrières et nous sommes tous fiers de la pertinence et de notre réussite sanitaire. Nous avons fait tout cela pour que la vie économique et sociale retrouve une certaine normalité. Malheureusement, les frontières sont toujours fermées, condamnant ainsi 12 à 13% de notre PIB. Notre seul salut était de lever les restrictions frontalières. Ensemble pour l’ouverture du ciel et l’envol du tourisme. Ensemble pour le retour des vols est le décollage du tourisme… Voila à mon sens notre bataille de la semaine. Profitons de toutes les annonces parfois positives, d’autres mitigées, pour enfoncer le clou et éviter le prolongement des restrictions».

Les opérateurs sont déterminés et font bloc aux quatre coins du Maroc. À Marrakech, le mercredi 26 janvier était jour de manifestation à Bab Jdid, quartier Gueliz. L’objectif : obtenir l’ouverture des frontières. Parmi les manifestants figurent même des professionnels qu’on ne s’attendraient pas forcément à rencontrer : taxis, artisans, dirigeants d’ONG, artistes…ce sont mêlés aux habitants de la ville ocre. À leur côté, l’on a pu trouver d’autres professionnels qui dénoncent la fermeture des frontières depuis plusieurs mois :
hôteliers, agences de voyages, maisons d’hôtes et riads, transporteurs, restaurateurs, guides touristiques, calèches… scandant des mots d’ordre mobilisateurs et des pancartes. Bravo les manifestants. «Notre réaction est un sursaut de la dignité et du ras-le-bol de toute une population qui se dresse contre l’apathie, les stéréotypes et les décisions iniques»… «Ouvrez les frontières», scandaient-ils.

200 voyagistes battent le pavé à Rabat
Rassemblés devant le siège du ministère du Tourisme à Rabat à l’appel de l’Association nationale des agences de voyages (ANAV), près de 200 voyagistes ont appelé à la réouverture des frontières, fermées depuis le 29 novembre et au moins jusqu’au 31 janvier. «La fermeture assène un coup très dur puisque nous sommes maintenant à l’arrêt alors que nos charges sont toujours fixes», a déploré Mimoun Azzouzi, propriétaire d’une agence de voyage à Témara. «Nous avons été obligés de fermer à cause de la pandémie et malgré ça, nous avons maintenu les salaires de nos travailleurs», a-t-il expliqué. Ces voyagistes se disent «exclus» du plan de soutien au tourisme de deux milliards de dirhams (190 millions d’euros) approuvé le 18 janvier par le gouvernement. L’aide prévoit le versement d’une indemnité de 2.000 DH par mois durant le premier trimestre 2022 pour l’ensemble des employés de ce secteur qui pesait près de 7% du PIB marocain en 2019. L’État a décidé d’allouer également 1 MMDH en soutien aux hôteliers pour préparer la reprise d’activité (entretien, rénovation, formation, etc.).

Les autorités veulent des garanties
Ces mesures n’apaisent pas la colère des opérateurs qui ont aussi manifesté mercredi dans d’autres villes touristiques comme Essaouira, Erfoud et Zagora. «Le peuple veut la réouverture des frontières», scandaient des centaines de protestataires. Interrogé lundi au Parlement, le chef de la diplomatie, Nasser Bourita, a estimé qu’il était «important de rouvrir les frontières aériennes comme il est important de suivre l’évolution de la pandémie». «L’ouverture des frontières est importante mais demeure liée à la garantie des conditions nécessaires, à même de préserver la santé des visiteurs et des citoyens marocains», a plaidé Bourita.

Autre fait importants: les compagnies de jets privés opèrent à des prix exorbitants — plus de 10.000 euros par passager pour un aller simple vers le Maroc –, selon des sites d’information et des témoignages sur les réseaux sociaux. Si le pic des contaminations au variant Omicron du Covid-19 semble avoir été atteint pendant la semaine du 17 au 23 janvier, selon le ministère de la Santé, les autorités s’inquiètent d’une hausse des décès et des cas en réanimation. D’autres manifestations étaient prévues en cas de maintien de la fermeture de l’espace aérien marocain.

Pour accompagner la mise en oeuvre la réouverture des frontières, une commission technique se penche actuellement sur l’examen des mesures à adopter au niveau des postes frontières et les conditions requises pour les voyageurs, qui seront annoncées ultérieurement.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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