Opération Marhaba : 25 ans au service de la diaspora marocaine

L’opération Marhaba célèbre un quart de siècle d’engagement indéfectible envers les Marocains Résidant à l’Étranger. La Fondation Mohammed V pour la solidarité, en collaboration avec une myriade de partenaires nationaux et internationaux, déploie un dispositif humanitaire sans précédent cette année pour assurer un retour au pays dans les meilleures conditions de confort et de sécurité.
Le coup d’envoi a été donné ce mardi 10 juin, marquant le début de l’opération «Marhaba 2025», un événement majeur pour des millions de Marocains résidant à l’étranger. Plus qu’un simple passage de frontières, cette initiative, présidée par le Roi Mohammed VI, et portée par la Fondation Mohammed V pour la solidarité, symbolise un quart de siècle d’accompagnement humain et logistique.
Une histoire d’évolution et d’humanisme
L’opération Marhaba, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est le fruit d’une évolution constante, ancrée dans une volonté royale d’humaniser le transit des Marocains du monde. Sanae Dardikh, directrice de la communication et du développement institutionnel à la Fondation Mohammed V pour la solidarité, éclaire cette genèse.
«Cette année marque la 25e édition de l’opération dans sa forme actuelle. Cela représente un quart de siècle d’existence du dispositif d’accueil unique mis en œuvre par la Fondation, à travers lequel elle assure la coordination avec les différentes parties prenantes», nous explique-t-elle.
Jusqu’en 2001, cette opération unique en son genre, alors dénommée Opération Transit, était menée par la Fondation Hassan II. Son action se concentrait sur les personnes en situation de handicap, les personnes âgées et les personnes vulnérables. C’est après la création de la Fondation Mohammed V pour la solidarité que l’opération a pris une nouvelle dimension.
«Après l’édition de 2000, et face à la nécessité d’humaniser les conditions de retour, des instructions royales ont été données pour que la Fondation prenne en charge la gestion du dispositif d’accueil et sa généralisation à l’ensemble des membres de la communauté», a indiqué Sanae Dardikh.
L’importance du volet humanitaire, nécessitant une présence humaine plus significative et intégrant des prestations sociales et médicales adaptées a été déterminante au niveau des points d’entrée au Maroc, ainsi qu’à l’étranger. Cette impulsion royale a façonné une opération Marhaba désormais emblématique.
Un dispositif d’accueil unique en son genre
Dès 2001, la Fondation a inauguré un dispositif d’assistance inédit, conçu pour accompagner au mieux les flux croissants de la diaspora. «La Fondation a pris les rênes de l’opération Marhaba, avec un dispositif réellement unique et inédit mis en place, à savoir les espaces d’accueil Marhaba, au Maroc et à l’étranger, dans différents ports et aéroports», souligne notre interlocutrice.
Au fil des ans, l’opération n’a cessé de s’étendre et de s’adapter aux besoins de millions de voyageurs. L’édition 2025 est ainsi marquée par la mise en place de nouveaux espaces nationaux aux aéroports de Laâyoune et Dakhla, portant à 26 le nombre total des sites d’accueil Marhaba.
Vingt espaces sont opérationnels au Maroc, incluant les ports de Tanger Med, Tanger Ville, Al Hoceima, Nador Bni Nsar, ainsi que les aéroports de Casablanca Mohammed V, Rabat-Salé, Oujda Angad, Nador, Agadir Al Massira, Fès Saïss, Marrakech Menara, Tanger Ibn Battouta, Laâyoune Hassan 1er, et Dakhla.
Des aires de repos telles que Méditerranée, Jebha, Tazaghine et Smir M’Diq, ainsi que les postes frontaliers de Bab Sebta et Mellilia, complètent ce réseau dense. À l’étranger, six espaces Marhaba sont stratégiquement situés dans les ports européens de Gênes (Italie), Sète et Marseille (France), Motril, Alméria et Algésiras (Espagne).
La directrice de la communication de la Fondation revient sur l’évolution numérique de l’opération. «En 2001, le dispositif comptait 12 sites, notamment dans les ports de Tanger, Nador, Casablanca. Il y avait trois sites portuaires, cinq aériens, deux sites en Espagne et évidemment les entrées de Bab Sebta et de Mellilia. Entre-temps, la couverture a changé de configuration pour atteindre 26 sites incluant la France et l’Italie», précise-t-elle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors qu’en 2000, 1 .197.558 arrivées et 8.958 personnes assistées étaient enregistrées, les données de 2024 révèlent une augmentation spectaculaire avec plus de 3,7 millions de passages et 155.000 personnes ayant bénéficié d’une assistance médicale ou sociale. Ces niveaux témoignent de l’ampleur de l’opération.
Une mobilisation humaine et logistique exemplaire
L’efficacité de l’opération Marhaba repose sur une mobilisation sans précédent des ressources humaines et logistiques. Diverses ressources sont mobilisées, incluant les équipes de la Fondation, des assistantes sociales, des médecins, des cadres paramédicaux et des volontaires.
«Cette année, la Fondation mobilise 1.455 personnes sur les 26 sites. Les assistantes sociales sont au nombre de 1.158, les médecins et infirmiers 210, et le reste est constitué des cadres de la Fondation, de vacataires, d’ambulanciers, sans oublier les équipes des différentes parties prenantes qui interviennent sur le terrain», détaille Sanae Dardikh.
Ces équipes sont présentes 24h/24 et 7j/7, prêtes à répondre à tout besoin en matière d’orientation, d’aide administrative, de prise en charge médicale ou de cas d’urgence. Le Bureau central de coordination (BCC), domicilié à Rabat et supervisé par la Fondation, orchestre cette mobilisation générale.
Il assure le suivi des activités des équipes sur le terrain, mobilise les parties prenantes pour la gestion des sollicitations et garantit une assistance téléphonique permanente via le service d’appel Marhaba. Ce service est accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, avec des numéros dédiés pour les appels depuis l’étranger, le Maroc, l’Italie, la France
et l’Espagne.
Une coordination internationale renforcée
L’opération Marhaba se distingue par sa coordination internationale, essentielle à la fluidité du transit des voyageurs.
«Cette opération n’existe nulle part ailleurs», nous confie Sanae Dardikh. Elle ajoute que «il existe des opérations de gestion et de facilitation des retours dans d’autres pays, mais aucune n’atteint la mesure de l’opération Marhaba en termes d’échelle, de mobilisation nationale, des mesures ou de dispositions dédiées à l’accompagnement médical, humain et social. Ni même, le volet de coordination internationale qui traite de l’enjeu de sécurité et de fluidité. A cet égard, des commissions nationale et mixte – avec l’Espagne – sont instaurées et servent de cadre pour l’a préparatifs de l’opération et la coordination internationale. Celles-ci sont mises en place des mois à l’avance».
Cette collaboration étroite avec les partenaires européens, notamment l’Espagne avec son «Operación Paso del Estrecho» (OPE), assure une gestion harmonieuse des flux migratoires estivaux. Tandis que l’opération Marhaba démarre le 10 juin et dure jusqu’au 15 septembre, l’OPE, lancée depuis 1986, prend place en Espagne dès le 15 juin et se prolonge jusqu’au 15 août.
Des mécanismes sont déjà en place pour faire face à l’arrivée massive de personnes souhaitant accéder au Maroc, comme l’a souligné José Antonio Togores de la Jefatura Superior de Policía de Melilla, même si l’augmentation du transit ne s’est pas encore fait ressentir. Des efforts sont également déployés pour améliorer les terrains adjacents aux postes frontaliers, garantissant un service disponible toute l’année.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO