Omar Layachi : “Il est important d’améliorer les compétences linguistiques des étudiants”
Omar Layachi
Expert en éducation et formation
Les étudiants rencontrent de nombreux défis dans leur quête pour obtenir des bourses d’études pour des institutions internationales. Entre la concurrence mondiale, les barrières linguistiques et les obstacles financiers, la route vers l’obtention de ces bourses est semée d’embûches. Cependant, avec des stratégies adaptées et des ressources appropriées, ces obstacles peuvent être surmontés, ouvrant ainsi la voie à des opportunités académiques et professionnelles enrichissantes.
Quels sont les principaux défis que rencontrent les étudiants marocains lorsqu’ils cherchent à obtenir des bourses d’études pour des institutions internationales, et quelles stratégies recommandez-vous pour surmonter ces obstacles ?
Les étudiants marocains font face à plusieurs défis lorsqu’ils cherchent à obtenir des bourses d’études pour des institutions internationales. L’un des principaux obstacles est la concurrence intense, car les bourses sont très convoitées à l’échelle mondiale.
De plus, la barrière linguistique pose parfois problème, notamment la maîtrise de l’anglais, du chinois, voire de l’allemand ; maîtrise indispensable pour de nombreuses bourses. L’accès à l’information constitue également un défi, car les opportunités ne sont pas toujours bien diffusées.
Par ailleurs, la préparation des dossiers de candidature, souvent complexe et exigeante, peut décourager certains étudiants. Enfin, même avec une bourse, les coûts de la vie dans certains pays restent élevés, créant un besoin de financement complémentaire. Pour surmonter ces obstacles, il est crucial d’améliorer les compétences linguistiques des étudiants en offrant des cours intensifs et des préparations aux tests de compétence comme le TOEFL ou l’IELTS.
Il est également recommandé de renforcer les centres de conseil et d’orientation dans les universités marocaines, afin de guider les étudiants dans leur recherche de bourses et la préparation de leurs candidatures. La mise en place de programmes de mentorat avec des anciens bénéficiaires de bourses peut fournir un soutien précieux. Sensibiliser et informer largement les étudiants via les réseaux sociaux, les forums académiques et les ateliers est essentiel pour diffuser les opportunités de bourses.
Enfin, offrir des ateliers et des services de relecture pour aider les étudiants à préparer des dossiers de candidature solides peut grandement améliorer leurs chances de succès. Nous remarquons que de plus en plus d’organismes privés marocains proposent ce type d’accompagnement.
Comment les bourses d’études offertes par le gouvernement et les institutions locales peuvent-elles être optimisées pour mieux répondre aux besoins des étudiants issus de milieux défavorisés et réduire les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur ?
Les bourses d’études offertes par le gouvernement et les institutions locales privées ou publiques peuvent jouer un rôle crucial dans la réduction des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur. Pour mieux répondre aux besoins des étudiants issus de milieux défavorisés, il est essentiel d’établir des critères de sélection inclusifs qui tiennent compte des défis spécifiques auxquels ces étudiants sont confrontés. Par exemple, un système de points pourrait être mis en place pour évaluer non seulement les performances académiques, mais aussi les conditions socio-économiques des candidats.
L’objectif est de faire fonctionner l’ascenseur social ! Assurer un processus de sélection transparent et équitable est également crucial pour éviter tout favoritisme ou corruption. Une autre optimisation serait d’augmenter le financement des bourses pour couvrir non seulement les frais de scolarité, mais aussi les coûts de la vie et autres dépenses connexes, comme les livres et le logement.
À noter que les bourses pour raisons sociales, qu’elles soient partielles ou totales, sont de plus en plus proposées par les institutions privées marocaines dans le cadre de leur politique de Responsabilité sociale des universités (RSU). Enfin, offrir des programmes de soutien complémentaire, tels que le tutorat, le mentorat et le soutien psychologique, aiderait les étudiants à surmonter les défis académiques et personnels.
Travailler en partenariat avec des organisations non gouvernementales et des entreprises peut également augmenter les opportunités de bourses et de stages. Un exemple concret est la collaboration entre des institutions telles que l’Université Al Akhawayn, l’École Centrale Casablanca ou encore l’UM6P, et plusieurs entreprises pour offrir des bourses spécifiques et des opportunités de stages aux étudiants défavorisés.
Pour finir, il est important de mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact des bourses et ajuster les programmes en conséquence, comme cela est fait par la Fondation marocaine de l’étudiant avec son programme de bourses «Meilleurs Élèves».
Quel est l’impact des expériences internationales, telles que celles offertes par des programmes de bourses comme Erasmus Mundus et Fulbright, sur le développement académique et professionnel des étudiants marocains, et comment ces expériences peuvent-elles être maximisées pour contribuer au développement du Maroc ?
Les expériences internationales offertes par des programmes de bourses comme Erasmus Mundus et Fulbright ont un impact significatif sur le développement académique et professionnel des étudiants marocains mais aussi les chercheurs. Elles leur permettent d’accéder à des systèmes éducatifs différents, d’apprendre de nouvelles méthodologies d’enseignement et de recherche, et de développer des compétences linguistiques et culturelles précieuses. Par exemple, un étudiant marocain ayant participé au programme Erasmus Mundus pourrait revenir avec une compréhension approfondie des technologies émergentes en ingénierie, qu’il pourrait ensuite appliquer au Maroc. Ces expériences renforcent également leur adaptabilité et leur résilience, des qualités très recherchées par les employeurs.
De plus, les étudiants construisent des réseaux internationaux qui peuvent mener à des collaborations académiques et professionnelles futures. Un étudiant participant au programme Fulbright pourrait, par exemple, établir des contacts avec des chercheurs de premier plan, facilitant ainsi des partenariats de recherche entre les universités marocaines et américaines.
Il est à noter que de grandes personnalités marocaines ont bénéficié des programmes fullbright, citons, entre autres, Ahmed Reda Chami, DG du CESE. Pour maximiser l’impact de ces expériences sur le développement du Maroc, il est crucial d’encourager le retour des talents en mettant en place des incitations attractives, comme des programmes de réintégration offrant des opportunités de carrière intéressantes. Valoriser les compétences acquises à l’étranger dans le marché du travail marocain est également essentiel.
Les partenariats entre les étudiants de retour et les entreprises locales devraient être encouragés pour favoriser l’innovation et le développement. Par exemple, des initiatives comme le programme de retour des talents de la Fondation MASCIR (Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Research) aident les étudiants marocains formés à l’étranger à intégrer le marché local et à contribuer activement au développement scientifique et technologique du pays. Enfin, former et soutenir les étudiants de retour dans la création de leurs propres entreprises pourrait contribuer à la création d’emplois et à la croissance économique. On peut penser typiquement à des accélérateurs de startups portées par des membres de la diaspora.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO