Maroc
Officialisation de l’amazigh. Qui est responsable du retard ?

Le gouvernement vient d’être interpellé pour la énième fois par les parlementaires sur le retard dans la mise en oeuvre de l’officialisation de l’amazigh. L’Exécutif renvoie, comme à l’accoutumée, la balle au Parlement. Une grande responsabilité incombe au chef du gouvernement pour que le dossier soit débloqué au sein de l’institution législative au cours de cette session printanière.
L’officialisation de l’amazigh accuse un retard abyssal. Les groupes parlementaires de la majorité peinent à accorder leurs violons sur les amendements à introduire au projet de loi organique sur l’officialisation de l’amazigh avec le Conseil national des langues et de la culture marocaine, lesquels amendements sont au point mort au sein de l’institution législative depuis leur transfert par le gouvernement de Benkirane en septembre 2016. Le gouvernement qui a été interpellé à plusieurs reprises sur ce dossier au sein de l’hémicycle renvoie la balle au Parlement. Rien que lundi dernier, le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laaraj, a tenu à souligner que l’adoption des deux textes organiques était une responsabilité parlementaire. Une réponse loin de convaincre et de satisfaire l’opposition qui dégaine et tire contre la majorité qui n’arrive pas à parler de la même voix au sein de l’institution législative. Le chef du gouvernement est appelé à jouer son rôle de chef d’orchestre de l’alliance gouvernementale pour débloquer les dossiers en suspens avec à leur tête celui de l’amazigh. Malgré les multiples réunions marathon de la sous-commission parlementaire chargée d’examiner les deux projets de loi organique, le consensus semble difficile à atteindre. La semaine dernière, les deux groupes parlementaires de l’opposition (le PAM et l’Istiqlal) ont décidé de se retirer de cette sous-commission en raison des divergences entre les composantes de la majorité sur les amendements.
La polémique enfl e
Depuis le démarrage de leur examen au Parlement, ces textes suscitent une vive polémique. On s’attendait à ce que les projets ne passent pas comme une lettre à la poste mais cet «interminable» blocage n’était pas prévisible, selon nombre de députés. Cela fait environ un an et demi que la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants a achevé sa discussion et les deux textes devaient être adoptés lors de la précédente session printanière. Le processus classique d’adoption des projets n’a pas été respecté. Les groupes parlementaires aussi bien de la majorité que de l’opposition cherchaient en effet le consensus sur ces textes mais il s’avère difficile de trouver un terrain d’entente sur certaines questions de fond. Il s’agit notamment de l’utilisation de l’alphabet «tifinagh» dont les origines graphiques remontent à environ 5.400 ans avant J-C. Les députés sont divisés autour de cette question. Alors que certains tiennent en effet mordicus à la transcription tifinaghe, d’autres défendent bec et ongles l’adoption de la graphie arabe pour faciliter la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe qui pourrait piétiner en raison de la complexité du tifinagh. La graphie tifinagh, rappelons-le, est adoptée depuis 2004 comme caractère officiel de l’écriture de l’amazigh. L’IRCAM et les activistes amazighs tiennent à cet alphabet et rejettent «tout retour en arrière sur cette question». Le PJD a été, à plusieurs reprises, pointé du doigt par les activistes amazighs en raison de sa position «anti-tifinagh».
Comment sortir de l’impasse ?
Certains députés de la majorité plaident pour la nécessité de ne faire aucune mention de l’alphabet dans le projet de loi organique. C’est au niveau des textes d’application que la question devrait être tranchée mais cette option risque de retarder davantage la mise en oeuvre de l’officialisation de l’amazigh. Par ailleurs, les parlementaires sont très attendus par les activistes amazighs pour clarifier noir sur blanc nombre de questions afin d’assurer une implémentation fluide des dispositions des textes après leur entérinement par le Parlement, à commencer par le renforcement de l’équité entre les deux langues officielles en considérant l’amazigh en tant qu’une langue officielle de l’État comme le stipule le texte fondamental plutôt qu’une simple langue de communication dans les institutions et les administrations. Le projet de loi prévoit, certes, l’intégration de cette langue dans plusieurs secteurs (enseignement, législation, Parlement, médias et communication, culture, art, administration, services publics, justice). Néanmoins, on estime que cette intégration demeure trop globale et que l’utilisation de l’amazigh reste cantonnée dans la communication avec les citoyens alors que les autres volets (procédures, documents, papiers administratifs…) sont totalement marginalisés. Au niveau de l’enseignement de l’amazigh, des précisions sont à introduire au texte. Le caractère obligatoire dans la mouture initiale du texte ne concerne que le cycle primaire sans précision pour le collège, le lycée et l’université. Toutefois, il n’est pas sûr que le gouvernement accepte une telle proposition d’amendement car la généralisation de cet enseignement à tous les cycles n’est pas une mission de tout repos à court terme. Elle nécessite, en effet, la formation de ressources humaines qualifiées ainsi que d’importantes ressources financières.
Certains députés de la majorité plaident pour la nécessité de ne faire aucune mention de l’alphabet dans le projet de loi organique. C’est au niveau des textes d’application que la question devrait être tranchée mais cette option risque de retarder davantage la mise en oeuvre de l’officialisation de l’amazigh. Par ailleurs, les parlementaires sont très attendus par les activistes amazighs pour clarifier noir sur blanc nombre de questions afin d’assurer une implémentation fluide des dispositions des textes après leur entérinement par le Parlement, à commencer par le renforcement de l’équité entre les deux langues officielles en considérant l’amazigh en tant qu’une langue officielle de l’État comme le stipule le texte fondamental plutôt qu’une simple langue de communication dans les institutions et les administrations. Le projet de loi prévoit, certes, l’intégration de cette langue dans plusieurs secteurs (enseignement, législation, Parlement, médias et communication, culture, art, administration, services publics, justice). Néanmoins, on estime que cette intégration demeure trop globale et que l’utilisation de l’amazigh reste cantonnée dans la communication avec les citoyens alors que les autres volets (procédures, documents, papiers administratifs…) sont totalement marginalisés. Au niveau de l’enseignement de l’amazigh, des précisions sont à introduire au texte. Le caractère obligatoire dans la mouture initiale du texte ne concerne que le cycle primaire sans précision pour le collège, le lycée et l’université. Toutefois, il n’est pas sûr que le gouvernement accepte une telle proposition d’amendement car la généralisation de cet enseignement à tous les cycles n’est pas une mission de tout repos à court terme. Elle nécessite, en effet, la formation de ressources humaines qualifiées ainsi que d’importantes ressources financières.