Maroc

Modèle économique : le salut de Mélilia passe par le Maroc

Quel modèle devrait adopter l’enclave pour garantir sa prospérité économique et surtout se “libérer” du poids du royaume dans son tissu économique ? C’est la question sur laquelle s’est penché un collectif de spécialistes incluant des chercheurs universitaires, des patrons d’entreprises et les autorités publiques de l’enclave. Intitulée «Plan stratégique Mélilia 2029», cette rencontre de réflexion devrait inspirer les rédacteurs de la prochaine feuille de route économique de l’enclave durant la prochaine décennie. Le dilemme posé aux intervenants, durant ce débat, concerne la sempiternelle question ayant trait à l’intégration de l’espace douanier européen et aux conséquences de cette adhésion sur les relations de voisinage avec le Maroc.

De fait, les autorités de Mélilia veulent le beurre et l’argent du beurre. L’intégration de l’espace douanier européen comprend une série d’avantages, certes, pour l’enclave, mais aussi une liste assez fournie d’inconvénients. À commencer par la perte du statut fiscal spécial dont le préside occupé bénéficie, tout comme Sebta. Concrètement, cette transition signifie la perte de l’IPSI, une taxe spécifique réduite, collectée par le gouvernement local. Or, une intégration de l’espace douanier communautaire signifie le passage à la TVA, dont les recettes vont directement aux caisses de l’État central. L’enclave perdrait donc une source importante de revenus.

De même, cette transformation du statut engendrerait une hausse vertigineuse du coût de la vie dans le préside. À cela s’ajouterait la perte de l’“autonomie fiscale”, par conséquent, l’Exécutif local aurait les mains liées pour mettre en pratique sa “politique économique”. D’où cette hésitation à sauter le pas. Et ce n’est pas tout. La décision pourrait donner lieu à des tensions politiques avec le Maroc. De fait, certains experts ont mis en garde contre cette adhésion, laquelle pourrait porter préjudice aux relations de voisinage entre le royaume et le préside. Dans son intervention, Maria Dolores Rodriguez Mejias, la consultante auprès des Îles Canaries chargée des entreprises exportatrices, a indiqué que “si l’ambition des autorités marocaines est de développer cette région orientale, tout changement du statut douanier de l’enclave serait une source de tension avec les autorités marocaines”, croit-elle savoir. D’autres intervenants ont mis l’accent sur l’urgence de rouvrir la douane commerciale, ce qui serait plus judicieux qu’une adhésion à l’espace douanier européen. De même, ces réflexions ont permis de revoir certaines alternatives avancées auparavant pour contourner la fermeture de la douane marocaine, comme celle de rediriger les flux commerciaux vers l’Algérie. Pour les experts, cette hypothèse n’est pas pratique. En revanche, l’on a parlé de la création de la Zone spéciale Mélilia. Une sorte de zone franche pour “promouvoir le développement économique et social de la ville à travers l’attrait des entreprises à Mélilia”, propose-t-on. Il s’agit en quelque sorte de calquer le modèle que souhaite développer le royaume dans cette région.

Pour attirer ces firmes, Mélilia propose l’application d’un taux d’imposition de 4% aux entreprises qui y sont installées, assorti d’une large liste d’exonérations fiscales. Seulement, la mise en place d’une zone franche dépend du feu vert de la Commission européenne qui devrait autoriser le projet. Or, celle-ci se veut rigoureuse à l’heure de délivrer ce genre d’autorisation. Anticipant le succès du prochain terminal portuaire Nador-West Med et l’incapacité de la ville à faire face à ce nouveau mastodonte, les experts préconisent un modèle économique basé sur l’attrait des entreprises dédiées au secteur de la technologie et du digital. Par ailleurs, tous les intervenants ont été unanimes à relever l’importance de préserver les relations économiques et commerciales avec le royaume. En somme, le salut économique de Mélilia passe par le Maroc. 

Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco



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