Maroc

Modèle de développement : Les concertations bientôt lancées

Le gouvernement va bientôt lancer les concertations sur la révision du modèle de développement qui a montré ses limites. Les priorités ne sont plus axées sur les infrastructures, mais plutôt sur les secteurs sociaux notamment l’emploi, l’enseignement et la santé.

Le gouvernement est très attendu sur le dossier de la révision du modèle de développement. L’accélération de la cadence s’avère une nécessité pour le Maroc qui aspire à rejoindre le club des pays émergents. L’Exécutif compte lancer, le plus tôt possible, les concertations avec toutes les forces vives de la Nation, dont les parlementaires et les experts, en vue de réviser le modèle de développement. C’est en tout cas ce qu’assure Mohamed Boussaid, ministre de l’Économie et des finances. L’heure est à la réorientation des priorités qui ne devront plus être axées sur les infrastructures bien que certaines régions connaissent encore un manque criant en la matière. «La priorité devra être accordée aux secteurs sociaux : l’emploi, l’enseignement et la santé. Cela permettra de renforcer la cohésion sociale», selon l’argentier du royaume. L’idée est de garantir un accès équitable aux services de base à tous les citoyens que ce soit en milieu urbain ou rural. La réflexion devra porter sur la production, l’impact de la croissance sur l’économie et la création de la richesse et la manière de distribuer la richesse. L’élaboration du nouveau modèle de développement risque de prendre du temps, comme le souligne Bossaid : «On ne peut pas le ficeler du jour au lendemain. Même sa mise en œuvre et l’élaboration des orientations nécessiteront du temps».

Nouvelles orientations
Le Maroc sera-t-il contraint de mettre fin complètement au modèle actuel qui souffrent de nombre d’insuffisances ? Alors que certaines voix appellent à mettre sur les rails de nouvelles orientations totalement différentes de celles en vigueur, le ministre de l’Économie et des finances estime que le modèle économique actuel nécessite juste d’être enrichi. Les défis ne peuvent être relevés qu’en redressant les dysfonctionnements qui minent le développement au Maroc. Les limites sont déjà diagnostiquées par aussi bien les experts que le gouvernement. En tête, figure la croissance à faible contenu en emplois. En effet, l’impact du taux de croissance sur la création de l’emploi au Maroc a baissé considérablement passant de 30.000 postes par point de croissance à 10.500 entre les périodes 2000/2008 et 2009/2017, selon le Haut-commissariat au plan. Il faut aussi analyser la faiblesse de l’impact des investissements publics sur la création d’emplois. Une autre défaillance à corriger: les inégalités entre hommes et femmes dans le marché du travail. Les femmes gagnent moins que les hommes. Pire encore, leur taux d’activité régresse au fil des années passant de 28,1% en 2000 à 23,6% en 2016, contre 70,8% pour les hommes, soit un écart de plus de 47,2 points. Un autre constat est, on ne peut plus, alarmant : les femmes sont essentiellement embauchées dans les secteurs à faible productivité et dans des activités peu valorisantes. Elles occupent des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés. Outre l’emploi, le modèle de développement actuel souffre de la faible compétitivité des exportations en dépit des accords de libre-échange. Le déficit commercial peine à se résorber. Le Maroc est ainsi appelé à déployer de grands efforts pour pouvoir tirer pleinement profit des opportunités offertes par les accords de libre-échange. Le pays doit encore rattraper un écart en matière de compétitivité par rapport aux autres pays.

L’innovation à soutenir
L’OCDE relève que certes, les exportations marocaines sont diversifiées, mais elles présentent relativement peu d’avantages comparatifs pour s’imposer dans le contexte international. Aussi est-il recommandé de soutenir l’innovation pour que le Maroc puisse accroître sa compétitivité, ses exportations et l’investissement. Par ailleurs, il faut faire face au grand déficit en capital humain. Le secteur de l’enseignement reste, en effet, marqué par nombre d’insuffisances. La réforme escomptée connaît un retard abyssal qui déteint non seulement sur l’avenir des enfants, mais aussi sur le marché de l’emploi et la compétitivité de l’économie marocaine. L’accès à l’éducation reste encore marqué par de profondes inégalités. Par rapport à des pays de niveau de développement similaire, le niveau de formation au Maroc demeure faible. Le Maroc est appelé à agir aussi sur le volet de la gouvernance à travers notamment une mise en œuvre intelligente et efficace de la stratégie de lutte contre la corruption. La convergence escomptée entre tous les secteurs n’est pas en reste. Le royaume gagnerait à avoir une vision unifiée du développement. À cet égard, rappelons que l’OCDE plaide pour l’adoption d’un document d’orientation de politique générale à long terme pour pouvoir déterminer et prioriser les objectifs à atteindre, et ainsi fédérer et arbitrer entre les différentes stratégies sectorielles. Les grandes orientations stratégiques doivent être traduites de façon détaillée en termes d’objectifs et de priorités.



Dépenses fiscales : l’impossible compression !


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page