Maroc

«Les opérateurs touristiques d’Agadir doivent proposer une offre dédiée aux Russes»

Samir Soussi Riah : Directeur de l’ONMT en Russie et la Communauté des États indépendants

Les Inspirations ÉCO : Après plus d’une année de recul, les touristes russes sont de retour à Agadir avec 21.998 ressortissants cumulés durant les huit premiers mois de cette année, contre 5.327 en 2015. Comment évaluez-vous l’évolution de ces flux ?  
Samir Soussi Riah :  Les flux russes sont de retour à Agadir et la destination a enregistré une bonne année à l’issue de plusieurs opérations, dont la campagne de communication sur l’ensemble des canaux, réalisée pendant trois mois en Russie, en plus de l’organisation de voyages de presse, de roadshows et bien d’autres, ce qui explique ces résultats positifs. Néanmoins, il faut maintenir ce rythme de travail pour promouvoir la destination Maroc en général et Agadir en particulier, parce qu’elles sont encore méconnues des Russes. À cet égard, il faut disposer d’une stratégie à long terme, minimum trois ans, pour installer l’image de marque Maroc en Russie afin d’atteindre, d’ici deux années, près de 200.000 touristes, ce qui n’est pas un grand nombre par rapport à l’ampleur de ce marché et ce que font les autres destinations comme la Turquie et l’Égypte.

Vous avez participé au panel dédié au tourisme lors du Forum Maroc-Russie, à Agadir (leseco.ma). Quelles sont les conclusions tirées de cette rencontre ?
Effectivement, plusieurs points ont été abordés avec les professionnels d’Agadir, dont la mise en place d’une stratégie à long terme et au moins deux à trois vols charters pour booster davantage le marché russe en période hivernale surtout avec l’opérationnalisation de la destination turque et l’ouverture prochaine de l’Égypte. C’est pourquoi, il faut à mon avis, multiplier les efforts. Aujourd’hui, on a une proposition des TO russes et on attend le feedback des professionnels d’Agadir sur le plan de la politique tarifaire avec un appui habituel de l’ONMT sur le plan co-marketing. J’espère que les discussions menées donneront des résultats concrets d’ici deux à trois mois, surtout pour le volet aérien.

Avec le déblocage de la situation entre la Russie et l’Égypte en plus de la Turquie, est-ce qu’il y aurait des répercussions sur l’évolution actuelle des flux russes à Agadir ?
Je ne pense pas. La destination Maroc est un produit qui diffère complètement des pays précités. En principe, le royaume est une destination d’excursions et le balnéaire, qui est le produit favori des Russes, est marqué par des conditions climatiques favorables, surtout à Agadir où il fait beau pratiquement toute l’année. Ce qui n’est pas le cas en Turquie ni même en Égypte. Le Maroc jouit encore de produits de niche qui ne sont pas encore exploités, notamment le golf, le surf, le spa et bien d’autres, d’où la nécessité de les développer. De plus, même avec la présence de la Turquie et l’Égypte, la destination Agadir a attiré des flux entre 2010 et 2013 qui sont certes incomparables avec le nombre cumulé par la Turquie et l’Égypte. Cependant, le Maroc dispose de sa propre clientèle et il faut démarcher davantage et proposer une offre réelle de la part des professionnels d’Agadir pour augmenter le nombre de flux surtout en hiver.

Le principal obstacle pour le développement des flux russes est l’aérien qui rend le package marocain cher par rapport aux autres destinations. Est-ce que cette question sera résolue, à court terme ?
Si on avait la possibilité de mettre plusieurs vols réguliers et directs par notre compagnie nationale sur Agadir, ça sera le meilleur scénario possible en termes de stabilité de ce marché, mais on est toujours dépendants des Turcs et de leurs vols charters.

Est-ce que le package  est compétitif par rapport aux destinations avoisinantes ?
Durant cette période estivale, la Tunisie a profité de la conjoncture, notamment la fermeture de l’Égypte et la Turquie en attirant plus de ressortissants russes. Le package d’une semaine avec la formule All Inclusive (tout compris) oscille entre 200 à 250 dollars en Tunisie, alors que le billet d’avion au Maroc qui n’est loin de la Tunisie qu’à une heure et demi coûte pratiquement le double. Ce qui rend l’offre marocaine, différente en termes de positionnement, chère par rapport à cette destination maghrébine.

Par rapport au package proposé aux Russes, quel est le feedback des professionnels de la destination Agadir ?
Selon les professionnels, la clientèle russe est différente des années précédente sur le plan des dépenses touristiques et de pouvoir d’achat. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que la crise économique est maintenue en Russie. Chiffres à l’appui, 60% des Russes ont passé leurs vacances en interne, mais malgré cette conjoncture, le Maroc a amélioré ses flux russes à hauteur de 30%. Ces flux préfèrent le balnéaire, car près de 80% préfèrent ce segment que ce soit en Turquie, en Égypte, à Chypre ou en Grèce. Le reste opte pour le culturel et d’autres types de tourisme. Pour le package, on attend le retour des professionnels d’Agadir.

L’ONMT prévoit-il une autre campagne de communication pour promouvoir l’image Maroc en Russie ?
Effectivement. Une autre campagne est prévue durant les mois d’octobre et novembre. J’espère qu’elle sera la continuation de la première partie. Avec le lancement prévu des vols charters, nous prévoyons l’amélioration des résultats sur le marché russe.

En dehors d’Anex Tour et Coral, est-ce qu’il y a d’autres TO qui s’intéressent à la destination Maroc en général et Agadir en particulier ?
Pour le moment, Anex Tour et Coral programment la destination Agadir, respectivement pour les 3e et 5e années. Il y a d’autres TO qui attendent l’opportunité pour commercialiser la destination Maroc. Il faut davantage les démarcher et proposer de meilleures conditions pour les inciter à programmer la destination Maroc. 


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