Maroc

«Les montants d’investissement ont augmenté de 10%»

Khalil Nazih, directeur du CRI Souss-Massa

Vous venez de dresser votre bilan d’investissement, quelle lecture faites-vous des principaux indicateurs ?
Cette année est un exercice particulier dans la mesure où le CRI dresse un nouveau bilan d’investissement dans le cadre du nouveau découpage régional après le transfert de quatre provinces (Ouarzazate, Tinghir, Zagora et Sidi Ifni) à d’autres territoires et l’intégration de Tata à la Région Souss-Massa. De ce fait, si on compare le bilan de cette année avec celui de l’année précédente, ça ne sera pas juste. Tout d’abord, parce que la province de Tata est sous-investie alors que les quatre provinces transférées sont connues par leur potentiel minier avec le nombre de dossiers traités chaque année. De plus, durant le second semestre de l’année 2016, le ministère de tutelle a suspendu l’examen des demandes minières, à cause de la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire, d’où la baisse constatée, en termes de nombre de projets miniers. Mais en termes du montant d’investissement et si on exclut la validation de la 2e et de la 3e phases du projet solaire de Ouarzazate «Noor1» et «Noor2», nous avons enregistré une augmentation de l’ordre de 10% des montants d’investissement avec la validation de 250 projets qui ont mobilisé 3 MMDH.

Quels sont les secteurs qui ont attiré les intentions d’investissement cette année ?
Compte tenu de la vocation touristique de la région, c’est le secteur touristique et de loisirs qui a capté les intentions d’investissement durant l’année 2016, au niveau de la Région Souss-Massa. Donc, c’est le premier employeur et investisseur grâce au lancement des unités hôtelières, en front de mer, à la station de Taghazout. De plus, les projets d’hébergement et d’animation touristiques, validés au cours de l’année 2016, représentent plus de 55% du total des investissements. Le secteur des services, quant à lui, occupe la deuxième position, alors qu’il est suivi du commerce qui représente 11% du total des investissements engagés. Par contre, pour la création d’entreprises, nous avons enregistré une baisse, notamment en termes de personnes physiques (individuelles). Au delà du découpage administratif, le statut de l’auto-entrepreneur a attiré plusieurs entrepreneurs, ce qui explique ce recul.

Pourquoi, le climat des affaires au niveau de la région, est-il perçu comme étant désavantageux ?
Nous avons une région qui est en phase de transition avec le chantier de la régionalisation avancée. Bien évidemment avec de nouveaux moyens et attributions, mais également une nouvelle charte d’investissement qui n’existait pas avant. Nous avons également des difficultés conjoncturelles et structurelles comme la rareté du foncier qui pose problème. Le peu de foncier qui reste au niveau de la région est à dominance forestière et il est très difficile de le mobiliser. La région souffre également du déficit hydrique. Et bien qu’on soit la première région exportatrice des fruits et légumes, on a du mal à exporter, dans ces conditions conjoncturelles, notre marchandise vers de nouveaux débouchés. Une fois les données conjoncturelles seront levées et avec la mise en application de la charte d’investissement, le PDR ainsi que le PAC, je pense que le climat des affaires sera plus favorable et attractif. L’autre point et non pas des moindres, est la question des procédures administratives. Il faut que l’administration soit plus souple pour accompagner l’investisseur.

Où en est le Comité régional de l’environnement des affaires (CREA) et pourquoi ce retard ?
Nous avons tenu la première réunion devant madame le wali de la Région et avons décidé de mettre des commissions pour travailler sur chaque secteur avec la CGEM et le collectif des chambres professionnelles. D’ici peu temps, les résultats de ces commissions seront divulgués dans le cadre d’une réunion du CREA et son plan d’action.

Quels sont les chantiers prioritaires pour les années à venir ?
Le CRI-SM œuvre actuellement pour l’optimisation des délais de traitement des dossiers d’investissement et de création d’entreprises, pour répondre davantage aux demandes de ses visiteurs. Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires et institutions régionales sur la dématérialisation de la procédure de création d’entreprises et le suivi des dossiers d’investissement ainsi que l’accompagnement de la réalisation de la zone franche, prévue dans notre région en plus des zones logistiques et l’Agropôle.

Qu’en est-il de la nouvelle charte d’investissement ?
Cette nouvelle charte d’investissement qui est sur les rails va permettre d’accompagner la dynamique de croissance consolidée par le Plan d’Accélération Industrielle (PAI). A cet égard, cinq nouvelles mesures-phares de soutien marquent ce nouveau projet. La première porte sur l’instauration d’un taux d’Impôt sur les sociétés (IS) de 0% pendant cinq ans pour les futures unités industrielles. L’objectif est de développer l’industrie nationale et permettre aux petites et moyennes entreprises de devenir «banquables». Pour les sociétés qui exportent, la nouvelle charte, qui devrait remplacer celle adoptée en 1995, prévoit la création d’au moins une zone franche par région avec l’octroi du statut de «zone franche», aux grandes Industries exportatrices. Ce qui permettrait de mieux répartir les investissements sur le territoire. Autre mesure phare, le statut «d’exportateur indirect», pour les sous-traitants, qui était une vraie demande émanant des entreprises. La quatrième mesure porte sur un pack d’incitations au profit des régions les moins favorisées pour dynamiser l’investissement alors que la dernière prévoit une restructuration totale des activités de promotion de l’investissement sous la houlette d’une agence centralisée. 



PLF 2026 : cap sur l’investissement et l’inclusion


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page