«Les élèves du bac pro nécessitent une mobilisation permanente»

Le titre de l’interview de Ali Allouch, publiée dans notre édition du 17 février (page 5) a été remplacé par erreur. Pour rectifier le tir, nous republions l’intégralité de l’entretien avec le titre initial. Un entretien dans lequel le chef de la division de l’enseignement technique et de l’organisation de l’enseignement des CPGE et du BTS au ministère de l’Education nationale précise que le baccalauréat professionnel devra évoluer au fil des années. Le nombre des élèves est, d’ailleurs, passé de 148 en 2014 à 14.000 en 2016/2017.
Les inspirations ÉCO : Comment qualifiez-vous le partenariat avec l’OFPPT ?
Ali Allouch : Le partenariat avec les opérateurs de formation, notamment l’OFPPT, est très bénéfique pour le système d’éducation et de formation de notre pays, sachant qu’à travers une mutualisation des ressource matérielles et humaines, ce partenariat permettra d’instaurer une collaboration basée sur le partage et l’exercice synchronisé des responsabilités, entre les structures d’enseignement général, d’enseignement technique et de formation professionnelle, permettant la mise en commun et l’exploitation optimale des équipements, des laboratoires, des ateliers et de l’encadrement disponibles. Il s’agit aussi de la mise en place, de manière progressive en tenant compte de la distribution et de la capacité d’accueil des établissements, de réseaux d’éducation et de formation, basés sur des conventions et des cadres réglementaires précis, organisant et répartissant les rôles pédagogiques. Ces réseaux auront fondamentalement pour but de confier, autant que possible, les enseignements scolaires, théoriques ou académiques, aux établissements d’enseignement général et les travaux d’ateliers pratiques aux établissements d’enseignement professionnel.
Quel regard portez-vous sur l’intérêt porté par les lycéens aux filières professionnelles ?
Il faut en premier lieu partir du constat suivant : le système d’éducation et de formation présente des fragilités marquées, entre autres, par l’inexistence de passerelles de la formation professionnelle vers l’enseignement général et de la persistance du phénomène de déperditions scolaires et de nombre d’abondons sans diplôme. Ainsi, la mise en place du bac pro permettra de contribuer à une meilleure intégration des composantes du système éducatif (générale et professionnelle), renforcer le rapprochement entre le système d’éducation et de formation et le marché du travail, d’étendre et de valoriser davantage la voie professionnelle dans le système d’éducation et de formation. Il permettra aussi d’ouvrir aux diplômés de la voie professionnelle les possibilités de poursuite d’études et de formations secondaires et supérieures. Cependant, les élèves qui optent pour les filières de bac pro, bien qu’ils soient motivés pour ce type d’enseignement, nécessitent une mobilisation permanente pour leur fournir toutes les clarifications nécessaires concernant les perspectives d’insertion dans l’enseignement supérieur ou dans la vie active pour chaque filière.
Quelle est la situation en matière de corps enseignant ?
L’enseignement des matières générales est assuré au sein des lycées par les enseignants de l’Éducation nationale. Quant à l’enseignement des matières professionnelles, il est assuré au sein des établissements de la formation professionnelle par les formateurs des différents opérateurs de formation. Les équipes pédagogiques doivent avoir des espaces de concertation et d’échanges malgré le fait que leurs interventions éducatives et de formation se déroulent dans des lieux différents. Les conseils de classe sont des moments privilégiés pour ces échanges et également les réunions régulières de coordination des chefs d’établissements (Lycée et institut ou centre de formation).
Quelles sont les perspectives de développement du baccalauréat professionnel ?
Le Maroc connaît ces dernières années un développement économique caractérisé par des choix et des orientations stratégiques touchant différents secteurs (Maroc vert, Plan azur, Plan halieutes, Émergence, Offshoring, etc.) et par la valorisation de plusieurs domaines et secteurs industriels (aéronautique, industrie automobile, énergies renouvelables, etc) qui nécessitent des cadres techniques, de middle management et une main-d’œuvre qualifiée. L’inadéquation persistante entre l’enseignement et le marché du travail fait que le chômage (particulièrement des diplômés) relève d’un caractère endémique. À cet effet, d’une part, la volonté politique s’est exprimée par l’intégration dans un même département de l’Éducation et de la formation professionnelle dans le dernier gouvernement et la volonté de s’attaquer ensemble à ces problèmes et de prendre les mesures qui s’imposent. Et d’autre part, la mise en œuvre par le ministère de la vision stratégique 2015-2030 à travers la mise en place de mesures prioritaires. Cette vision vise à insérer les jeunes dans la vie active par l’acquisition de compétences et de bonnes aptitudes professionnelles, offrir une formation professionnelle au niveau du cycle qualifiant et ouvrir aux jeunes de nouvelles perspectives d’avenir par la mise en place de filières de formation adaptées à leurs besoins ainsi qu’à assurer aux jeunes diplômés de la formation professionnelle l’évolution vers des formations supérieures. Ainsi, l’élargissement du bac pro évoluera au fur et à mesure pour répondre aux attentes de notre société en cadres et main-d’œuvre qualifiée dans différents métiers. En témoigne déjà, le nombre des élèves inscrits dans les filières bac pro qui est passé de 148 en 2014 à 14.000 en 2016/2017.