Maroc

Le taux de chômage est-il sous-estimé ?

Dans un sondage online exclusif de Flm pour «Les Inspirations ÉCO», il ressort qu’une majorité juge que le taux de chômage de 9,7% en 2015 est sous-estimé. Sans croissance économique robuste, toute diminution structurelle du chômage paraît difficile.

68% des 429 internautes ayant répondu à la question posée par Flm ont jugé que le taux de chômage au Maroc de 9,7% est sous-estimé alors que 32% trouvent ce taux plutôt pertinent. Les internautes qui ont répondu par l’affirmative ont plutôt raison, même si la sous-estimation ne provient pas d’une volonté politique ou d’une erreur statistique, mais du fait que le taux de chômage de 9,7% est une moyenne qui repose sur plusieurs hypothèses ou constantes statistiques. D’ailleurs, c’est le HCP lui-même qui nous fournit ces chiffres, reflétant un taux de chômage réel certainement plus important. Aussi, selon le Recensement général, le taux de chômage est de 15,7%. Ainsi, le chômage est mécaniquement diminué par le faible taux d’activité de 47,4%. À titre d’exemple, le Maroc connaît un faible taux d’activité des femmes (14,7% seulement). Aussi, la part des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (NEET) est de 27,9% au niveau national, dont 45,1% parmi les jeunes femmes. Le deuxième point est celui du taux de chômage en milieu rural qui n’est que de 4,1%, grâce à la comptabilisation des emplois non rémunérés, dans le cadre des exploitations agricoles familiales. En milieu urbain, le taux de chômage est de 14,6%, soit un niveau proche des données du Recensement général.

Un observatoire pour trancher
Le troisième point est celui de la vulnérabilité ou de la pénibilité des emplois comptabilisés. Ainsi, selon le HCP, 62,9% des salariés ne bénéficient pas de contrat de travail, 89,4% de ces salariés relevant du secteur des BTP. De même, 79,4% des actifs ne bénéficient pas de couverture médicale. Aussi, 41,4% des actifs occupés effectuent une durée de travail excessive (plus de 48h par semaine). Notons enfin que ceux qui trouvent que le taux de chômage de 9,7% est pertinent ont aussi raison. En effet, en matière statistique, il faut bien trancher certains points (ex : l’emploi en milieu rural) et poser certaines hypothèses pour aboutir à des chiffres concrets. Ces chiffres sont souvent à analyser en dynamique et/ou à retraiter en fonction des objectifs. D’ailleurs, la création de l’Observatoire national du marché du travail, notamment suite aux recommandations des instances internationales, vise à réconcilier les deux visions du taux de chômage avec une lecture des données des enquêtes dans le but de lutter contre le chômage. 


 

Farid Mezouar
Directeur de FL Markets

Les ÉCO : Pourquoi le chômage persiste-t-il à un niveau élevé ?
Farid Mezouar : Les chiffres sont encore mauvais avec 8,6 millions d’analphabètes ainsi que 45% des plus de 25 ans sans niveau d’instruction. Au niveau urbain, seuls 26,2% des adultes ont un niveau minimum d’études secondaires. 1,35 millions de Marocains sont handicapés dont près de la moitié a moins de 60 ans. Plusieurs secteurs créateurs d’emplois (ex: Offshoring, distribution moderne…) ont du mal à trouver les ressources adéquates. Seuls l’agriculture ou le BTP peuvent absorber des chômeurs avec une faible qualification.

Quelles pistes pour minimiser le chômage ?
Les solutions proposées par les pouvoirs publics, les instances internationales et le Millenium Challenge convergent vers les mêmes points. Il s’agit de la promotion de l’apprentissage et de la formation professionnelle ainsi que l’apprentissage des langues et des technologies de l’information. De même, l’élargissement de la mission de l’ANAPEC aux non-cadres participerait à la fluidification du marché du travail. Aussi, la promotion de l’auto-emploi gagnerait à être accompagnée par une déréglementation de certains secteurs. 


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