«Le Maroc peut contribuer à l’essor agricole du Rwanda»

Le secteur privé rwandais mise sur ses nouvelles relations avec les entreprises marocaines pour bénéficier d’un transfert d’expertise dans plusieurs secteurs, notamment l’agriculture et l’industrie du textile. Benjamin Gasamagera, son président, exprime ici les attentes du patronat rwandais.
Les Inspirations ÉCO : Comment se porte le climat des affaires au Rwanda ?
Benjamin Gasamagera : Le Rwanda est un pays en plein changement, ouvert au business sans limite. Le Rwanda se positionne toujours parmi les trois premiers pays africains en termes de facilitation des affaires, comme c’est le cas avec le Doing Business. Cela veut tout simplement dire que si vous lancez des affaires au Rwanda, vous bénéficiez d’un environnement d’affaires parmi les meilleurs de la région mais aussi du continent. L’économie rwandaise est pleine d’opportunités car en cours de transformation. Nous avons lancé le concept «Made in Rwanda», visant à encourager la production locale tout en opérant une transformation maximale des matières premières sur place et éviter de les exporter de façon brute.
Quels sont les secteurs porteurs de votre économie ?
L’industrie manufacturière offre de nombreuses opportunités. Nous sommes en train de construire plusieurs zones industrielles et je suis convaincu que les entreprises marocaines peuvent y contribuer. Elles peuvent non seulement participer à la construction, mais aussi venir installer leurs usines clé en main. L’agriculture figure également parmi les secteurs porteurs pour les investissements au Rwanda. Le Maroc dispose déjà d’une belle expérience dans le domaine agricole et réussit même à exporter sa production de fruits et légumes vers l’Europe. Vu le potentiel agricole du Rwanda, qui est un pays profitant énormément de la pluie, les entreprises agricoles marocaines, qui disposent déjà du savoir-faire, pourraient contribuer considérablement à rehausser le niveau de la production. Cela nous permettra de satisfaire aussi bien le marché rwandais que celui de la région est-africaine. Je tiens d’ailleurs à souligner que l’agriculture bio se développe ici et offre de belles perspectives de croissance.
Qu’en est-il du secteur du textile et de l’habillement ?
Le secteur du textile est en effet l’un des plus favorables aux investissements au Rwanda. Toute la région est-africaine lutte pour bannir les habits de seconde main. L’objectif est de construire une industrie du textile solide et digne de ce nom. Et sur ce point, je pense que l’expérience marocaine en la matière serait la bienvenue. La main-d’œuvre locale est très compétitive, et le gouvernement œuvre afin de minimiser les coûts des investissements.
Quelles sont vos principales attentes vis-à-vis de vos partenaires marocains ?
Tout d’abord, nous aimerions qu’à travers ce partenariat, nous parvenions à une plus grande capacité financière. Ensuite, nous visons à renforcer notre expertise en bénéficiant de l’expérience marocaine sur plusieurs plans, dans l’industrie textile mais surtout l’agriculture, sachant que le Rwanda est un pays qui dispose d’un potentiel agricole immense. Enfin, nous recherchons, à travers ce partenariat avec le Maroc, à faciliter les échanges et les investissements entre les deux pays. Nous accordons une attention particulière au développement des PME.
Qu’attendez-vous du Conseil d’affaires maroco-rwandais ?
Les accords concernant la création de ce conseil d’affaires ont déjà été signés entre les secteurs privés des deux pays. L’intérêt de ce conseil d’affaires permet de mener ensemble nos efforts. La Fédération rwandaise du secteur privé représente les intérêts de la communauté d’affaires du Rwanda, comme la Confédération générale des entreprises du Maroc le fait pour les Marocains. C’est donc bénéfique pour nos pays, en termes d’échanges d’informations, de détection des opportunités d’affaires et d’investissements, la plaidoirie, etc.
Quelles appréciations faites-vous de l’étape rwandaise, début avril dernier, de la mission d’affaires African Business Connect ?
Cet événement a connu une forte participation des entreprises des deux pays. Plus de 100 entreprises marocaines ont fait le déplacement à Kigali, et les hommes d’affaires rwandais sont également venus en masse. J’espère que les échanges et B to B entre les différents partenaires aboutiront à la conclusion de nombreux contrats. Je suis confiant car la BMCE Bank of Africa, qui a co-organisé la mission d’affaires African Business Connect, est déjà implantée sur le marché rwandais. Le secteur financier marocain est déjà engagé avec le marché rwandais. Les clients et hommes d’affaires rwandais s’habituent progressivement à travailler avec les banques marocaines. Cela sera certainement de nature à faciliter la concrétisation de projets entre les entreprises marocaines et rwandaises.
La connectivité logistique demeure un sérieux obstacle à la concrétisation de certains projets entre les deux pays. Que préconisez-vous ?
Je pense que le problème logistique sera résolu rapidement avec la montée du volume des échanges. S’il y a des affaires, la logistique va suivre. Le lancement d’une liaison aérienne ne s’improvise pas. Mais vu l’engouement des autorités, je peux confirmer que nous aurons bientôt des passerelles de connectivité entre le Maroc et le Rwanda.