Maroc

Label anti-Covid : Un marché lucratif ?

Six mois après le déconfinement général, le flux d’entreprises demandeuses du précieux label, certifiant le respect des mesures sanitaires Covid-19, se tasse. Selon les organismes de certification, ce nouveau marché ne parvient pas à combler la baisse des revenus de la certification et de la formation.

À la faveur de la crise sanitaire, l’on a vu fleurir un nouveau marché qui vient rassurer professionnels, usagers et parties intéressées (actionnaires, personnel, autorités, clientèle…) : celui des labels certifiant le respect des mesures sanitaires liées à l’agent biologique Covid-19. Pour permettre la continuité de leurs activités, les entreprises ont dû mettre en place des Plans de continuité d’activité (PCA). La mise en place de ces stratégies nécessite la validation ou confirmation d’une entité tierce qui permet de garantir leur efficacité. C’est à ce stade qu’intervient une pléthore d’organismes de certification, voire même d’organismes de nature différente, aux portes desquels se sont bousculées les entreprises au lendemain du déconfinement. «Aujourd’hui, le marché est à la peine. Il y a tout de même une demande émanant essentiellement d’entreprises orientées BtoC. Il s’agit notamment des banques ou encore des entreprises de restauration collective, cafés, grandes enseignes de fast-food comme Pizza Hut, Dominos, La Grillardière. S’y ajoutent les hôtels, laboratoires d’analyses, établissements scolaires, crèches…», explique Lilia Kriaa Lahlou, directrice générale d’Afnor Maroc.

Un marché lucratif ?
Pour les organismes de certification, ce nouveau marché n’est pas très important en termes de chiffre d’affaires, d’autant plus qu’il ne réussit pas à combler la baisse des revenus issus de la certification et de la formation. Chez Afnor, les deux activités voient leur chiffre d’affaires chuter respectivement de 40% et 70%. La mévente s’explique par le fait que le marché marocain n’est pas encore prêt pour la formation à distance. S’ajoute aussi le fait que la formation reste le cadet des soucis d’une entreprise en difficulté. Côté certification, la chute de revenus est amplifiée par des reports d’audits. En effet, beaucoup d’audits se sont vus reportés. Toutefois, pour les clients ayant souhaité les maintenir, plusieurs organismes ont mis en place des audits à distance. Actuellement, presque tous les audits d’Afnor se font à distance, sauf pour quelques référentiels techniques, comme l’ISO 22000 (agroalimentaire) qui nécessite un déplacement pour s’assurer de la conformité du système. Au début de la crise sanitaire, c’était plutôt les call centers qui se bousculaient au portillon des organismes de certification parce que l’État le demandait. Selon la dirigeante, les industriels ne se sont pas dépêchés d’obtenir le précieux sésame. Le manque d’affluence pourrait s’expliquer par le fait que beaucoup d’entreprises sont en arrêt de production. Depuis le début de la pandémie, Afnor a labellisé une vingtaine d’entreprises de différents secteurs, notamment des centres de relation client, laboratoires d’analyse, établissements scolaires, banques et spécialistes de la grande distribution. Chez Socotec, la demande provient aujourd’hui de la quasi-totalité des secteurs d’activité, avec une forte tendance des entreprises accueillant le public (hôtels, commerces…). «Le champ de labellisation couvre toutes les activités confondues, jusqu’aux plus spécialisées, telles que le secteur touristique», explique Jad Plateau, directeur du département Certification et formation chez Socotec, qui tient à lever toute confusion sur la nature de l’offre présente sur le marché. «Il y a lieu de différencier label et certification. Le marché propose dans sa totalité une offre de label «fait maison». Nous sommes le seul organisme à proposer aujourd’hui, en plus du label Covid-19 – et dans le cadre de cette crise sanitaire – une certification sur un référentiel de système de management du risque sanitaire pour la clientèle qui souhaite opter pour une démarche un peu plus engageante», nuance-t-il. Socotec a labellisé près d’une cinquantaine d’établissements et certifié trois grands groupes marocains sur son référentiel de système de management du risque sanitaire. Il s’agit notamment de TGCC pour les filiales construction et immobilier, Menara Holding pour les filiales Menara Préfa et Carrière, Transport Menara et Marmara Hotels, pour ses 4 établissements hôteliers. Cependant, rien ne filtre sur la taille de ce marché. Personne ne veut se prêter à l’exercice de l’estimation. En effet, à cette date, tout élément chiffré représente une source d’information utile pouvant bénéficier à la concurrence. Dans le secteur du tourisme, l’on a ainsi assisté à l’apparition de deux labels : All Safe chez les hôtels Accor, et Welcome Safely qui vient d’être lancé par le ministère de tutelle. Avec la promesse de renforcer la compétitivité des établissements d’hébergement touristique (EHT), tous les professionnels du secteur souhaitent se mettre en conformité. Cependant, combien peuvent engager les démarches pour obtenir ces labels, dans un contexte où les acteurs de petite et moyenne tailles affichent plusieurs mois d’inactivité ? La crise sanitaire induit de nouvelles habitudes de travail dans tous les secteurs d’activité. Chez les professionnels de la certification, la Covid-19 a imposé une adaptation du business model et la validation de procédures qui seront sûrement adaptées après la pandémie.

Pour ce qui est des perspectives, «le marché va évoluer vers des labellisations et des certifications de produits et de systèmes», soutient Lilia Kriaa Lahlou.

Modeste Kouame / Les Inspirations Éco


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