Maroc

«La performance du marché boursier devrait se maintenir»

Aida Mejjati Alami : Responsable Analyse et recherche chez Sogécapital Gestion (Groupe Société générale Maroc)

Les Inspirations ÉCO : Quelle lecture faites-vous de l’évolution des réalisations financières des sociétés du Masi en 2015 ?
Aida Mejjati Alami : Dans un contexte marqué par la poursuite de l’atonie de l’activité au niveau des branches non agricoles, dont la croissance s’est inscrite en tendance baissière de fonds au cours des trois dernières années, passant de +4,7% en 2012 à +3% seulement en 2015, les réalisations financières des sociétés cotées -hors Samir et Alliances dont les résultats n’ont pas encore été communiqués- ressortent plutôt bien orientées.

Cette croissance a été essentiellement drainée par la reprise des ventes des sociétés industrielles dont le chiffre d’affaires global inscrit une hausse de près de 6% à périmètre constant tirant amplement profit, d’une part, de l’orientation toujours positive du chiffre d’affaires des secteurs défensifs cotés, à savoir l’électricité (+20% à 9 MMDH), les Télécoms (impact périmètre positif) -effet de périmètre surtout- et de l’industrie agroalimentaire (+6% à près de 24 MMDH). Le retour au vert de la croissance des mines a également bénéficié aux résultats annules 2015, lesquelles ont su profiter tant de la hausse des volumes de production que de l’appréciation de la parité dollar/dirham. L’industrie automobile n’est pas en reste, puisque certains opérateurs ont vu leurs ventes s’élargir de près d’un milliard de DH en 2015, grâce à l’orientation positive des ventes des véhicules aux particuliers.

Toutefois, la capacité bénéficiaire de la cote industrielle, qui se hisse de près de 2% seulement avoisinant les 27 MMDH, a été partiellement freinée par la contraction de 4,3% du RNPG du secteur des Télécoms à 5,6 MMDH sous l’effet notamment de la poursuite de la baisse des prix du mobile dont l’ARPU recule de 5% pour avoisiner les 63 dirhams par mois ainsi qu’aux pertes relatives à l’activité en Afrique. Idem pour les immobilières dont les bénéfices nets reculent de 9%, s’inscrivant toujours dans une phase de restructuration financière.

Pour les banques, et dans une situation marquée par la légère progression des crédits bancaires de 2,7%, le PNB global augmente légèrement de 1%, plombé également par la non récurrence des résultats d’activités de marché. Par ailleurs et en dépit de la montée des créances en souffrance (+7% à 56 MMDH) en 2015, les bénéfices nets du secteur bancaire ont progressé de +5%, profitant de l’atténuation du coût du risque grâce à une politique de recouvrement plus agressive ainsi qu’à une gestion des risques anticipative.

Quel sera, selon vous, l’impact de l’évolution des agrégats des entreprises cotées sur les performances du Masi ?
L’impact de l’annonce des résultats globalement positifs des sociétés cotées a été observé au niveau des performances du Masi au fur et à mesure de la publication des résultats. En effet, au 23 mars 2016, le Masi a gagné près de 7,6% par rapport à fin 2015 à 9.600 points, soit son plus haut niveau historique, depuis août 2015. Par la suite, l’indice de toutes les valeurs cotées a observé un mouvement de prises de bénéfices marqué toutefois par de faibles volumes, établissant sa performance year-to-date à 4,5% au 31 mars 2016. Cette hausse est aussi la résultante du fait que, dans un contexte toujours incertain, les investisseurs préfèrent opérer un arbitrage en faveur des valeurs à dividend yield élevé, eu égard à la baisse récente observée sur les rendements obligataires. Cet élément semble, à mon avis, avoir influencé l’évolution du Masi au cours des dernières semaines au même titre que la réaction aux résultats, sans oublier l’impact positif de l’effet d’annonce de la date de la fusion Holcim-Lafarge, qui est prévue avant le troisième trimestre 2016.

Au vu des résultats publiés, ainsi que des chiffres de la croissance annoncée par les différents organismes de tutelle, quelles sont les perspectives pour le premier semestre 2016 ?
Compte tenu de l’ensemble des arguments que je viens de détailler, il en ressort que les perspectives du marché boursier, pour le premier semestre, devraient en principe être dictées, d’une part, par la cadence des détachements prévisionnels des dividendes des sociétés cotés et, d’autre part, par d’éventuels arbitrages à opérer par les investisseurs, institutionnels surtout dans un contexte marqué par une surabondance de la liquidité et un marché des taux qui connaît une baisse des rendements. Dans ce sens, je pense que la performance du marché boursier devrait se maintenir au niveau actuel durant le deuxième trimestre de 2016, voire baisser et ce, en fonction du rythme de reprise des cours post détachement de dividendes ainsi que de la situation sur les marchés monétaires et obligataires. 


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