Inondations : le warning “urbanistique” de Lydec
La ville de Casablanca connaît une forte croissance urbanistique qui va plus vite que la capacité de ses réseaux d’assainissement. Lydec appelle à l’actualisation des programmes d’investissements qui restent insuffisants pour accompagner le développement urbanistique de la ville.
Suite aux précipitations qui ont entraîné des dommages importants à Casablanca, et alors que le Conseil de la ville rejette la responsabilité sur la société délégataire, le management de Lydec a organisé une conférence de presse, mardi matin en son siège, pour faire la lumière sur les contours de ce dossier. L’objectif premier de cette rencontre était donc de présenter le plan de gestion de crise mis en place du 5 au 11 janvier, de dresser le bilan de ses actions et de présenter les investissements déployés dans le domaine de l’assainissement des eaux pluviales. D’emblée, Jean-Pascal Darriet, directeur général de Lydec, a insisté sur la sévérité de l’épisode pluvieux que la ville a traversé pendant la semaine dernière. En effet, les pluies enregistrées ont été caractérisées par leur forte intensité sur des durées courtes avec une hétérogénéité dans l’espace avec un maximum cumulé de 250 mm, enregistré du 6 au 11 janvier. «Cet événement pluvieux représente, à lui seul, 69% des pluies d’une année (pluviométrie moyenne 361 mm/an ; 218 mm en 2020). C’est beaucoup de précipitations en peu de temps, pour les capacités du réseau existant», a-t-il affirmé. Selon le management de Lydec, les débordements constatés sont essentiellement dus à la saturation des réseaux sur des points sensibles ne permettant pas d’absorber des pluies de forte intensité ainsi que des zones non encore équipées en réseaux d’assainissement pluvial.
Mobilisation maximale
Dans cette perspective, Lydec a assuré ne pas avoir lésiné sur les moyens humains et matériels pour faire face à la situation. Ce sont, en effet, près de 800 agents toutes catégories confondues ont été mobilisés 24h/24 sur le terrain des opérations et plus de 300 unités (matériel de toutes sortes ;
hydrocureuses, aspiratrices, camions mini-cureurs, pompes et motopompes, véhicules…) ont travaillé sur les différentes interventions relatives au réseau d’assainissement, ceci sans parler des 300 collaborateurs mobilisés en back office. «Le nombre des interventions a atteint, du 5 au 11 janvier, un record de 7.887 dont 85% achevées. Le Centre de relation clientèle a, depuis le 5 janvier, reçu 40.200 appels (le CRC reçoit en moyenne 57.500 appels par mois) et a renforcé sa capacité pour gérer le flux des demandes», a expliqué Saad Azzaoui, directeur des investissements, des études et des travaux au sein de Lydec. À noter que l’opérateur a également mis en place un dispositif de gestion de crise, activé au niveau du Centre de veille et de coordination de Lydec, opérationnel 24h/24.
La ville s’agrandit, mais pas le réseau d’assainissement
Le directeur des investissements, des études et des travaux chez Lydec a relevé par ailleurs, que la ville de Casablanca connaît une forte croissance urbanistique qui va plus vite que la capacité de ses réseaux d’assainissement. Il a ainsi évoqué plusieurs paramètres comme la requalification urbaine du centre-ville (passage de zones villas à des zones immeubles…), l’ouverture de nouvelles zones péri-urbaines (Errahma, Dar Bouazza, Médiouna, Bouskoura…) engendrant notamment un phénomène d’imperméabilisation des sols, mais aussi l’ouverture de nouvelles voies à la circulation non-encore équipées en réseaux d’assainissement pluvial. Résultat, le réseau d’assainissement pluvial doit être renforcé sur certaines zones sensibles objets de débordements. «L’ensemble de ces éléments n’ont pas pu être pris en considération dans la capacité d’investissement de la gestion-déléguée qui a été arrêtée pour la dernière fois en 2009 (avenant du contrat de gestion-déléguée)», déplore Saad Azzaoui. Afin d’identifier de nouvelles sources de financement de ces investissements, les parties prenantes doivent se mobiliser ensemble pour lancer, en particulier, les projets les plus prioritaires permettant de limiter le risque de débordements. En effet, et dans le cadre de l’élaboration du Plan de développement du Grand Casablanca, cette problématique a été partagée en septembre 2014 avec les autorités nationales et locales. «À cette occasion, il a été acté que les besoins d’investissements en assainissement pluvial à l’horizon 2027 s’élevaient à 15 MMDH environ», est-il expliqué. Une des solutions de financement avait fait l’objet d’une convention en septembre 2014, c’est l’harmonisation des périmètres de distribution de la gestion-déléguée qui, pour l’instant, n’a pas pu être mise en œuvre. En tous cas, depuis son démarrage en 1997, le gestionnaire-délégué a investi près de 26 MMDH, dont environ 45% dédiés à l’assainissement liquide qui ont permis de résorber de nombreux points d’inondations (le DCO qui a résorbé le point noir à El Fida, le bassin d’orage enterré de Derb Diwane à Aïn Chock…).
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco