Maroc

Inflation : les consuméristes et la suppression temporaire des taxes sur les produits de première nécessité

Face à la situation actuelle, marquée par une hausse spectaculaire des prix des denrées de première nécessité, les consuméristes montent au créneau. Ils proposent une série de recommandations susceptibles de soulager les ménages, durement éprouvés, durant ce mois de Ramadan. 

On se dirige sans doute vers un mois sacré de tous les records en termes de flambée des prix. Un sacré mois, en somme ! Pour vous situer un peu par rapport à la situation actuelle que vivent les ménages, nous vous renvoyons vers notre édition de la veille où il était question de la hausse ramadanesque des prix des produits de consommation. Que ce soit pour les légumes ou les fruits, tous les aliments consommés au quotidien sont devenus subitement inaccessibles, notamment dans les grandes villes où Ramadan rime avec pic de consommation. Le kilogramme d’oignon qui coûtait 10 à 12 DH, dans les banlieues de la métropole, est passé à 15 DH dès le premier jour de jeûne. Idem pour le prix des fraises qui avaient baissé à 8 DH le kilo. Aujourd’hui, ces fruits rouges sont proposés à 15 DH, soit près du double en l’espace d’une semaine.

Ce constat est de nouveau confirmé par les consuméristes, guère surpris par cette envolée quasi naturelle, renforcée, par ailleurs, par l’inflation post-Covid. Pour Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, nombre de ménages se trouvent démunis face à ces hausses, compte tenu de leur pouvoir d’achat très limité. Selon lui, le cumul des deux facteurs (mois de Ramadan et inflation post-Covid) est aggravé par un troisième. Il s’agit des intermédiaires qui viennent compliquer l’équation et le règlement du problème «pour un gouvernement aphone et timidement entreprenant». Selon lui, les prix sont déterminés par le marché en vertu de la loi de l’offre et de la demande (exceptés les produits subventionnés et réglementés). Quant au contrôle des prix, il est loin d’être une réalité. Ainsi, poursuit notre interlocuteur, le commerçant a le droit de vendre au prix qu’il veut et la loi ne lui impose que l’affichage. Ces pratiques faussent le jeu et contribuent à amplifier les marges des intervenants au détriment du consommateur.

«En effet, notre marché se caractérise par trois types de modes de distribution : le secteur organisé qui peut être maîtrisé, le secteur informel, qui échappe à tout contrôle et le secteur mixte (les souks), où coexistent les deux précédents. La complexité de ce mode de distribution rend l’intervention du gouvernement délicate par crainte de provoquer une rupture de l’offre avec les conséquences qui peuvent en découler», explique Kherrati.

Ce dernier reconnaît, toutefois, que les autorités ont déployé un certain nombre d’efforts avec, notamment, la subvention des transporteurs, la suspension provisoire de certaines taxes douanières (blé, huile et viandes) et de la TVA pour les viandes rouges et enfin le renforcement du contrôle du marché. Cependant, pour lui, à ce jour, «aucun impact de ces mesures, et plus particulièrement des deux premières, n’est ressenti par le consommateur», sauf «les subventions ‘‘séculaires’’ sur le sucre, le gaz butane et la farine subventionnée qui ont maintenu le consommateur loin de la crise». Face à cette situation difficile pour les ménages, durement éprouvés par la conjoncture post-Covid, il propose des solutions à court et moyen terme.

Pour ce qui est des solutions immédiates, il recommande une annulation des taxes et impôts pour tous les produits de première nécessité, pour une courte durée (mois de Ramadan). À moyen terme, il suggère de revoir la structure du marché national et de libérer toutes les régions du monopole de la plateforme de Casablanca où tous les prix seraient déterminés.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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